jeudi 31 mai 2012

Charia et chaos dans le Nord du Mali - Libération

Charia et chaos dans le Nord du Mali - Libération
Rébellion. Touaregs et islamistes se sont unis et ont proclamé samedi l’indépendance de l’Azawad.
 Par HÉLÈNE DESPIC-POPOVIC
La rébellion touareg et le mouvement islamiste Ansar ed-Dine ont annoncé samedi leur fusion et proclamé un «Etat islamique» dans la région Nord, l’Azawad, qu’ils contrôlent depuis près de deux mois. Leur programme tient en quelques formules. «Nous sommes tous pour l’indépendance de l’Azawad», «nous acceptons tous l’islam comme religion» , le Coran et la Sunna (paroles et actions du prophète Mahomet) sont «la source du droit».

Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), un groupe indépendantiste, affichait dans les années 1990 et 2000, alors qu’il se battait pour un Etat touareg, une idéologie laïque. A l’origine de l’offensive contre l’armée malienne, en janvier, il avait dû céder la primauté à Ansar ed-Dine («l’Armée de la religion», en arabe), un mouvement qui prône l’imposition de la charia (loi islamique) dans tout le Mali, et qui est appuyé par les jihadistes d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). Aujourd’hui, on ignore quelle est la place qui est censée revenir à Aqmi dans l’Azawad, créé par Ansar ed-Dine et le MNLA. Les islamistes ont récemment demandé à leurs combattants de commencer à appliquer la charia dans le nord.

L’Etat malien, en complète confusion depuis le putsch militaire du 22 mars contre Amadou Toumani Touré, a rejeté «catégoriquement» la création d’un Etat islamique dans le Nord. «Même si c’est la création d’un Etat sur papier, et non dans les faits, nous prenons les devants pour dire que le Mali est un pays laïc, qui restera laïc», a affirmé le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Hamadoun Touré.

En l’absence du président de transition, Dioncounda Traoré, qui se trouve à Paris où il se soigne des conséquences de son agression la semaine dernière par des manifestants, la parole est revenue à la médiation ouest-africaine qui suit la crise depuis le putsch. Celle-ci estime paradoxalement que cet accord pourrait favoriser une solution négociée. «Il est toujours mieux d’avoir à négocier avec un seul groupe qu’avec plusieurs aux intérêts parfois diamétralement opposés», a déclaré à l’AFP le ministre burkinabé Djibrill Bassolé, dont le pays conduit actuellement la médiation au nom de l’Afrique de l’Ouest.

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