jeudi 7 août 2014

Le chef des Touaregs islamistes est de retour

Le chef des Touaregs islamistes est de retour

Capture d'une image d'Iyad Ag Ghali, le leader d'Ansar Dine dans une vidéo mise en ligne le 29 juillet sur les réseaux jihadistes.
Capture d'une image d'Iyad Ag Ghali, le leader d'Ansar Dine dans une vidéo mise en ligne le 29 juillet sur les réseaux jihadistes. Crédits photo : capture youtube
Surnommé le «renard du désert», Iyad Ag Ghali, réapparaît 18 mois après la déroute des djihadistes face à l'armée française dans le nord du Mali pour appeler dans une vidéo à «faire face à l'agression» de Paris.





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Une kalachnikov posée à sa gauche, le drapeau d'Ansar Dine (groupe islamiste armé du Mali du Nord) à sa droite, la barbe longue et la moustache rasée: Iyad Ag Ghali, ex-leader de la rébellion touareg versé depuis son retour d'Arabie saoudite dans l'islamisme, est réapparu après plus de deux ans de silence dans une vidéo publiée fin juillet sur les réseaux djihadistes. Sa diffusion, par al-Andalus, réseau officiel d'al-Qaida, et sa scénographie, caractéristique de l'organisation terroriste, laissent penser qu'Iyad Ag Ghali et son groupe ont scellé une nouvelle alliance avec Aqmi.

Dans son message, l'émir, contrebandier emblématique de la région des Iforas dans le nord du Mali et intermédiaire de toutes les négociations, appelle, dans des éléments de langage aussi empruntés à Aqmi «tout le peuple musulman dont l'honneur a été bafoué par les Français et leurs alliés» à «faire face ensemble à l'agression des croisés contre l'Azawad». Celui qui se fait appeler Abou al-Fadl et espère «la victoire de tous les émirats islamistes dans le monde» justifie sa sortie comme une réponse à «la campagne de désinformation menée par les médias occidentaux pour décrédibiliser son groupe» et affirme «Nous n'avons pas abandonné notre but suprême: l'instauration de la loi de Dieu sur tout le territoire.»

Allié d'al-Qaida

Cette vidéo survient à un moment important des négociations entre les groupes séparatistes du nord du Mali et Bamako, décidées lors de la Déclaration d'Alger, le 9 juin dernier. Après un premier round en juillet, à l'issue duquel les parties se sont engagées à cesser les hostilités, de nouveaux pourparlers doivent se tenir du 17 août au 11 septembre, puis en octobre à Bamako, arbitrés par l'Algérie qui entend bien garder la main sur cette médiation. Un dialogue auquel n'est pas convié Iyad Ag Ghali, recherché par Interpol depuis 2013 et inscrit sur la liste noire des organisations terroristes. En janvier 2013, ce sont ses hommes qui avaient déclenché l'offensive djihadiste. La France avait réagi en entrant en guerre et en prenant le contrôle du Mali du Nord.

«Alors qu'il était très proche des Algériens, qu'il n'a revendiqué aucune attaque contre la France et ses alliés pendant l'opération “Serval”, se démarquant ainsi des autres djihadistes, il a très mal vécu d'avoir aussi été écarté des réunions informelles qu'Alger organisait avec les autres groupes armés du Mali du Nord», commente un membre des services de renseignements algériens. «Tout laisse penser que c'est ce qui l'a incité à passer une nouvelle alliance avec Aqmi» poursuit-il. Mohammed Ag Aharib, ex-bras droit d'Iyad Ag Ghali aujourd'hui porte-parole du Haut Conseil pour l'Unité de l'Azawad, estime pour sa part que «quelle que soit l'issue des négociations, il faudra compter avec lui car sa légitimité aux yeux de la population de l'Azawad est intacte.»

C'est d'ailleurs, selon un proche des mouvements islamistes, ce qui intéresse le plus al-Qaida. «L'organisation veut montrer à l'État islamique que s'il a des hommes en Syrie et en Tunisie, c'est elle qui a le plus d'hommes au Sahel. Et pour cela, elle a besoin d'Ansar Dine. Car même si “Serval” a porté un coup aux djihadistes, le groupe d'Iyad Ag Ghali compte encore près de 800 hommes contre moins de 700 pour Aqmi.»

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