vendredi 18 mai 2012

Sidwaya - Le Quotidien

Sidwaya Que le sursaut d’orgueil des jeunes de Gao fasse tache d’huile !- Le Quotidien

 15 mai 2012, par Webmaster

Il ne se passe pas un seul jour sans que le Mali ne multiplie des signes de crispation et de déperdition. Les derniers en date viennent des deux côtés de la République, le Sud, sous le contrôle des
 autorités gouvernementales et le Nord, envahi par des groupuscules armés. Alors que le pays s’apprêtait à accueillir les émissaires de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le 15 mai 2012 à Bamako, le leader de la junte, Amadou Haya Sanogo, coutumier des bourdes, est monté sur ses grands chevaux la veille, avec la très détestable et pusillanime intention de couper l’herbe sous leurs pieds. Considérant que la médiation ouest-africaine a échoué, il a préposé la tenue d’une convention nationale en vue de permettre aux Maliens de prendre leur destin en main. L’intention du capitaine putschiste, diversement accueillie par la classe politique et la société civile, agace les dirigeants de la CEDEAO qui menacent de sanctionner les hiérarques et les thuriféraires du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE).
Avec ça, le Mali, qui partauge dans des eaux fangeuses, ne peut que poursuivre son inexorable descente aux enfers, jusqu’à ce que le sulfureux chef de la junte et sa clique ne soient entièrement vomis. Et pour combien de temps encore, les honnêtes gens devraient patienter ? Dieu seul sait. Cependant, ils ne doivent pas désespérer, dans la mesure où l’écho d’une alerte inattendue, rivalisant avec le bruissement des armes dans le Septentrion, a tourbillonné jusqu’au cœur de la capitale Bamako. Que donc, à même de changer le cours des évènements, s’est t-il produit dans les territoires sous la botte des insurgés islamistes, qui auraient relégué le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) dans les périphéries des grandes villes de la boucle septentrionale du Niger ? Une action de résistance. Non sans anxiété, la jeunesse de Gao a brièvement donné libre cours à un sentiment de révolte. Elle a estimé qu’elle n’en pouvait plus de Ansar Dine, du Mouvement pour l’unicité du Djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), d’ Al Qaïda au Maghreb islamique(AQMI), mal aimés, qui concassent avec une insouciante indécence, le trésor d’humanité et de religiosité qui faisaient du Nord-Mali et de Tombouctou, des hauts lieux de la spiritualité musulmane en Afrique de l’Ouest.
En bravant, pour la toute première fois, les enturbannés névrosés qui n’ont pas hésité à tirer à balles réelles pour les disperser, les jeunes de Gao, qui ont risqué leur vie, ont voulu passer un message clair et fort. Aussi longtemps que la famille a servi d’amortisseur, ils ont tenu dans le jupon de leurs mères. Maintenant qu’ils en sont extenués, ils se sont résolus à disputer le terrain avec les salafistes qu’ils considèrent comme des forces occupantes. Peu importe ce que cela leur coûtera, ils en ont déjà vu de toutes les couleurs : des exécutions sommaires, des amputations de mains, des exactions de toutes sortes, etc. Raison pour laquelle ils ont promis de se faire entendre à nouveau, si les islamistes ne tempéraient pas leur ardeur militante bien trempée. En attendant que les jeunes de Gao ne récidivent et que le mouvement n’atteigne Tombouctou par effet de contagion, il faut noter qu’ils constituent un modèle de résistance pour la société malienne et plus particulièrement, la jeunesse. On pense aux jeunes de Bamako tarabiscotés, entre fermeté et souplesse qui en réalité, souffrent dans le silence. Il conviendrait que cette jeunesse sorte de sa torpeur, qu’elle s’organise pour faire des semonces aux militaires et aux politiciens empêtrés dans des contradictions et des tribulations sans queue ni tête. Plus vite, elle se résoudra à participer activement à la politique, plus tôt elle constituera une force capable de faire bouger les lignes, d’autant plus que la phalange des acteurs militaro-politiques qui prend le chemin de traverse se ravisera, sans plus attendre.
Adama BAYALA badam1021@yahoo.fr 

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