mercredi 20 août 2014

Les groupes armés exigent : Un quota de 3.000 soldats et de 100 généraux dans l'armée malienne

Les groupes armés exigent : Un quota de 3.000 soldats et de 100 généraux dans l'armée malienne
Un quota de 3.000 soldats et de 100 généraux dans l’armée malienne



19 août 2014 à 03:18 AM Rubrique: Nord-Mali
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Mali - Affaire Tomi: IBK renonce à déposer plainte contre "Le Monde"
Ibrahim Boubacar Keïta, le 3 mai 2014 au palais de Koulouba. © Emmanuel Daou Bakary/Jeune Afrique

Longtemps hésitant, le président IBK s’est définitivement résolu à négocier avec les groupes armés depuis la cinglante défaite infligée aux troupes maliennes, le 21 mai 2014 à Kidal. Les négociations, qui ont débuté il y a quelques semaines, se poursuivront en septembre 2014 sous l’égide de l’inévitable voisin algérien qui, déjà, fut le parrain des précédents accords de Tamanrasset en 1991 et d’Alger en 2006.





Le Mali se plie aux quatre volontés de l’Algérie



Malgré l’échec des accords antérieurs, l’Algérie parvient, encore cette année, à imposer sa médiation dans la crise malienne, éclipsant, au passage, les tentatives du rival marocain de s’immiscer dans le dossier. Si l’Algérie pèse d’un si grand poids dans l’affaire, c’est pour de nombreuses raisons. D’abord, elle partage plusieurs centaines de kilomètres de frontières avec le Mali; ensuite, elle entretient des liens divers avec lesjihadistes maliens, notamment avec Iyad Ag Ghali, le leader d’Ançar Dine. Enfin et surtout, l’Algérie est la première puissance militaire du Maghreb: sans son soutien, la France n’aurait jamais pu libérer le nord malien en 2013 ni ne pourrait, aujourd’hui, continuer à contrôler ce vaste territoire qui, bien vite, deviendrait un foyer d’attentats. Par conséquent, les Français, avant de s’engager militairement au Mali, se sont vus obligés (nous l’évoquions dans nos précédentes livraisons) de passer avec l’Algérie un pacte permettant à ce pays de continuer à déverser dans le nord malien, notamment à Kidal et environs, les activités de ses propres groupes terroristes, dont la trisqtement célèbre AQMI. Une manière, pour l’Algérie, de faire régner la paix à l’intérieur de ses frontières après une décennie de lutte sanglante contre les jihadistes.





Alors opposant, donc dans le camp de la facilité, IBK s’est, en 2006, bruyamment élevé contre l’accord d’Alger, le jugeant attentoire à la souveraineté nationale.

Devenu chef de l’Etat, il se rend à l’évidence : l’Algérie est incontournable. IBK vient d’ailleurs d’adresser au président Abdelaziz Bouteflika une lettre fort édifiante sur la soumission du Mali aux quatre volontés algériennes. Dans ce courrier daté du 20 juin 2014, IBK salue l’« attitude pétrie d’amitié, de fraternité et de solidarité » de l’Algérie; mieux, le président malien adresse ses « vifs remerciements » à Bouteflika pour « la précieuse contribution qui a permis d’engager les mouvements armés dans la dynamique de la paix et de la négociation avec le gouvernement du Mali ». Tout en transmettant à Bouteflika la feuille de route élaborée par le Mali dans le cadre des négociations, IBK lui demande, tenez-vous bien !, de l’« enrichir » en lieu et place du Mali: « Je vous serai reconnaissant de le faire enrichir par l’expertise de vos techniciens et de le soumettre à l’examen des groupes armés et des représentrants du gouvernement qui, en la circonstance, seront réunis par les soins de la partie algérienne à Alger à la date de votre convenance ».





En clair, le courrier montre que le Mali accepte, à l’avance, ce qu’aura décidé la toute-puissante Algérie ! Ce douloureux constat donne, bien entendu, raison à Tiéblé Dramé, leader du PARENA, qui, il y a quelques jours, affirmait dans la presse que le Mali avait « abandonné sa souveraineté à l’Algérie ».



Les groupes armés en position de force

Les groupes armés du nord n’ont accepté que du bout des lèvres le cessez-le-feu après leur victoire militaire à Kidal. Il a fallu que la France et l’ONU déploient des trésors de diplomatie pour convaincre le HCUA, le MNLA et le MAA de surseoir à l’usage des armes et de rentrer le processus de dialogue politique prôné par la communauté internationale. IBK lui-même avait craint le pire au point de renouer avec l’ennemi intime mauritanien. Alors que sous la Transition, le Mali avait refusé le déploiement, au nord, de soldats mauritaniens sous la bannière de la MINUSMA, IBK s’est hâté de dépêcher le chef de l’Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, à Kidal pour arracher un cessez-le-feu aux groupes armés.



Certes, les groupes armés ont mis l’arme au pied; mais ils n’en ont pas moins gardé de précieux atouts de négociation.

Partant du principe que Kidal, leur fief, ne saurait prospérer sans débouché sur le fleuve Niger, ils ont poussé leur occupation militaire jusqu’à Faffa, ville riveraine du fleuve située dans la région de Gao. Les abords d’Ansongo, région de Gao, sont infestés de combattants rebelles qui font déjà la loi à Ménaka, à Aguelhok et à Tessalit. Du point de vue politique, les groupes armés négocient également en position de force en faisant valoir que c’est le Mali qui a déclenché les hostilités le 21 mai 2014. Enfin, ils ont des alliés puissants comme la France, l’ONU, la Suisse, la Belgique et le Qatar qui leur offrent des subsides et ont, avant même les combats du 21 mai 2014, empêché Kidal de retourner dans le giron malien, toutes choses qui violent la résolution 2100 du Conseil de Sécurité des Nations Unies.





Parallèlement, le gouvernement malien, drogué à l’aide internationale, est fragilisé par la suspension des financements du FMI, de la Banque Mondiale et de l’Union Européenne : en l’absence d’accord global avec les rebelles, le pays devra longtemps faire son deuil de l’argent frais en provenance de ces bailleurs de fonds.





C’est en considération de ces paramètres qu’IBK a fait savoir au médiateur algérien qu’il était prêt à signer tout accord qui préserverait l’intégrité du territoire national et la laïcité de l’Etat.

Pour bien marquer sa disponibilité au dialogue, il a fait libérer au pas de course tous les rebelles – séparatistes oujihadistes - qui croupissaient entre les mains de la justice malienne. Il est vraiment loin, le temps où IBK martelait qu’il ne permettrait à aucun rebelle de « négocier d’égal à égal » avec lui, ni encore moins, de le« trimbaler »...





Les doléances des groupes armés

Encouragés par les atouts qu’ils détiennent, les rebelles viennent de peaufiner leurs doléances qu’ils remettront, à très bref délai, au médiateur algérien. Ils demandent trois choses:



- l’intégration de 3.000 combattants dans l’armée malienne;



- l’octroi du grade de général à 100 de leurs officiers;





- l’institution d’un statut particulier pour l’ensemble des trois régions du nord (Kidal, Gao et Tombouctou).





Fait remarquable, il appartiendra aux rebelles, et non au gouvernement malien, de proposer les noms de ceux qui doivent intégrer l’armée ou bénéficier du grade de général.

Ce sera donc là l’occasion d’envoyer dans l’armée tout ce que le nord compte de bergers et de chômeurs touaregs ou arabes. Autre exigence rebelle: l’armada des intégrés restera dans le nord; de surcroît, tout corps d’armée typiquement malien qui sera positionné au nord sera commandé par un Touareg ou un Arabe.





Quant au statut particulier des régions du nord, ils comptent l’exploiter de manière à séduire la population locale dans l’optique d’un futur référendum d’autodétermination qu’ils pourraient réclamer dans cinq ans.

Ils en auront peut-être les moyens car ils exigent aussi l’affectation aux régions du nord de 60% des ressources minières qui y seront découvertes.





Iyad pour faire de la diversion

Pour mieux appuyer leurs doléances, les groupes armés font entrer Iyad Ag Ghalmi dans la danse. Dans une vidéo récemment diffusée, le chef du groupe islamiste Ançar Dine s’en prend à la France et lance des menaces contre elle. L’objectif stratégique est de faire apparaître Iyad comme découplé des autres groupes armés et de faire passer ceux-ci comme modérés et prêts au dialogue. Bref, l’affaire Iyad est une ruse de guerre conçue en plein accord ave les autres groupes rebelles.





Le gouvernement malien acceptera-t-il les doléances rebelles ?

De sources bien informées, les groupes armés ne doutent pas d’obtenir gain de cause. Il leur suffira de menacer d’étendre, en cas de désaccord, leurs possessions territoriales actuelles. Un de nos interlocuteurs affirme même que le Mali s’apprête, pour faire avaler l’amère pilule au peuple, à ouvrir le gouvernement aux principaux leaders de l’opposition.

Joint par nous, un leader des mouvements d’auto-défense, plutôt proches du Mali, affirme que lesdits mouvements ont décidé de ne pas solliciter de grades ni places dans l’armée pour leurs combattants.





Tiékorobani

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