Le MNLA (Mouvement National pour la Libération de l’Azawad) aura véritablement joué à l’apprenti sorcier dans la grave crise que traverse le Mali depuis plus d’un an.
Il aura notamment servi de Cheval de Troie aux différents groupes armés qui avaient mis le Nord-Mali, soit les 2/3 du territoire national, en coupe réglée. A l’époque, habité uniquement par la haine de l’Etat central malien et l’esprit de vengeance à cause de ce que certains de ses éléments considéraient comme les exactions commises depuis le régime de Modibo Kéïta en 1963, obnubilé par son désir quasi-maladif de disposer d’un immense no man’s land, à défaut d’une hypothétique République de l’Azawad, où il pourrait se livrer, en toute tranquillité, à ses activités criminelles de prédilection – trafic de drogues, d’armes, de véhicules, de cigarettes et d’être humains – comme au bon vieux temps des razzias, le MNLA n’a pas hésité à nouer des alliances tactiques avec les jihadistes, notamment d’AQMI(Al Qaeda au Maghreb Islamique), du MUJAO et d’Ançar Dine qui est, au demeurant sortie de ses flancs.
En fait d’alliance, il s’agissait en réalité, d’un marché de dupes dans le Sahara malien, dont le MNLA sortira perdant. Faute d’avoir atteint son but final, le mouvement aura été comblé au-delà de ses espérances quant à son dessein funeste de nuire à la nation malienne. En effet, sur le plan sécuritaire, grâce notamment à l’entrée en scène de ses compères narco-jihadistes, tout le Septentrion sera conquis et occupé pendant presque une année. Les islamistes radicaux doublés de trafiquants de drogues y feront régner un ordre moyenâgeux, avec à a clé une application anti-islamique de la charia: mutilation des mains et des pieds, lapidation à mort, viols collectifs de femmes et de jeunes filles souvent mineures.
S’y ajouteront la destruction d’édifices publics, y compris les hôpitaux, le pillage des banques – le président de l’APBEF fait état d’un manque à gagner de 17,5 milliards de FCFA – engendré par la crise sécuritaire, au détriment du secteur bancaire du Mali. Il faut préciser que les éléments du MNLA se sont autant, sinon plus, illustrés dans ces crimes que leurs anciens alliés.
Après le coup d’Etat du 22 mars 2012, qui est l’une des conséquences de la crise globale, les partenaires techniques et financiers ont suspendu leur coopération avec le Mali, avec pour résultat la détérioration des finances publiques qui a failli amener l’Etat au bord de la cessation de paiement. Par ailleurs, de nombreux projets de développement, y compris dans le domaine des infrastructures routières, ont pris un coup d’arrêt, avec pour conséquences le chômage technique pour des milliers de chefs de familles et les drames sociaux subséquents.
Justement, sur le plan social, la crise a jeté sur les chemins escarpés de l’exode des centaines de milliers de paisibles citoyens et entrainé le déchirement du tissu social. Des citoyens, qui vivaient en bonne intelligence jusque-là, se regardent désormais en chiens de faïence, dans une atmosphère délétère de suspicion et de méfiance.
Dernier méfait du MNLA, et non le moindre, c’est la part active que ses éléments ont pris dans les tragiques événements de Aguelhok, qui se sont soldés par la mort d’une centaine de soldats désarmés – car ils étaient à court de munitions – froidement exécutés. Certaines des victimes, au nombre desquelles figuraient des éléments Touaregs de l’armée régulière, ont été égorgées ou éventrées.
Mais ceux par qui la crise malienne est survenue, les éléments du MNLA, n’ont pas tardé à comprendre qu’on ne trahit pas impunément sa patrie et à réaliser qu’au Mali, en dehors d’un Etat central fort, réunissant sous sa bannière toutes les composantes de la nation, point de salut, nulle part ailleurs. Inéluctablement, l’aventure du Nord-Mali enclenchée par les éléments du MNLA ne tardera pas, selon la loi des chocs en retour, à se transformer en une véritable descente aux enfers pour ses initiateurs. L’alliance tactique qu’ils avaient scellée avec les narco-jihadistes d’AQMI, d’Ançar Dine et du MUJAO a tôt fait de voler en éclats.
Le MUJAO deviendra même son ennemi juré. Dans un combat inégal, les éléments du MNLA seront boutés de la Cité des Askia, où ils avaient établi «leur gouvernement provisoire» au siège du Gouvernorat, par leurs ex-alliés de circonstance. A l’issue de combats rudes, le MNLA a perdu plus de 30 hommes, y compris un Colonel. Le Secrétaire général dudit mouvement fut blessé. Il sera évacué in-extremis sur Ouagadougou.
Les combats de Ménaka seront encore plus meurtriers. On peut même parler de massacre pour le MNLA, qui y laissera plus de 100 hommes. Ses ex-alliés étaient vraiment décidés à le chasser de tout le territoire national et ils ont prouvé qu’ils en avaient largement les moyens. Mettant ainsi à nu l’indigence militaire du Mouvement, dont les éléments apparaissaient ainsi comme des bandits de grand chemin.
Un malheur ne venant jamais, sur le plan diplomatique, la République de l’Azawad, qui n’existait que dans le cerveau malade des responsables du MNLA, n’a jamais été reconnue par un seul pays de la planète, encore moins par une instance internationale. Bien au contraire, le principe de la création d’un tel Etat a été clairement et vigoureusement condamné par la communauté internationale. De l’ONU à l’Union Européenne, en passant par l’Union Africaine et la CEDEAO, aucune institution ne voulait demeurer en reste dans ce concert de condamnations.
Rejeté de tous les côtés, combattu violemment par ses alliés d’hier – faut-il rappeler les opérations kamikaze entreprises contre lui à Kidal par le MUJAO? – réprouvé par la communauté internationale, le MNLA ne sait plus sur quel pied danser. A dire vrai, le MNLA n’a même plus de pied pour danser. Et les pitoyables rodomontades de l’un de ses innombrables porte-paroles, Moussa Ag Assarid, sur les antennes de certaines TV ressemblent plutôt à de l’auto-suggestion, pour se donner une contenance devant l’adversité. On en oublierait même certaines initiatives elles aussi contraires au MNLA, tant la pluie de malheurs qui tombe sur le mouvement est drue. L’une des dernières en date est cette pétition signée par des centaines, voire des milliers de Touaregs, qui désavouent le MNLA comme représentant légitime de leur communauté. On peut bien comprendre les signataires d’une telle pétition, car les méfaits des éléments du MNLA ne se limitent au seul Etat du Mali, ni aux communautés non Touareg. Les actions du MNLA pénalisent également la communauté qu’il est d’après lui en train de défendre, les Touaregs.
Non seulement elles influent négativement sur son image, mais il ne faut jamais oublier que, parmi les centaines de milliers d’habitants du Nord-Mali qui ont été contraints à l’exil ou au déplacement intérieur, il y a une bonne partie qui est constituée de Touaregs qui ont fui, entre autres, eux aussi les exactions des narco-jihadistes, ces narco-jihadistes auxquels le MNLA a servi de porte-avion.
Last but not least, sur la liste des 28 personnes suspectées de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou de trafics de drogues, dressée par le Procureur général, les noms de certains responsables du MNLA occupent une place de choix.
Contrés de toutes parts, les éléments du MNLA, tels des chiens errants, n’hésitent plus à se livrer à ce qu’ils savent le mieux faire, le banditisme, en s’attaquant notamment à de paisibles commerçants arabes dans la localité d’Inhalit, dans la région de Kidal. Ce qui n’a pas manqué de dresser contre eux les représentants armés de cette communauté.
Leur dernière trouvaille? Tisser un partenariat avec la France, dans le cadre de l’Opération Serval, en se posant en alliés indispensables pour la partie française dans la recherche de ses otages, détenus par les narco-jihadistes, en surfant sur leur supposée connaissance du terrain. Mais il est à parier que les Français ne tarderont pas à se rendre compte de la supercherie et de l’inefficacité de leurs encombrants alliés de circonstance, car les massifs de l’Adrar ont beau porter le nom des Ifoghas, les plaisantins du MNLA ne tarderont à y démontrer leur inefficacité, comme ils l’ont jadis fait avec l’ancien Président Nicolas Sarkozy.
Yaya Sidibé
SOURCE: 22 Septembre du 7 mar 2013.
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