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Le centre international des affaires stratégiques (ICSA) dévoile les tenants et aboutissants de la rébellion Touareg au Mali
EXCLUSIF: Le centre international des affaires stratégiques (ICSA) dévoile les tenants et aboutissants de la rébellion Touareg au Mali
Le centre international des affaires stratégiques (ICSA) dévoile les tenants et aboutissants de la rébellion Touareg au Mali Le centre international des affaires stratégiques (ICSA) sous la direction son président Dr. Mustapha AZIZ a réalisé une enquête très approfondie sur la question malienne
Cette enquête, qui a duré plus cinq mois, a donné lieu à un rapport d’une importance extrême et qui servira sans doute comme base à des chercheurs et décideurs sur ce centre de tension international
Annakous publie en exclusivité le contenu de ce rapport digne de foi, très équilibré et sans ambigüité ni partis pris.
EXCLUSIF
LA SITUATION SOCIO-POLITIQUE AU NORD DU MALI
I- RAPPEL
Le nord du Mali, essentiellement les trois régions de Gao, Kidal et Tombouctou, est depuis 1990 une zone d’instabilité avec des rebellions armées successives (1990-2006-2012)
L’après-rébellion laisse place à des bandes armées apparemment hors de tout contrôle qui créent une insécurité généralisée, un phénomène depuis lors appelée insécurité résiduelle
En 2012 la rébellion a pris une ampleur, telle que ces différents groupes ont occupé les trois régions du nord du Mali ; et même une partie de la région de Mopti
La rébellion de 2012 a été caractérisée par la conjugaison de trois facteurs amplificateurs :
La présence tolérée dans le nord du Mali de Katibas Djihadistes affiliées à AQMI qui ont sanctuarisé le Nord Est de la région de Kidal et le Nord des régions de Gao et de Tombouctou.
Ces groupes Djihadistes se sont surtout financés par le produit des rançons, de différentes prises d’otages occidentaux et peut-être aussi par le produit de la vente de drogue
L’effondrement du régime libyen suite à l’assassinat du Colonel Kadhafi par les troupes de l’OTAN a rendu orphelins des milliers de combattants Touaregs originaires du Mali qui se sont repliés, dans le Nord Est de la région de Kidal.
La Libye est aussi devenue un véritable marché à ciel ouvert de toutes sortes d’armes
La présence à Kidal d’environ un millier de combattants cantonnés depuis 2007 suite aux accords d’Alger, dans l’attente de la formation des unités spéciales qui n’ont jamais vu le jour
Cette situation a fait de ces combattants une armée mobilisable à tout moment
- A ces facteurs externes il faut ajouter deux facteurs internes principaux
L’accroissement du trafic de drogue dans le Nord du Mali dont les ramifications se retrouvent dans les plus hautes sphères de l’Etat, et des administrations militaires. La tentation de l’argent facile a poussé l’Etat malien à confier son service de renseignement au Nord du Mali aux principaux animateurs de ce trafic de drogue
Ce qui l’a rendu totalement aveugle, car les informations provenant de cette partie du pays étaient profondément biaisées.
L’exacerbation des tensions inter et intra-communautaires par l’armement et le financement des milices ethniques ; qui en plusieurs cas se sont substituées à l’armée malienne.
Cette immixtion de milices dans la gestion Nord du Mali ; a brouillé la chaine de commandement militaire et a contribué à l’affaiblissement de l’armée nationale. Le Nord du Mali à la fin 2011, est un ensemble d’ilots en ébullition que les attaques du MNLA de Janvier 2012 vont contribuer à connecter pour embrasser la totalité du Pays
II- UN APERÇU SUR LES DIFFERENTS MOUVEMENT ARMEE DU NORD DU MALI
Le nord du Mali était occupé par trois principaux mouvements
- Le MNLA, Ançardine et le MUJAO, les différentes Katiba de AQMI se sont fondues dans un ou l’autre mouvement selon les affinités religieuses et/ou ethniques
- Apres l’intervention française en 2013 les mouvements d’obédience islamique ont muté vers des organisations plus laïques : Ançardine a donné naissance au HCUA, le MUJAO au MAA et le MNLA a repris le terrain
- Certains mouvements dits d’auto-défense ont commencé à déployer dans le Nord du Mali.
- Gandakoy, Ganda Izo, FACO, et MAA “loyal”
1- LE MNLA (MOUVEMENT NATIONAL POUR LA LIBERATION DE L’AZAWAD)
- Le MNLA est né en 2011 de la fusion du groupe armé de feu Ibrahim Ag Bahanga et du MNA (Mouvement National de l’Azawad) une association créée par des jeunes étudiants Touaregs
- Le MNLA a été le seul mouvement à prôner de façon ouverte la lutte armée contre l’Etat du Mali. Ainsi il offrait une plateforme pour tous ceux qui voulaient engager une lutte armée contre l’Etat du Mali. Les combattants de retour de Libye, surtout ceux regroupés autour de Mohamed Najim ont vite fait de comprendre cette « opportunité »
- Ainsi jusqu’en fin février 2012 toutes les attaques, les actions militaires, dans le Nord du Mali étaient revendiquées par le MNLA.
Il était évident que ces attaques étaient menées par des groupes qui ne reconnaissaient ni l’autorité politique de Bilal Ag Cherif (Secrétaire Général du MNLA) ni l’autorité militaire de Mohamed Najim (chef militaire du MNLA)
Le groupe le plus important était regroupé autour de Iyad Ag Ghali qui a mobilisé « les cantonnés » des accords d’Alger, les déserteurs de l’armée malienne, les combattant d’Abou Zeïd , de Abdoul Karim et des nouvelles recrues issues des tribus Ifoghas et de leurs alliés de la Région de Tombouctou
Le groupe de Iyad Ag Ghaly va se détacher très vite du MNLA prendre le contrôle des régions de Kidal et de Tombouctou sous le nom de Ançardine
Le MNLA très vite va se trouver éjecté du Nord du Mali par le MUJAO et Ançardine, il va concentrer l’essentiel de ses forces dans les zones entre Trimtrene et In Khalid (fief des Idnanes principaux pourvoyeurs des combattants du MNLA). Ce positionnement permettra au MNLA de garder une capacité de nuisance pour les trafiquants de drogue et d’engranger des financements pour assurer sa survie
Le MNLA s’est positionné comme l’allié des français lors de l’intervention de Serval, et il est évident que les services des guides du MNLA a permis aux forces françaises de minimiser leurs pertes et d’accéder à des zones très difficile, dans l’Addrar des Ifoghas
Cette collaboration avec les forces françaises a fait de certains cadres du MNLA, les principales cibles des groupes islamistes
- Aussi les personnes supposées proche du MNLA ou avoir servi de guides aux troupes françaises font l’objet d’enlèvements et d’exécutions sommaires revendiqués par es différents groupes terroristes (AQMI et MUJAO)
Les principaux animateurs du MNLA sont
Bilal Ag Cherif
Mohamed Najim
Ambery Ag Rhissa
Hassane Fagaga
Mossa Ag Assarid
Mossa Ag Attaher
2- LE HCUA (HAUT CONSEIL POUR L’UNITE DE L’AZAWAD)
Il s’agit du mouvement le mieux organisé militairement avec une forte assise sociale, et une direction politique très peu étoffée
- La faiblesse politique (communication surtout internationale) est due à la volonté des Ifoghas, de garder la direction du mouvement. Le HCUA est né de la mutation d’Ançardine qui est passé d’abord par le MIA (Mouvement Islamique de l’Azawad), et par suite le HCUA gommant ainsi toute référence à l’Islam, ce qui permet des relations moins conflictuelles avec la France
- La direction du HCUA est assurée essentiellement par les Ifoghas proche de la famille d’Intalla Ag Attaher chef de la tribu Ifoghas
- Le HCUA a beaucoup souffert de l’intervention française qui l’a obligé à cantonner ses forces laissant ainsi le terrain au MNLA
- Les évènements de Kidal du 17 mai surtout ceux du 21 mai ont consacré le retour au premier plan du HCUA qui a mené l’essentiel de la bataille de Kidal le 21 Mai 2014
- Les principaux animateurs du HCUA sont
- Alghabass Ag Intaallah
- Cheick Aoussa
- Redouane Ag Mohamed Ali
- Intalla Ag Sayedi
3- LE MAA (MOUVEMENT ARABE DE L’AZAWAD)
- Le MAA est né de la dislocation du MUJAO, après l’intervention française de janvier 2013. Il s’agit surtout du mouvement des arabes berabiches de la région de Tombouctou, et d’une partie des arabes Lamhar du Tilemsi (autour de Mohamed Ould Aiwanatt)
- Ce mouvement est proche du MNLA avec lequel il entretient des relations, et partage certains intérêts surtout pour le contrôle du trafic de la drogue
- Les principaux animateurs sont
- Sidi Ibrahim Ould Sidati
- Hami Ould Sidi Mohamed
- Dina
- Mohamed Ould Aiwanatt
4- LES MOUVEMENTS DITS, GROUPES D’AUTO-DEFENSES
- Il s’agit des milices essentiellement ethniques, encouragés et financér par les différents gouvernements du Mali, depuis l’avènement de la 3e République
- Pour les différents gouvernements il s’agit surtout de présenter la question du Nord comme un conflit entre différentes communautés, Ce qui permet de passer sous silence le déficit de justice, la mal-gouvernance et le caractère oppressif de l’Etat ; Evitant ainsi le débat de fond sur l’Etat et la forme de Gouvernance
- LE GANDAKOY
- Il s’agit de la milice originelle qui se positionne en défenseur des droits des communautés noires autochtones contre les peuplades errantes (Manifeste de 1994). Ce mouvement est essentiellement raciste, son chef historique Abdoulaye Maiga et colonel de l’armée malienne. Ce mouvement s’est affaibli au cours des ans et a été traversé par plusieurs dissidences. Actuellement il est animé surtout par maitre Harouna Toureh et Firhoun Maiga
- LE GANDA IZO
- Ce mouvement a été une dissidence de Gandakoye dirigé par Abdoulaye Diallo, cette dissidence est née pour doter les peulhs de la zone d’Ansongo d’une milice armée pour faire face aux Touaregs surtouts Dosshak. La mort de son chef militaire Abdoulaye Diallo en 2012 a fortement affaiblit le mouvement de GANDA IZO
- FACO (Front Armé Contre l’Oppression)
- Il s’agit en fait d’un embryon et d’une aile armée de Temedt. ce mouvement est surtout composé de bellahs (anciens esclaves des touaregs) ce mouvement ne semble pas être structuré, il relève beaucoup plus de la volonté d’atomiser la société touareg que de la constitution d’une force armée prête au combat. Ces principaux animateurs sont les leaders du TEMEDT
- Abdoulaye Ag Mako
- Ibrahim Ag Idbaltalet
- Mohamed Elmaloud Ag Hamada
MILICES IMGHADS
- En 2006 après l’attaque des garnisons de Kidal, Ménaka et Tessalit par Iyad Ag Ghaly, ATT a donné carte blanche à El hadj Ag Gamou pour rétablir l’ordre à Kidal. Il faut souligner que El hadj Ag Gamou était le Chef militaire de l’Arla mouvement des Imghads qui a été vaincu par Iyad Ag Ghali chef du MPA en 1994. El hadj Ag Gamou a posé comme première condition la mise à sa disposition de tous les Imghads intégrés dans l’armée malienne et le recrutement des supplétifs Imghads. Il se trouvait à la fois à la tête d’une troupe composée de militaires réguliers et de miliciens
- Cette troupe va mettre Kidal en coupe réglée de 2006 à fin 2011, procédant à toutes sortes d’exactions, d’humiliations voir d’exécutions extra-judiciaires. – Cette troupe a créé objectivement les conditions d’explosion de 2012. Ces milices existent encore de nos jours et leurs comportements ont servi de détonateur aux affrontements du 17 et 21 Mai 2014 à Kidal.
- LE MAA « LOYAL »
- Il s’agit des d’une partie des milices arabes, censées lutter contre la rébellion 2012 autour du Général Ould Meidou, et de certains repentis du MUJAO, cette milice arabe est constituée autour de Mohamed Ould Matali pour la sauvegarde des intérêts de son groupe dans les trafics de la drogue. Son aile politique est dirigée par l’ancienne garde berabiche qui a été utilisée par ATT pour attiser les contradictions inter et intracommunautaire dans la region de Tombouctou
- Le même groupe a repris le service sous IBK et est le principal animateur des affrontements actuellement autour de Tarkint-Tabankort.
- Les principaux animateurs sont
- Mohamed Ould Matali
- Hanoun
- Yoro Ould Idah récemment arrêté par Serval
- Mohamed Mahamoud El Oumrany
- Moulaye Ragani
- Il Ya aujourd’hui un mouvement mené par des personnalités politiques de haut niveau pour fédérer les milices d’auto-défense et en faire une armée parallèle dirigée par Elhadji Gamou-il s’agit là des premiers jalons d’une guerre civile
III- LE GOUVERNEMENT MALIEN
- Le principal protagoniste est le Gouvernement de la République du Mali
- En partant du postulat qui consacre que l’Etat est une continuité, nous analyserons le rôle du Gouvernement malien sans nécessairement différencier gouvernements de 2011 à nos jours
- Le postulat de la continuité de l’Etat étant d’autant plus pertinent que l’approche de différent gouvernement du Mali de 2011 à nos jours, sur la question du Nord a été caractérisé par sa constance
- l’option stratégique très claire a été l’écrasement des Touaregs quitte à les diviser à en instrumentaliser une partie contre les autres, à en copter des cadres qui vont aider à l’affaiblissement de leur société
- ATT a mis en œuvre cette stratégie jusqu’à la caricature. IBK n’y a pas tourné dos. L’arrivée de Moussa Mara aux affaires verra l’accélération de la mise en œuvre de cette stratégie forte de l’appui de sa plateforme des cadres Touaregs, l’organisation qu’il avait mis en place quand il était Maire de la Commune IV de Bamako
- Sa visite à Kidal en Mai 2014 était faite dans un but de provoquer la confrontation et en cela il pouvait compter sur son allié objectif « le MNLA ».
- En effet en Mai 2014 l’agenda de Moussa Mara et celui du MNLA coïncidait, le MNLA était manifestement en perte de vitesse et sortait d’un congrès où il était traversé par différents mouvements de contestations
- Moussa Mara venait d’être nommé Premier Ministre et rêvait de faire une action d’éclat qui allait consacrer son ancrage au pouvoir, il a envoyé des renforts importants à Kidal en prévision de sa visite
- Le MNLA, le 16 Mai avait créé des incidents à l’aéroport de Kidal en exacerbant les tentions avant la visite du Premier Ministre Moussa Mara
- Les affrontements entre les forces de défenses de sécurité du Mali et du MNLA ont débuté dans la matinée du 17 Mai ce qui ne permettait pas l’atterrissage d’un avion à Kidal
- Le premier ministre ayant connaissance de cette situation a insisté pour effectuer sa visite, sa délégation étant transportée par hélicoptère de Gao à Kidal
- Après les premiers évènements du 17 Mai 2014, Monsieur Moussa Mara triomphant est rentré à Bamako se faisant accueillit à l’aéroport de Bamako-Senou, suscitant des marches de soutien en sa faveur desquelles le slogan « Mara président-IBK dégage » fusait. La voie était toute tracée et la confrontation du 21 Mai était pratiquement inévitable car devant consacrer le triomphe de Monsieur Mara qui aurait réglé par la force le problème que personne avant lui n’a pu régler depuis 50 ans
- Le MNLA savait aussi que la présence de Gamou et de ses miliciens ne permettait plus la neutralité du HCUA qu’en cas de confrontation il engrangera seul le bénéfice d’un éventuel succès étant convaincu de l’efficacité de son système de communication
- Le Président IBK dès son élection a pratiquement durcit le ton face aux mouvements refusant toute négociation et remettant en cause de façon implicite des accords de Ouagadougou
- A notre sens cette attitude est dictée par le fait qu’il se soit coupé de tout le monde et de ne communiquer qu’avec certains de ses conseillers, qui avaient un agenda qui n’était pas un agenda de paix. Ainsi la politique du pourrissement qu’IBK a voulu jouer espérant que les mouvements allaient s’épuiser et lui tomber dans les bras comme un fruit mûr a été conseillée par ses ministres connaisseurs du Nord du Mali (son ex-ministre des affaires étrangères et l’ex-ministre de la défense)
- Le Président IBK ne s’est jamais préparé à trouver une solution négociée dans le conflit du Nord Mali, aussi la multiplicité des structures chargées du dossier du nord du Mali procède de la volonté de noyer la question et rendre caduques toutes solutions
IV- DES PISTES DE SOLUTION POUR LE PROBLEME AU NORD DU MALI
Nous en identifierons deux
- les solutions d’urgence
- les solutions à moyens et long terme
1 LES SOLUTIONS D’URGENCE
- Les solutions sécuritaires : la sécurité est aujourd’hui la première demande dans la région du nord. Trop longtemps la sécurité des uns a représenté l’insécurité pour les autres
- les populations arabo-touaregs se sentaient en sécurité lors de la période dite d’occupation car elles se reconnaissaient dans les hommes en arme chargés de la sécurité du Nord du Mali. Inversement les populations sédentaires se sentaient en insécurité et une grande partie à migrer vers les zones sous le contrôle de l’armée malienne
- Le redéploiement de l’armée malienne dans le nord du Mali suite à l’opération Serval a entrainé un exode massif des populations arabo-Touaregs vers des pays voisins ou vers des zones hors du contrôle de l’armée malienne
- Les populations sédentaires sont revenues dans leur ville et village où elles se sont senties en sécurité sous la protection de l’armée malienne. En fait il s’agit simplement de la construction de force de défense et de sécurité qui seront dévolues à la protection de tous les maliens. Il s’agit simplement de rétablir les principes de base du traitement égal pour tous les citoyens. Cela semble évident il s’agit là fondamentalement de l’origine de l’instabilité dans le nord du Mali. Comment y parvenir ? Nous le développerons dans un article futur
- Les solutions humanitaires : la première des choses à faire c’est de permettre le retour des déplacés et des refugiés sur leurs sites d’origine ce qui permettra de consacrer la normalisation. Ce retour doit se faire accompagner de la viabilisation des différents sites (eau) et des mesures pour permettre aux communautés de revivre ensemble des: forums et discussions infrastructures communautaires. Le repeuplement de l’espace qui sera réalisé par le retour des réfugiés et déplaces est aussi un appui à la sécurité car les sources humaines sont les meilleures sources d’information.
1- DES MESURES A MOYENS ET LONG TERME
- Les mesures ponctuelles
- Les mesures structurelles
- Mesures ponctuelles : le Nord du Mali est aujourd’hui un ensemble d’îlots de tensions qu’il faudrait éteindre durablement. Parmi les grands chantiers nous en identifierons 02 à titre d’exemple
• Le trafic de la drogue : il s’agit d’une activité hautement lucrative exercée par des barons qui ont constitué des milices pour sécuriser leurs activités
• Les conflits entre les différents barons de la drogue qui sont toujours très violents débordent très vite sur des affrontements intra et intercommunautaires. Ces barons de la drogue ont infiltré les plus hautes sphères de l’Etat rendant impossible toute décision de justice créant ainsi des profondes frustrations aux seins des populations
• A titre d’exemple les affrontements actuels en cours dans le secteur Tarkint-Tobankorte ne sont que des conflits pour le contrôle du point de passage d’Inkhalid
• Conflit Imghad Ifoghas : ce conflit tire sa source dans les enfrontement entre l’ARLA et le MPA dans les années 1993-1994.
• En effet en 1991 les Imghads ont créé un mouvement armé dénommé ARLA (Armée Révolutionnaire pour la Libération de l’Azawad) mouvement dirigé par Abdrahamane Galla, El Hadj Gamou et Sidi Mohamed AG Ichrach
• Ce mouvement avait pour objectif entre autre de mettre fin à la suprématie des Ifoghas dans l’Addrar, très vite il croisait le fer avec le MPA (Mouvement Populaire de l’Azawad) composé essentiellement d’Ifoghas et dirigé par Iyad Ag Galy
• Ces affrontements se terminèrent en octobre 1994 par la défaite de l’ARLA
• Il faut souligner qu’au cours de la période 1993-1994 le MPA a bénéficié de soutien logistique financier et aussi en hommes de la part de l’armée malienne
• En juin 2006 suite aux attaques des casernes Ménaka, Kidal et Tessalit, ATT fit appel à El Hadj Gamou pour mettre aux pas les Ifoghas.
• Ainsi le conflit Ifoghas-Imghads se trouve largement amplifié par l’immixtion des différents gouvernements du Mali
• Il y a lieu aujourd’hui de demander à l’armée malienne de se désengager du conflit de Kidal entre Ifoghas-Imghad et en laisser la gestion à l’administration locales et aux structures locales de médiation
• Les mesures structurelles : il s’agit de la refondation de l’Etat
- Les gouvernements successifs du Mali ont contribué à l’affaiblissement des pouvoirs locaux
- Ainsi sous la deuxième république une grande partie du pouvoir des chefs locaux a été exercé par l’administration d’Etat (commandant, gendarme, juge)
- Sous la troisième république, l’administration a été érigée en science et non en art c’est-à-dire, l’administrateur planifie, décide en ignorant les pouvoirs locaux (chefs traditionnels)
- Les chefs traditionnels se sont trouvés décrédibilisés et la société a perdu une grande partie de ses repères ; l’administration s’est coupée de ses meilleurs relais
- La décentralisation avec les pouvoirs locaux, a fini de déstructurer les pouvoirs traditionnels par l’émergence de nouveaux leaders produits des combinaisons politiques le plus souvent avec très peu de légitimité
- Le nouvel Etat doit être l’émanation des populations et non une excroissance chargée de les contrôler voire les oppresser. L’élection du maire au suffrage direct pourrait apporter une correction aux déviances du scrutin indirect et permettre l’émergence des leaders locaux crédibles
- L’élection du maire au suffrage direct pourrait apporter une correction aux déviances du scrutin indirect et permettre l’émergence des leaders locaux crédibles
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V- LES INFFLUENCES EXTERIEURES
- La présence des forces onusiennes et françaises au Mali joue un rôle dans l’évolution du conflit dans le Nord du Mali.
- Serval dans sa première phase d’intervention Janvier 2013- Mars 2014 a obligé les différents mouvements à cantonner leurs forces à la lisière du Sahara dans la région de Tombouctou, et dans l’Addrar dans la région de Kidal
- L’armée malienne a bénéficiée de ce cantonnement de fait pour se déployer sur l’ensemble du territoire national, hormis Kidal que les français de façon symbolique ont voulu préserver pour ne pas être taxés de complices, d’assassinats et d’exécutions extrajudiciaires
- Il faut souligner que l’armée dans le sillage de Serval a commis des exactions à Gossi, Sevaré, Léré, Tombouctou
- Très vite l’enclave de Kidal est devenue symbolique et a cristallisé toutes les tensions. En aucun moment le gouvernement du Mali n’a cherché une solution négociée pour pacifier Kidal
- Pour les différents gouvernements la seule solution acceptable est la solution militaire. Enfaite Kidal est loin de représenter le nord du Mali encore moins la communauté touareg, mais la fixation autour de Kidal illustre bien les passions et le peu de discernement dont font preuve nos gouvernements dans la gestion de la question touareg
- La France en prenant l’engagement de lutter contre le terrorisme dans le sahel a pris un pari risqué
- Le premier risque c’est d’abord l’extension du champ de confrontation avec le terrorisme, ce champ limité au nord du Mali, est étendu aux pays de l’opération Berkhane (Niger, Tchad, Mauritanie, Burkina-Faso)
- L’autre risque pour la France au Sahel est la situation intérieure des pays couvert par l’opération Berkhane
- Le Mali : pays de concentration de l’opération Berkhane et champ d’expérimentation de la nouvelle forme de lutte contre le terrorisme, le Mali est profondément instable
- Le Président IBK plébiscité en Aout 2013 a vite dilapidé son capital confiance, la gestion catastrophique de la question du nord qui a culminé avec les évènements de Kidal, du 17 et 21 Mai les différents scandales financiers cumulés en si peu de temps et sa propension à l’exercice solitaire du pouvoir en ont fait la cible de toutes les critiques
- Pour IBK aujourd’hui la question du nord sert plus à détourner l’attention des maliens des vrais problèmes
- coût de la vie, chômage, extrême pauvreté, pillage des ressources naturelles en un mot la mal-gouvernance
- Le pire des scenarios serait une contestation populaire contre le régime en place et contre laquelle aucune force extérieure ne saurait intervenir, ce scenario est aujourd’hui plus que plausible
- Le Niger : la situation politique au Niger semble se stabiliser, toute- fois l’épreuve de force engagée entre le Président de l’Assemblée Nationale et le Président de la République en prévision des futures élections Présidentielles, créé des brèches dans cette stabilité
- Le Niger est fortement menacé par sa longue frontière avec la Libye qui est devenue pratiquement incontrôlable, qui semble être aujourd’hui la source de beaucoup de périls
- Une rupture de la légalité constitutionnelle au Niger qui en est coutumier serait une grosse épine au pied de Berkhane
- Le Tchad : le Président Deby a stabilisé le Tchad en le dotant d’une armée forte disciplinée et qui lui est très loyale
- Toutefois la stabilité du Tchad semble tenir par la personne de Monsieur Deby. La France avec son niveau élevé d’exigence de démocratie ne saurait tolérer le maintien indéfiniment d’un homme au pouvoir par la voie des constitutions sur mesure
- Le Burkina-Faso : le Président Blaise Compaoré fait face à une contestation interne très forte menée par certains de ses plus proches collaborateurs. La situation au Burkina parait plus facile à gérer il s’agit de trouver une porte de sortie honorable à Blaise et permettre l’émergence d’un leader consensuel et qui n’opérerait pas une rupture avec la France
- La Mauritanie : le Président Ould Abdel Aziz est élu pour un mandat de 05 ans
- La Mauritanie est une mosaïque difficile à cerner, toutes fois le conflit entre Maures et Négro-africains a généré deux blocs relativement homogènes
- Aussi les maures, feront tout pour ne pas perdre le pouvoir en Mauritanie. La Mauritanie est dans une situation de fragilité géographique
- longue frontière avec le Mali, avec l’Algérie (coté Tindouf) et frontière avec le Sahara Occidental, la Mauritanie est pratiquement cernée par des foyers de conflits
- L’opération Berkhane pour s’assurer le succès doit s’assurer un ancrage auprès des communautés locales c’est-à-dire auprès des leaders traditionnels, religieux, politiques aussi car il s’agit là de stabiliser une situation sur le long terme et pas seulement d’identifier et de neutraliser des groupes terroristes
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