vendredi 25 mai 2012

Chaotique transition malienne | Humanite

Chaotique transition malienne | Humanite
Le président par intérim, Dioncounda Traoré, devait prendre hier et pour un an, les rênes d’un pays très divisé. Lundi, il était violemment pris à partie par des manifestants.
Les événements survenus hier à Bamako illustrent, s’il en était besoin, l’extrême fragilité du régime de transition parrainé par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Ce jour-là, des manifestants ont réussi à franchir les grilles du complexe présidentiel de Koulouba, pourtant protégé par une centaine de gardes nationaux. Ils ont ensuite ­envahi les bureaux du président par intérim, Dioncounda ­Traoré, qui a dû être hospitalisé quelques heures après avoir reçu des coups.
Considéré par ces manifestants, favorables au coup d’État militaire du 22 mars, comme un symbole de continuité avec le régime déchu d’Amadou Toumani Touré, contesté à mi-voix jusque dans les rangs des partisans d’une restauration de l’État de droit, Dioncounda Traoré n’entend pourtant pas démissionner. « Ce serait faire le jeu de ceux qui n’aiment pas le Mali », tranchait hier l’un de ses proches.
Le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la république (FDR), la coalition anti-junte, s’étonne que « des mesures de sécurité appropriées n’aient pas été prises pour protéger le palais présidentiel », et voit dans cet épisode « l’aboutissement d’une campagne de haine et d’apologie du crime entretenue depuis plusieurs semaines (...) par des acteurs de la scène politique et de la société civile ». La Cedeao promet une enquête pour confondre « les auteurs et les commanditaires ». De son côté, le premier ministre, cheick Modibo Diarra, a multiplié les appels au calme, demandant aux jeunes de « mettre fin aux marches » dans les rues de la capitale malienne.
Dimanche, la Cedeao avait pourtant arraché un nouvel accord de transition avec la junte, en échange d’une amnistie pour les militaires putschistes et de l’octroi du statut d’ex-chef d’État au chef de la junte militaire, le capitaine Amadou Haya Sanogo. Visiblement, les termes de ce pacte très avantageux pour les militaires putschistes ne suffisent pas à consolider une sortie de crise.
C’est d’autant plus ­préoccupant que le nord du pays reste plongé dans le ­chaos, livré depuis deux mois à des groupes armés islamistes et indépendantistes, coupables de graves atteintes aux droits humains. Un front auquel 
le Mali ne peut faire face, 
avec des institutions politiques et militaires vacillantes, ­rongées par une crise ancienne et profonde.
Rosa Moussaoui

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