lundi 27 avril 2015

Mali: « les opposants à la paix dépendent des trafiquants de drogue » - RFI#emission/20150427-mali-opposants-paix-dependent-trafiquants-drogue/?&_suid=143013007265309284216214206482

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« les opposants à la paix dépendent des trafiquants de drogue »


Mali: « les opposants à la paix dépendent des trafiquants de drogue »
Zahabi Ould Sidi Mohamed, ministre malien de la Réconciliation.DR

La médiation a prévu une cérémonie de signature le 15 mai prochain à Bamako. Mais pour le moment, les principaux groupes rebelles du Nord, regroupés autour de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), rejettent toujours officiellement le texte proposé. Alors

que se passera-t-il si tout le monde ne signe pas ? Pour le ministre malien de la Réconciliation, Zahabi Ould Sidi Mohamed, il faut quoi qu’il en soit aller de l’avant. Pas question que le Mali soit « pris en otage » par des « ennemis de la paix », selon ses mots.


RFI : La médiation internationale prévoit une signature d’un accord le 15 mai prochain. Bamako a paraphé ce texte. En quoi est-il porteur de paix selon vous ?

Zahabi Ould Sidi Mohamed : Ce travail, accepté par la majorité des parties prenantes, est le produit d’un long processus participatif. Trois des parties ont paraphé et sont prêtes à signer, il en reste une qui n’a pas encore paraphé. Je ne sais que vous dire, si elle ne signe pas, ce n’est pas la fin du monde, pour être très franc avec vous.

Vous pensez que la Coordination des mouvements de l’Azawad ne fait pas partie des principales parties prenantes à ces négociations ?

Elle fait partie des principales parties aux négociations et nous espérons de tous nos cœurs qu’ils soient aussi de ceux qui vont signer. Alors vous me direz que s’ils ne venaient pas, qu’est-ce qu’il va arriver ? Et bien, je vous dirai ce que Gbagbo avait dit une fois : « c’est qu’il n’y aura rien du tout ». Celui qui ne veut pas venir prendre part à la paix, et bien le train ne doit pas s’arrêter.

Ça signifie quoi concrètement, pour vous, qu’allez-vous faire de ces groupes rebelles ?

L’accord aussi a prévu que la communauté internationale devait prendre des sanctions ciblées contre ceux qui ne veulent pas la paix.

Mais vous pouvez difficilement les ignorer, ils représentent une partie de la population du Mali. Comment construire une paix durable dans ces conditions ?

J'aime bien cette question, lorsque vous dites qu’ils ne sont qu’« une partie » de la population. Ça veut dire qu’ils ne sont pas, à eux seuls, les principaux. Il y a les communautés du Nord, dont la grande majorité est pour l’accord. Alors, vous allez me dire : « parce qu’il y a une partie qui ne veut pas de l’accord, tout le monde doit s’arrêter » ? Et bien moi je vous répondrai que non. On sait que certains mouvements sont manipulés par les narcotrafiquants et également par les extrémistes, qui ont élu domicile dans le nord du Mali. Et peut-être ont-ils même peur de ces gens, c’est pourquoi ils ne peuvent pas signer.

On sait que certains mouvements rebelles sont divisés sur l’attitude à adopter. Certains observateurs redoutent qu’en cas de signature, on assiste à une radicalisation de certaines franges de la population. Est-ce que ça vous inquiète ?

« Radicalisation de la population » ? C’est du chantage, moi je l’ai toujours dit. Si on parle vraiment de population, elle est fatiguée. Dans les camps de réfugiés, ils sont fatigués, dans les régions du nord du Mali, ils sont fatigués, au Mali tout le monde est fatigué de cette guerre. Dire qu’ils vont se radicaliser ? Est-ce qu’on peut aller plus loin que là où on en est arrivé ?

On a assisté ces derniers temps à une recrudescence d’attaques y compris dans le centre du pays, ça vous inquiète ?

Madame, ça ne m’inquiète pas du tout, je sais très bien que c’est des petites actions de sabotage. Même chez vous il y a eu du sabotage, non ? Plus gravement. Vous savez les terroristes ont toute sorte de techniques pour démoraliser les gens et on va faire face à ça.

Certains membres de la médiation reprochent à Bamako un manque d’investissement durant les discussions et regrettent que vous n’ayez fait davantage de propositions sur le texte. Que répondez-vous à cela ?

Quels sont ces membres de la médiation ? La médiation ne peut pas dire ça parce que tout le monde était là, les débats étaient transparents. Toutes les questions ont été abordées, il n’y avait pas de sujet tabou.

En huit mois de discussions, pas une seule séance de discussion en face à face entre la CMA et Bamako. Est-ce qu’en soi ce n’est pas un échec ?

Ça, c’est vous qui le dites.

Vous voulez dire qu’il y a eu des rencontres en face à face entre Bamako et la CMA ?

Madame, il y a eu un face à face entre eux et la société civile, entre eux et le gouvernement du Mali.

Vous avez discuté sur le fond du texte ?

On a discuté sur le fond du texte, ils ont donné leurs arguments, la médiation a écouté tout le monde.

Donc vous êtes contents de la qualité des discussions ?

Vous savez peut-être que les thèses de certains partis n'ont pu pu émerger et maintenant, on utilise ce prétexte qu’il n’y a pas eu suffisamment de face à face. C’est pourtant un processus qui a duré sept mois.

Donc cette réticence n’est pas justifiée selon vous ?

C’est un prétexte. Il faut toujours garder un fonds de commerce. Ils ont besoin d’une couverture politique pour dire qu’ils ne sont pas d’accord, que leurs revendications n'ont pas été retenues. Alors qu’au fond, tout le monde sait que les gens, ceux qui ne veulent pas la paix, sont alimentés, moi je ne le cache pas, par les trafiquants de drogue et les gens du crime organisé. C’est ça le vrai problème, auquel nous sommes aujourd'hui confrontés. Sinon, la rébellion a une solution à travers cet accord, qui permet à tout le monde de s’exprimer et d’aller ensemble vers la paix. Et je dis que cet accord s’attaque aux racines du problème. À commencer par la question de l’Azawad, dont on parle.

La CMA demande une reconnaissance officielle de l’Azawad comme entité géographique, politique et juridique.

C’est là où il y a eu un problème. L’accord dit qu’il y aura des concertations nationales sur la question et que si tous les gens de toutes ces régions disent qu’ils s’appellent Azawad, on va l’appeler Azawad, et ça n’irritera plus personne. Pourquoi alors, avoir peur alors du verdict de la démocratie ? Si vraiment ils représentent des gens du Nord, qu’est-ce qui les empêche de faire leurs consultations à Gao et à Tombouctou. Les concertations s’arrêtent seulement à Kidal ? Ils ne prendront pas le Mali en otage, et encore moins la communauté internationale.

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