Eclairage : L’obstacle algérien
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Le président Yayi Boni est l’un des chefs d’Etats africains les plus déterminés pour que le Mali sorte rapidement de la crise politico-institutionnelle où l’a plongé le coup d’Etat du 22 mars et recouvre aussi vite que possible l’intégrité de son territoire national. Dans la dépêche ci-dessus, on relève qu’il s’est montré ‘’très prudent’’ s’agissant de la date à laquelle le Conseil de sécurité pourrait être saisi par l’Union africaine pour la création d’une force d’intervention africaine au Mali, préconisée par lui-même. Cette prudence étant expliquée en partie par ‘’les concertations pour obtenir l’accord des pays du champ‘’.
C’est de là que pourrait venir la plus grosse difficulté à la mise en place de cette force panafricaine. En effet, l’Algérie, considérée comme ‘’la puissance régionale’’ (eu égard à son poids économique et à l’importance supposée de ses moyens militaires) devrait tenir le leadership dans la lutte coordonnée contre le terrorisme dans l’espace sahélo-saharien.
D’autant qu’elle détient une responsabilité particulière dans l’émergence et le développement du fléau, parti de son territoire pour se répandre, tel un cancer, chez ses voisins du sud. Or non seulement elle ne s’est guère aventurée au-delà des innombrables réunions ministérielles et d’états-majors militaires accouchant de belles résolutions, mais en plus elle a toujours affiché une hostilité farouche à l’intervention de troupes étrangères à la zone, estimant que cela ne ferait qu’’’aggraver la situation’’.
C’est ainsi que lorsque la CEDEAO a décidé, lors de son sommet spécial tenu à Abidjan en avril, de l’envoi de contingents au Mali pour l’aider à recouvrer les parties de son territoire passées sous contrôle de groupes armés, l’Algérie a immédiatement initié un mini sommet à Nouakchott, avec la Mauritanie et le Niger, pour s’opposer à ‘’l’intervention de forces étrangères’’.
Convaincre ce pays de la nécessité de mettre en place une force africaine sous bannière onusienne pour libérer le Nord-Mali de l’emprise des séparatistes et autres islamistes radicaux et, du même coup, éradiquer AQMI, est la rude tache qui attend Yayi Boni. Et quand on sait l’énorme capacité de nuisance dont la diplomatie algérienne a su faire preuve dans certains dossiers, notamment celui du Sahara occidental, il faudrait se garder de tout enthousiasme excessif quant à l’issue heureuse du projet du président de l’UA.
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Saouti Labass HAIDARA
Source : L’Indépendant
Maliactu du 31 mai 2012
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