Le brasier sahélien maintenu en feu
Par Jeudi 14 Juin 2012 - Lu 601 fois
L'expérience afghane, somalienne et libyenne laisse supposer qu'il n'y aura pas d'intervention étrangère au nord du Mali quoique tout semble militer pour une telle initiative.
Le nord du Mali est devenu le souci partagé des notes sécuritaires des pays de la région et des puissances occidentales. Plus rien n'est comme avant au nord du Mali, où il y a une foultitude de groupes terroristes, outre le Mouvement indépendantiste, qui se disputent le terrain. Entre-temps, l'on craint le pire à Bamako avec l'anarchie institutionnelle qui persiste. Pour de nombreux analystes, le décor chaotique qui est bien planté est voulu et sera maintenu. «Le brasier sahélien sera maintenu en feu. Car, il répond à des desseins géostratégiques arrêtés au préalable par des puissances extérieures», a soutenu Ben Djana Ben Amoueur, spécialiste des questions sécuritaires. Selon lui, quoique certaines voix font écho à une éventuelle intervention au Mali, il reste que l'expérience afghane, somalienne et libyenne laisse supposer qu'il n'y aura pas d'intervention étrangère au nord du Mali quoique tout milite pour une telle initiative. Pour ce spécialiste, même les pays voisins, regroupés au sein de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), encouragés par la France du temps de Sarkozy, ne sont pas en mesure d'intervenir (militairement) au Mali, même s'ils parviennent à avoir un mandat des Nations unies, les autorisant d'y envoyer des troupes. Car, explique-t-il, ceux qui ont vu la rébellion et les groupes terroristes à l'oeuvre doutent, d'une part, de la capacité de soldats venant de pays subéquatoriaux à s'adapter aux rigueurs du climat saharien. Et de l'autre, même le nombre de soldats, estimé entre 2 000 à 3 000, demeurera insuffisant à faire face à des groupes terroristes bien équipés et éparpillés à travers tout le nord du Mali dont ils connaissent les moindres coins et recoins. Mais aussi contre le Mouvement indépendantiste touareg, qui est bien enraciné parmi les populations targuies, se trouvant même au-delà du nord du Mali, en l'occurrence au Niger. «Une intervention de la Cédéao est, à l'évidence, à exclure à moins que cette intervention ne soit faite de soldats nigériens, mauritaniens ou tchadiens. Or, rien n'est moins sûr», relève-t-il, avant d'expliquer: «Le Niger comme la Mauritanie sont directement menacés par les groupes terroristes qui ne cachent pas leur ambition d'en découdre bientôt avec Niamey et Nouakchott». De son côté, le Pr M'hend Berkouk, directeur du Centre de recherche sécuritaire et stratégique (Crss), a fait savoir qu'à ce stade de la crise malienne, on n'en est qu'aux hypothèses, mais au rythme où évoluent les choses, l'idée d'une intervention extérieure pourrait prendre corps à l'avenir, lorsque le Conseil de sécurité de l'ONU aura examiné la question, notamment sous son aspect financier, juridique et logistique, et quand les efforts diplomatiques pour une solution politique auraient échoué. D'autant plus ajoute-t-il que l'Union africaine a demandé au Conseil de sécurité des Nations unies d'adopter une résolution autorisant une intervention militaire au Mali. Toutefois, il a souligné que l'hypothèse que des puissances occidentales soutiennent en fait est celle de pousser l'Algérie à intervenir au nord du Mali pour des raisons diverses. Outre qu'elle est forte de son expérience dans la lutte antiterroriste, l'Algérie a les moyens appropriés, reconnaît-on, pour y faire dans la sous-région. Mais elle s'est toujours référée à sa Constitution qui interdit à son armée de se battre en dehors de son territoire. Pour ce qui est d'une éventuelle intervention occidentale, l'expert révèle que l'expérience afghane, somalienne et libyenne écarte une telle éventualité, d'autant plus que l'Algérie n'acceptera pas le lancement d'une guerre dans sa périphérie avec tous les dangers que cela pourrait induire. «Les Occidentaux, en général, et les Etats-Unis en particulier, suivent de près l'évolution des événements au nord du Mali. Car chacun a ses intérêts stratégiques», a précisé le directeur du Crss. Et il en veut pour preuve le dernier rapport de John Brennan, le conseiller principal du président Barack Obama en matière de sécurité internationale et de lutte contre le terrorisme. Dans ce rapport, des liens sont révélés entre Aqmi et les groupes somalien Shebab et nigérian Boko Haram. Mais derrière ce paravent de lutte contre le terrorisme, les soupçons d'un intérêt occidental pour les richesses du Sahel, entre autres l'uranium, le fer et le pétrole, sont très forts.
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