Un plan de réconciliation nationale : De quoi Moussa Mara se mêle ? - maliweb.net
Ceux qui ont critiqué et qui continuent de le faire concernant la Commission Dialogue et Réconciliation ont leur raison. En effet, une fois encore, les Maliens à travers le décret du chef de l’Etat, le professeur Dioncounda Traoré, ont passé à côté de la réconciliation nationale. Dans toute démocratie, on va de la base au sommet. On ne peut pas faire une réconciliation nationale en négligeant les populations au niveau local.
Le gouvernement doit d’abord initier des rencontres intercommunautaires car chaque localité connaît ses vrais problèmes. Le conflit est entre les communautés arabes, touareg et les sédentaires et le pouvoir central duquel, les rebelles veulent se détacher pour créer une République.
Au Nord, tous les sédentaires connaissent leurs touaregs et leurs arabes. Il faut donc organiser des rencontres intercommunautaires qui vont du village, de la fraction en passant par la sous-préfecture, à la préfecture et au niveau national. Ensuite, associer la société civile nationale et tout le processus doit être piloté par le ministère de l’Administration territoriale de la Décentralisation et du l’Aménagement du territoire, le ministère de la Sécurité intérieure et de la Protection civile et du ministère de la Défense et des Anciens combattants.
L’association de ces trois ministères est une nécessité absolue. Une fois de plus, on n’a pas besoin de mettre des hommes et des femmes dans le seul souci de partager des dividendes. Quand on voit la présence d’une femme dont son seul atout est de s’opposer au code de la femme que les musulmans avaient proposé.
La majorité des hommes et femmes désignés pour cette commission, nous ne voyons pas ce qu’ils pouvaient faire de positif pour avancer le Mali dans la voie de la réconciliation. La réalité de la réconciliation est sur le terrain.
Déjà, au niveau de trois communes rurales de Gao (communes de Gabéro, Gounzoureye et N’Tilit), les élus avaient initié en 2012 un forum intercommunautaire qui allait débattre tous les problèmes de ces trois communes (du vol de bétail et du développement). Mais malheureusement, le déclenchement des hostilités en janvier 2012 l’a empêché.
La contradiction est nette entre différents membres du Collectif des ressortissants du Nord (COREN). Les visions de Ousmane Issoufi Maïga, Malick Alhosseïni Maïga et le représentant de TEMEDT sont nettement différentes en ce qui concerne les membres de la Commission Dialogue et Réconciliation. La position de TEMEDT est très tranchante concernant son rejet de la commission.
Celle de Malick Alhousseïni est plus tranchante que celle de Ousmane Issoufi Maïga. Mais les deux personnalités très proches du président ATT (qui a mis le Mali dans l’abîme) ont remué leurs langues pour faire un ménagement au chef de l’Etat, le professeur Dioncounda Traoré. C’est normal car ils sont tous des fils spirituels d’ATT et surtout Malick Alhousseïni qui est la chaussure même de M. Ahmed Diané Séméga, l’éminence grise d’ATT.
En critiquant la commission, il se critique lui-même, en rejoignant l’idée du ministre – professeur Younouss Hamèye Dicko qui dit que la commission est surtout représentative du Front uni pour la démocratie et la République (FDR), alors que le PDES est membre du FDR. Bien sûr, leurs critiques sont très pertinentes mais ils sont comptables de cette situation.
Si les choses doivent se dérouler normalement, ils doivent être tous écartés de la Commission Dialogue et Réconciliation. Tous les Touaregs et Arabes qui animent cette rébellion sont des militants des partis qui regroupent le FDR. Poser les, la question, Baba Oud Cheick, maire de Tarkint (qui vient de recevoir un mandat de dépôt) porte les couleurs de quel parti ?
Mais les Touaregs et les Arabes doivent comprendre le sens de leur lutte. Il ne faut pas confondre la lutte d’indépendance qu’ils mènent contre le pouvoir central et leurs attaques qu’ils font contre les populations noires sédentaires et nomades, qui sont leurs frères et qui sont condamnés à vivre ensemble. Leur conflit doit se limiter à l’Etat et à ses symboles.
En s’attaquant aux autres ethnies, c’est la voie à la guerre civile et cette dernière a des conséquences incalculables et notre prophète, Mohamed (salutations et bénédictions sur lui) a dit dans un hadith que «c’est très mauvais et quand elle commence, elle ne finit pas.»
Et rien ne justifie leur attaque contre les personnes des sédentaires et leurs biens. Vous pensez que l’assassinat de l’enseignant Idrissa Oumar Maïga par le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) sera passé à l’éponge ? C’est pourquoi, nous disons que la «plate-forme des cadres et leaders Kel Tamasheq : POUR L’UNITE NATIONALE» n’a pas de sens. Quelle soit en association ou non, M. Moussa Mara, qui est l’initiateur de cette plate-forme, ignore l’essentiel de la réalité sur les Touareg.
De 1963 à nos jours, de toutes les rébellions touaregs, deux schémas se dégagent chez eux : une partie négocie et l’autre fait la guerre. On n’a pas besoin d’aller s’assoir dans une salle pour dire qu’on est dans la République. Il y a un paradoxe chez certains membres de cette commission. C’est le cas de Nock Ag Attia, député élu de Diré dont son premier parrain fut Moussa Traoré (demander lui et à Moussa Traoré, de mars 91 à nos jours, combien de fois il a été salué son mentor ?) et Bajan Ag Hamatou.
Pour le cas de Nock, tout le monde sait que ce sont ses propres enfants qui sont les animateurs de la rébellion à Diré. C’est au début des frappes aériennes de l’opération Serval qu’ils se sont réfugiés en Mauritanie, la tanière des rebelles. Et Mohamed Abdel Aziz a bien dit que les réfugiés maliens sont les biens venus en terre mauritanienne. Cette bienvenue concerne les Arabes et les Touaregs.
Quand les enfants de Nock ont fui pour la Mauritanie, c’est en ce moment qu’ils ont donné l’ordre à l’un de leur Bella pour aller cacher les armes. Malheureusement, il a été vu en plein jour charger les armes sur une charrette. Donc, Nock ne peut que parler à son propre nom et c’est tout.
En ce qui concerne Bajan, il avait reconnu que ses parents- gardes ont rejoint le MNLA pour contrôler la ville de Ménaka contre les terroristes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Si ses parents n’ont pas une idée derrière la tête, pourquoi tous les éléments des forces armées et de sécurité avaient replié sur le sud non occupé et eux, ils sont restés à Ménaka ?
Malheureusement, beaucoup d’entre eux ont péri dans le conflit MUJAO-MNLA. Après cette bataille, son frère maire d’Andéramboukane a déclaré sur RFI qu’il a quitté le MNLA pour Ançar-dine. Quelle différence y a- t- il entre ces deux mouvements ? En fait, il ne représente que sa tête. Et même si les Doussahaq, ethnie de Baye Ag Mohamed sont alliés des Touaregs, ils ne sont pas Touaregs. La majorité du MNLA à Ménaka est composée des Doussahaq.
Pour le cas de Mohamed Ag Erlaf, il sait que les Idnanes, dont il est membre, sont presque membres du MNLA. Qu’est-ce que sa personne peut nous proposer de positif quand vous avez toute votre famille du côté du diable ?
La réalité est que tous les Ishmanamaches, tous les Idnanes, tous les Doussahaq et tous les Imagads de Tessit sont tous rebelles.
De quoi Moussa Mara se mêle t- il? Pendant la première rébellion 1963-64, deux cadres arabes de Tombouctou ont fait allégeance au président Modibo pour dire qu’ils sont avec le gouvernement et qu’ils se démarquent totalement de cette rébellion. Ils ont reçu des bourses d’études à l’université de Dakar. Ils retournent au bercail avec un diplôme d’administrateurs civils. L’un fut successivement ambassadeur du Mali à Paris sous Moussa Traoré, gouverneur de Ségou et ministre de l’Agriculture jusqu’aux événements de mars 1991.
L’autre fut gouverneur de Kayes sous Moussa Traoré. Il a été ministre sous ATT. Si le premier est mort (paix à son âme), le second, tout le monde l’a vu réunir sa communauté arabe dans le nord du Mali sous ATT pour faire allégeance au gouvernement. ATT a armé la milice arabe de Tombouctou avec des armes dont notre armée nationale ne disposait pas pour garder la ville de Tombouctou. Cette milice a participé à la chute de Tombouctou et au pillage de cette ville.
Donc, cette plate-forme n’est rien que du bluff sur fonds de commerce électoraliste. Bien que moi Yacouba Aliou, j’aie du respect pour le jeune maire M. Mara.
Le premier dirigeant du Mali, qui avait commencé à créer un fossé entre les Touaregs et les sédentaires, est Moussa Traoré, leader du régime d’exception du Comité militaire pour la libération nationale (CMLN). Nous avons vu le commencement du CMLN et sa fin.
L’histoire a donné raison à l’armée malienne quand elle disait qu’elle était sous-équipée et dont la France et les Américains et leurs laudateurs de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’en moquaient pour dire que la junte est la cause de la chute du Nord. Pour un seul suspect terroriste tchétchène du Caucase, l’Amérique mobilise 9000 policiers.
Enfin, pour la réconciliation nationale, une fois encore, les Maliens doivent aller à l’essentiel. Il ne faut plus l’impunité.
En matière de contrôle, la confiance n’empêche pas le contrôle, dit l’adage. Tout peut être pardonné mais il faut un tribunal de l’Histoire pour savoir qui a fait quoi. Vous pensez que l’oncle de Moussa ag Assarid, l’Idnane nommé Djiga (arrêté un moment par le MUJAO à Gao s’est évadé par la suite) semait la terreur dans la commune de Gounzoureye.
Une Commission Dialogue et Réconciliation peut- elle effacer ses crimes ? Ensuite, tout le monde doit être dédommagé, même ceux qui sont au Sud. Chaque Malien a subi les effets de l’occupation. Donc, tous les Maliens doivent être dédommagés. Quand une zone subit un sinistre, tout le monde subit les conséquences d’une manière ou d’une autre.
Maliens, soyez sérieux dans la gestion de vos problèmes. Personne ne peut cacher le soleil par sa main. Le mensonge détruit un pays mais ne le construit pas. Ensuite, un chef doit respecter ses engagements pris devant Dieu et les hommes.
Je vous invite à lire le discours du chef de l’Etat à son retour de Paris.
Que Dieu amène la paix dans notre pays et la concorde entre tous ses fils. Amine.
Yacouba ALIOU
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