Après la libération très controversée de l'ancien chef de la police islamique à Gao : L'ancien juge islamique de Tombouctou également relâché
L’ancien juge islamique de Tombouctou également relâché
Sa libération a été annoncée depuis le 15 août dernier, mais c’est seulement récemment qu’elle a été effective. Lui, c’est Ag Alfousseyni Houka Houka, un élément actif du mouvement terroriste d’Ansar Dine d’Iyad Ag Ghali. C’est lui qui prononçait notamment les sentences sévères contre les habitants de Tombouctou lors de l’occupation de la ville en 2012 par les narcojihadistes d’AQMI. Son arrestation par les forces armées du Mali dans cette région est intervenue le 17 janvier dernier. Cependant, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer cette libération qu’elles considèrent comme une prime à l’impunité ainsi qu’une » véritable atteinte à l’indépendance de la justice et une violation flagrante des droits des victimes à la justice et à la vérité « .
L‘homme était accusé de plusieurs griefs: amputations, lapidations et autres flagellations, pour ne citer que celles-là. La libération de Ag Alfousseyni Houka Houka par les forces armées maliennes continue de provoquer l’ire des victimes. Celles-ci voulaient qu’il soit jugé pour les nombreux crimes qui lui sont imputés. Pourtant, selon une source proche des autorités, cette libération entre dans le cadre de l’adoption des mesures de confiance avant le démarrage de la deuxième phase des pourparlers d’Alger prévue le 1er septembre prochain.
On se souvient que les autorités maliennes avaient déjà libéré une quarantaine de rebelles à la veille du lancement de la phase initiale des pourparlers le 15 juillet dernier contre autant d’éléments des forces de défense et de sécurité détenus après les évènements meurtriers des 17 et 21 mai dernier à Kidal. Dans le même sillage, Yéro Ould Daha, membre influent du MUJAO et responsable de la police islamique de Gao en son temps, a été aussi libéré au début du mois de ce mois. Pourtant, cet individu était très craint par les populations de la cité des Askia qui gardent encore de très mauvais souvenirs de lui. Il a été relâché sans qu’il ne réponde devant la justice de ses actes odieux commis envers de paisibles populations au nom de la Charia. Notons que les autorités maliennes avaient été très claires à propos des libérations de certains rebelles. Pour elles, sont exclus de cette mesure les bandits poursuivis pour des actes criminels. C’est ainsi que l’instigateur de l’évasion collective survenue le 16 juin dernier à la prison centrale de Bamako, Mohamed Aly Wadoussèn et son complice Abdallah Ag Acherif, arrêté au même moment que lui suite à leur implication dans le rapt des Français Philippe Verdon et Serge Lazarevic à Hombori, le 24 novembre 2011 n’ont pas bénéficié de la mesure. Il est donc difficile de comprendre que des personnages ayant commis des crimes aussi graves peuvent être relâchés pour une prétendue restauration de mesure de confiance. Surtout que pour les cas de Ould Daha et Ag Alfousseyni Houka Houka, tout le monde reconnait leur implication dans des actes gravissime comme les amputations, lapidations, flagellations et autres arrestations arbitraires lors des dix longs mois durant lesquels le nord du Mali était sous le contrôle des groupes islamistes armés.
L’autre problématique à laquelle cette libération renvoie, c’est l’indépendance de la justice qui est fortement remise en cause. Du reste, la FIDH et l’AMDH ont condamné une « libération politique » et une » véritable atteinte à l’indépendance de la justice et violation flagrante des droits des victimes à la justice et à la vérité « .
Elles demandent, par conséquent, que les pourparlers d’Alger ne se fassent pas au détriment des plaintes des familles des victimes contre ces personnages. Le gouvernement, à travers le ministère de la Justice, est donc appelé à justifier ces dossiers qui risquent de constituer une autre source de tension.
Massiré Diop
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