Derrière le masque de l’armée anti-terroriste Résumé : La thèse officielle de la France : son but est la reconquête du nord du Mali contre les islamistes et la réunification de tout le Mali pour libérer le peuple malien des terroristes. Selon nous, il n’en est rien : son but est la reconstruction de l’Etat et des classes dirigeantes maliennes pour que cet Etat continue de défendre les intérêts français et que ceux-ci ne soient pas mis en cause en Afrique... Par conséquent, sa vraie guerre est au sud et contre la révolution sociale !
Les enjeux maliens, algériens, nigériens, africains... et français de la guerre de l’impérialisme français au Mali
Dans l’intervention militaire de la France au Mali comme la réaction de l’Etat algérien suite à l’action d’un groupe terroriste dans le site gazier, tout est loin d’avoir été dit et il est évident que des pays en guerre se gardent de raconter des vérités et de rapporter leurs vrais buts et leurs vrais ennemis. La France de Hollande, les USA d’Obama et l’Algérie de Bouteflika sont loin d’y faire exception comme on va le voir…Bien sûr, les USA trouvent parfaitement normal que l’Algérie agisse de manière très ferme contre des terroristes prenant en otage les travailleurs occidentaux travaillant sur un site gazier algérien. La France félicite même l’Algérie pour sa fermeté. Logique puisqu’elle-même est, paraît-il, en pleine guerre violente contre le terrorisme des bandes armées qui occupent le nord du Mali, étant immédiatement intervenus dès l’annonce qu’un groupe menaçait le sud du pays…
Tout cela, c’est bien entendu la thèse officielle.
Par contre, il y a des petits manques dans ces déclarations et nous allons nous permettre de les signaler…
Tout d’abord, les troupes françaises s’étonnent, disent-elles, des grandes compétences militaires des bandes armées qui occupent le nord Mali. Tiens donc ! D’où viennent ces grandes compétences ? Pas de l’armée malienne semble-t-il même si les « bandes armées terroristes » en question sont constituées notamment de 1600 soldats de l’armée malienne formées par la France durant de longues années. Mais pas seulement.
En effet, il est un sujet tabou en France : la politique des USA depuis une dizaine d’années qui prétendait sécuriser le Sahel. Et dans cette politique, la formation par les USA d’une armée touarègue dite de "contre-terrorisme" fondée notamment sur des gradés maliens. Il n’en est jamais question dans la presse française ! Pourtant, la presse américaine en faisait état comme le New York Times du 13/01/2013 qui rappelait que quatre des commandants d’armée formés par les USA et préparant le « contre-terrorisme malien » étaient passés à l’ « ennemi islamiste ». Comme Ben Laden en somme… Il y a donc une petite armée américaine dans ces "bandes islamistes" qui occupent le nord du Mali et ils étaient au départ chargés par les USA de fomenter le contre-terrorisme dans le Sahel... Il faut y rajouter des bandes armées venues de Libye et soutenues par la France et les USA pour faire pièce à Kadhafi !
Mais tout cela n’est que de la petite histoire, juste une manière de rappeler qu’il n’existe pas de vérité, même dans un pays soi-disant en pleine démocratie et dans laquelle a cours la liberté de l’information comme... la France et surtout pas si ce pays entre en guerre. La presse a aussi la liberté d’écrire en s’appuyant sur les communiqués de l’AFP, du gouvernement et de l’armée. La presse est de gauche ou de droite, donc pro-intervention dans les deux cas.
Il faut souligner qu’il n’y a pas meilleur soutien de Hollande que le journal de droite Le Figaro qui remercie Hollande d’avoir « décomplexé » les interventions militaires étrangères de la France et déclare que « La détermination dont fait preuve le président Hollande mérite d’être saluée. » Le Figaro ne peut être soupçonné de favoriser le gouvernement Hollande mais il ne peut pas non plus dire autre chose, alors que depuis des mois il appelle de ses vœux une telle intervention, l’annonce, la prépare en donnant la parole à l’Etat-Major des armées qui l’a toujours défendue.
Oui, ce n’est pas un 10 janvier 2013 que cette intervention militaire a été décidée à l’annonce de troupes islamistes attaquant la ville de Konné…
Il n’aurait d’ailleurs pas été possible, dans ce temps record, de mobiliser de tels moyens venus des quatre coins de la planète et de les envoyer en 24 heures sur le Mali, après avoir obtenu le feu vert des USA…
Pas possible non plus que les USA qui disposent sur place de tous les moyens d’observation aient déclaré n’avoir constaté absolument « aucune action des groupes armés occupant le nord du pays »… Il doit y avoir quelqu’un qui ment dans l’affaire ! D’autant qu’Obama avait conclu sa communication avec Hollande sur un demi feu vert à l’intervention conditionnant qu’elle soit liée à une intervention africaine et liée à un gouvernement démocratiquement élu au sud, position officielle depuis de longs mois alors que la France piaffait d’impatience à intervenir…
Pas moyen de croire non plus que la France s’était seulement préparée à être un soutien logistique de troupes africaines et n’avait changé son fusil d’épaule qu’à l’annonce d’une attaque terroriste menaçant la capitale du fait des faiblesses de l’armée malienne, envoyée sur place sans munitions…
Croire sur parole les chefs d’Etat, de la France comme des autres puissances, dans cette affaire serait un peu naïf !
Les forces spéciales des armées françaises sont sur place au Mali, préparant l’intervention militaire française, au moins depuis septembre 2012 où des articles du Figaro l’annoncent ouvertement en disant d’ailleurs qu’ils n’ont pas vocation à intervenir seuls... Sous-entendu, le reste de l’armée devra suivre mais ce n’est pas encore officiel puisque ce qui a été voté par la communauté internationale est une intervention africaine et exclusivement africaine. Les forces spéciales françaises ont notamment constitué une base hors de la capitale parce que la population de Bamako refusait toute intervention militaire étrangère. Cette base, on le sait maintenant, était située à Sévaré. La thèse officielle est que ce site mis en place par le Commandement des Opérations Spéciales avec une piste pour des avions gros-porteurs, le nec plus ulta des généraux français pour accueillir des moyens militaires français…
Les forces spéciales françaises ne s’en sont pas tenus là. Elles ont leurs propres faux groupes terroristes qui interviennent au nord Mali sous le prétexte de sécuriser au moment venu les Français enlevés. Ce sont des Merah que la France a formé sur son sol pour ce type d’opérations et qui appartiennent à la DGSE-DCRI… Là encore, silence des média. Pourtant un gradé, issu des milieux franco-maghrébins, formé pour cela avait été à la une de l’information parce que les jeunes futurs officiers de l’école Saint-Cyr lui avaient fait la peau, croyant avoir parmi eux un élément des banlieues…
Donc la France n’a pas changé d’un seul coup de politique, passant de la non-intervention directe à la guerre totale.
Tout est faux dans ses déclarations : sa non-intervention et la guerre totale qu’elle prétend mener contre les groupes islamistes qui occupent le nord…
En Vingt-quatre heures, la France aurait tourné de politique, disposant quasi immédiatement de douzaines de Mirage, d’avions de transport, d’un C-135 pour le ravitaillement en vol, d’un Atlantique-2 et des informations du satellite Pléiade pour sécuriser de manière aérienne l’opération et on en passe pour les troupes à Niamey, au Tchad, au Burkina été ailleurs déjà prêtes et équipées de pied en cap. Non, l’armée française n’a pas ce type de disponibilité immédiate !!!
Il aura suffi que, le 10 janvier, le président malien Dioncounda Traoré appelle François Hollande, confirmé de plus par la demande du chef d’Etat nigérien, les deux à la botte de la France et de l’appui indéfectible tchadien pour que la France entre en guerre alors que les puissances africaines de la Cédao dont on ne cessait d’entendre parler ne soient nullement consultées, le Burkina Faso continuant, au nom de la Cédéao, ses négociations avec les bandes armées du nord… Plus question de prétendre que c’est elles qui décidaient ce qui allait se faire au Mali, elles ne sont même pas averties de l’attaque française ! Tout ces « détails » ne seront jamais relevés par une certaine presse française….
Officiellement à ce stade, le gouvernement français qui a déjà lancé ses avions, ses troupes, prétend tenir un conseil de défense qui affirme qu’il va discuter la réponse de la France à la « demande malienne ». Notons au passage que le « président par intérim » Dioncounda Traoré n’a nullement les pouvoirs d’appeler à l’intervention française. Il a été nommé à l’extérieur du pays et n’a aucun pouvoir officiel de ce type… On n’est pas à cela près. Se contenter de l’attaque des islamistes menaçant le sud Mali ne permet pas de le comprendre les raisons de l’intervention française. D’un côté on nous dit maintenant que l’armée malienne va maintenant être en état d’attaquer les villes du nord avec juste un appui français, de l’autre on nous dit que cette armée malienne était incapable de contenir seulement l’offensive vers Bamako…
Dans l’affaire algérienne aussi, celle de l’attaque du site gazier, il y a aussi plus d’ombre au tableau que d’éclairages ! C’est le moins que l’on puisse dire…
Curieux par exemple que ce soit l’intervention d’une grande masse de gendarmes venus par hasard dans ce lieu désertique où personne ne les attendait à une distance considérable de leur caserne et de toute caserne, qui ait amené le groupe terroriste à se réfugier dans le complexe gazier, prenant ainsi en otages les occidentaux travaillant sur ce site du trust pétrolier BP. Mais passons. Ce n’est qu’une des multiples bizarreries de l’histoire….
Les gouvernants notamment anglais, japonais et même américains soulignent l’empressement des autorités algériennes d’attaquer sans négocier, sans tenter de libérer le maximum d’otages avant l’attaque. Ils l’attribuent, comme les média français et les commentateurs algériens, à une « tradition » dure du pouvoir algérien, les généraux ne négociant paraît-il jamais avec les terroristes. C’est oublier les années et les années de négociations avec les terroristes notamment à l’époque du président Zéroual puis celles menées par le président Bouteflika et les accords récents de ce dernier avec de nombreux anciens chefs terroristes… Si le choix de ne pas négocier avec les terroristes a été présenté comme la marque du pouvoir algérien, c’est pour mieux éviter de montrer que ce choix est une défaite de la stratégie américaine de négociation avec les groupes armés du Sahel et une victoire de la stratégie militaire française. L’Algérie est revenue dans le giron de l’impérialisme français...
Une des points qui le montrent aussi, c’est que le gouvernement algérien lui-même a confirmé officiellement son autorisation de survol du territoire algérien pour l’aviation française attaquant notamment les islamistes à Gao. C’est même avec cette information et sous ce prétexte que les groupes armés islamistes ont attaqué le site gazier, permettant à Bouteflika de rendre officiel son engagement aux côtés de la France sans être accusé de rompre sa position nationaliste ferme qu’il affichait peu avant, lors de ses entretiens au sommet avec les USA et la France.
Pourtant, tout prouve, y compris les images du commandement de défense français, que l’intervention aérienne française n’est pas passée en survolant l’Algérie mais que les quatre Rafales sont partis de Saint-Dizier pour atteindre Gao au Mali puis N’Djaména au Tchad en passant à l’ouest par le Maroc ! L’attaque du site par les forces armées algériennes est un acte d’allégeance à la France et rien d’autre.
Mais la France n’avait pas militairement besoin de l’aide algérienne et l’Algérie a pu maintenir sa thèse officielle jusqu’au bout : celle de a non-ingérence dans les affaires extérieures et dans les guerres extérieures. Tout prouve en effet que les autorités algériennes ont maintenu leur refus de passage de blindés français et d’avions français et que la France n’avait nul besoin réel de passer par l’Algérie. Qui cherche-t-on à tromper dans ces opérations où chaque puissance doit mentir à son opinion autant qu’aux autres puissances ?
Tout prouve que, dans l’attitude des autorités algériennes, il y a un message vis-à-vis des puissances anglo-américaines-japonaises qui exploitent le pétrole et le gaz algérien, message selon lequel leurs ressortissants ne sont plus protégés en Algérie, message qui ne s’adresse par contre pas à la France… Il y aurait là un retournement d’alliance marqué par le dernier passage des autorités françaises en Algérie qu’on s’y tromperait….
Cessons de relever les contradictions des discours officiels pour examiner quels peuvent bien être les buts de la France dans cette guerre qu’on nous annonce d’avance dure et longue.
Tout d’abord, il faut souligner que, si l’impérialisme français semble agir en lieu et place de la fameuse communauté internationale, celle-ci n’a nullement été consultée véritablement auparavant, et surtout pas la communauté des états africains…. Cela a par contre été relevé par la presse, sans être pour autant expliqué : la France intervient militairement en solo !
Mais le plus important est ailleurs. Ce sont les motivations de l’impérialisme français et celles des autres puissances dans toute cette affaire qui nécessitent un peu d’éclairage et qui ont été maltraitées par les « informations » données par les gouvernants.
Il convient de dire quel intérêt peut bien avoir la France de cette intervention sans aide extérieure alors qu’auparavant sa thèse officielle était : pas d’intervention française et uniquement une intervention africaine…
Comment se fait-il que, vis-à-vis des autres pays, la France puisse se permettre un tel retournement et quel intérêt y a-t-il pour la France à cette attaque militaire ?
Tout d’abord, il y avait là une occasion à saisir, une fenêtre de tir comme disent les militaires… Et les chefs militaires français sont certainement à l’origine de la décision de Hollande. Ce sont eux qui l’ont provoquée et c’est la raison des félicitations non hypocrites du journal de droite Le Figaro, proche de l’Etat-Major militaire français et de la direction des services spéciaux de l’armée.
En effet, la France a profité du fait que la communauté internationale semblait impuissante, les troupes africaines étant incapables de donner une date pour leur intervention, dont le principe avait pourtant été voté par tout le monde, ONU comme Cédéao, c’est-à-dire les puissances africaines. Mais les troupes africaines attendaient, disaient-elle encore récemment, les moyens financiers de leur attaque et les garanties de succès face à des islamistes que l’on disait super armés et ayant facilement battu l’armée malienne. Les USA ou les puissances européennes affirmaient ne pas être en disposition d’intervention mais seulement d’appui technique ou logistique.
Mais quels buts pour cette intervention. Tout le monde veut croire que l’objectif est de sauver un peuple d’un terrorisme qui le menace alors qu’il n’en est rien. Le vrai but de l’impérialisme français consistait à retourner la situation sociale et politique explosive de Bamako et du sud du Mali. L’une des bases essentielles de la révolte au sud était l’incapacité de l’Etat malien et des classes dirigeantes de défendre les populations du nord contre les bandes armées. En prétendant intervenir pour reconquérir tout le nord du Mali, la France reçoit inévitablement le soutien des populations du sud et elle compte bien s’en servir pour en finir avec la déstabilisation politique au sud… Par contre, elle sait qu’il serait difficile de battre les bandes armées du nord mais aussi que personne ne lui reprochera quand elle dira que cela dépasse ses seules forces et qu’elle a sauvé au moins le sud d’une invasion assurée… Pour le moment, la France se contente de se glorifier d’avoir « repris » Diabali alors qu’elle n’a pas eu à reprendre cette ville que les terroristes ont quitté après le bombardement… Pour le reste, la France se garde bien d d’attaquer le nord.
Pour le moment, la France annonce la guerre à outrance contre le nord mais se garde bien de s’y engager. Elle fait d’autant plus de publicité à la « reprise » de Diaballi ou de Konné que, dans ces villes, elle n’avait pas eu à combattre et seulement à annoncer aux troupes maliennes qu’elles pouvaient à bon compte s’y refaire une popularité. Quand cet objectif sera réglé, on ramènera ces troupes « victorieuses » dans quelques villes du nord se faire un bain de foule à Bamako pour remettre un régime militaire malien à la solde de la France et le tour sera joué. On n’aura pas du tout libéré l’ensemble du Mali des troupes islamistes mais ce n’est pas le but…
Le feu vert d’Alger provient de ces calculs car l’Algérie ne veut surtout pas que ces bandes armées refassent le chemin inverse vers l’Algérie….
Donc la France annonce d’autant plus fort son intention de porter la guerre au nord qu’elle ne l’y porte pas… L’Algérie est d’autant moins gênée par la politique française qu’elle ne la gêne pas dans on alliance de fait aux groupes terroristes.
L’armée française a donc pu entrer sans difficulté avec la population malienne et même avec un relatif soutien momentané et d’autant plus que cette population a été affolée à l’idée que les bandes armées islamistes menaçaient la capitale malienne ce qu’elles étaient en fait très loin de faire….
C’est la France, et son pantin malien Dioncounda, qui monté ce mensonge et pour le moment cela lui a réussi. Reste à voir si elle va parvenir à désamorcer la bombe sociale et politique de Bamako…
Quant à permettre véritablement à l’armée malienne ou aux armées africaines de battre définitivement les bandes armées islamistes qui occupent le nord, tel n’est pas réellement le but des impérialismes, pas plus de la France que des autres….
Ainsi ni la France ni les USA, ni l’Angleterre, ni l’Europe, ni les Etats africains n’ont souhaité armer les troupes maliennes que chacun reconnait comme étant sous-armées et sous-équipées. Quand on pense que les USA viennent de fournir sans paiement et sans condition deux cent chars au Liban pour faire face à la Syrie d’Assad soutenue par la Chine et la Russie !!! Donc l’affichage guerrier anti-terroriste de la France n’est pas à prendre au pied de la lettre. Il est indispensable à ce pays pour remettre la main sur le pouvoir malien, casser la révolte à Bamako et rendre à la France cette mainmise de la Françafrique qui était menacée. Si le Mali cessait de faire partie du pré carré français, le Niger lui-même était menacé. Mais qui menaçait la France ? Pas les islamistes mais les autres impérialismes ! Américain, chinois, anglais, etc… Comme à Alger d’ailleurs !
Et l’offensive française a lieu aussi à Alger. Ce sont les intérêts français qui sortent vainqueurs pour le moment du bras de fer à Alger même si on a bavardé des liens avec les USA. Hollande sort en tête des relations avec l’Algérie et la répression au site gazier en est une démonstration : les autres puissances n’ont même pas assez de relations avec le pouvoir algérien pour être tenues informées du sort de leurs ressortissants sur place. Et encore, ils ont pu apprendre l’attaque algérienne uniquement parce que le trust anglais BP avait des employés sur place qui les en tenait informés. Le pouvoir algérien n’a discuté qu’avec l’impérialisme français et la presse américaine parle de refroidissement avec les autorités algériennes depuis la dernière visite d’Etat américaine en Algérie.
Il y a de nombreux signes qui ne trompent pas et montrent que l’impérialisme français agit en solo au Mali et pas réellement l’appui des autres impérialismes. Par contre, comme le but de la France est de désamorcer une situation potentiellement révolutionnaire à Bamako, la France bénéficie inévitablement du soutien des impérialismes ou, au moins, de leur passivité. C’est à Bamako que la France veut rétablir l’ordre social et politique et remettre sa mainmise. Si elle le peut… Il n’est nullement certain qu’elle y parvienne car, quand les classes dirigeantes n’ont plus de crédit, il est difficile de le rétablir !
La nécessité de "rétablir l’ordre à Bamako" est un objectif dont la France ne se cache pas. L’ambassadeur de France Christian Rouyer ne cesse de le dire de manière plus que ferme : "Le front des agitateurs et autres ennemis est averti : l’armée française n’est pas venue pour amuser la galerie et aucune autre manifestation ne devra être tolérée à Bamako avant la libération du nord" a-t-il déclaré le 14 janvier à Bamako. C’est dire qu’il se donne du temps pendant lequel il n’y aura plus de droit démocratique à Bamako sous le prétexte que le nord ne sera pas libéré, temps de la dictature que la France compte mettre à profit pour se débarrasser des empêcheurs maliens de tourner en rond au service de l’impérialisme.... Suivez mon regard !!!
En tout cas, c’est ce rôle contre-révolutionnaire de la France au Mali que les impérialismes occidentaux soutiennent, et ne peuvent que soutenir, même si cela nuit à leurs calculs précédents, dans l’intervention militaire française. La France de Hollande le savait en leur imposant son intervention militaire même si elle allait contre toutes les décisions précédentes de la communauté internationale et les intérêts directs de certaines d’entre elles. Seule la Russie a ouvertement affirmé être contre l’intervention française. Le plus remarquable, c’est que l’Algérie n’ait pas protesté, ce qui montre à quel point Hollande était parvenu à un accord avec Alger.
Il faut avoir conscience qu’Hollande connaît bien les classes dirigeantes et les généraux algériens, qu’il ne les a pas découvert en devenant président. Il a fait ses classes d’homme d’état en se retrouvant, aux pires moments, à Alger à participer à la politique de la France en Algérie, en plein dans les années de plomb de la dictature algérienne cautionnée par le France de Mitterrand. Il était à l’époque à l’ambassade de France, lors de la « guerre contre les civils » et la France que défendait Hollande aidait les généraux algériens en leur fournissant des tueurs serbes pour massacrer à Bentalha et en accuser le FIS… La terreur d’état des généraux algériens et leur jeu avec les islamistes, Hollande la connaît et il a appris à s’appuyer dessus pour mener la politique de l’impérialisme français et il veut, beaucoup plus que Sarkozy, défendre les intérêts particuliers de la France face notamment aux USA. C’est de cale qu’il est félicité par Le Figaro, journal qui a toujours pris parti pour les intérêts particuliers de la bourgeoisie française, y compris contre l’impérialisme américain…
Ce n’est pas seulement tous les partis politiques bourgeois qui félicitent Hollande. Toute la grande bourgeoisie française est de son côté. Il a certes été présenté comme un social-démocrate, un mou, qui négocie, qui recule, qui change d’avis. Il s’avère, aussi bien dans les négociations avec les patrons et les syndicats, comme un chien de guerre de la bourgeoisie, bien plus efficace pour cela que les politiciens de droite, qu’un Sarkozy notamment, bien plus dangereux pour les travailleurs et les peuples. Il faut noter qu’il a débuté quatre guerres en Afrique sans que personne ne le lui reproche sans que l’on accuse la françafrique. C’est de cette guerre extérieure décomplexée que Le Figaro le félicitait aussi…
Ce sont les intérêts généraux de la bourgeoisie que défend efficacement Hollande, aussi bien en imposant la flexi-compétitivité contre les contrats de travail qu’en imposant ses guerres en Afrique noire pour la défense des intérêts de l’industrie du nucléaire, du gaz et du pétrole au Mali, au Niger et en Centrafrique, qu’en faisant réussir la bourgeoisie française du pétrole en Algérie. C’est là que sont les buts de l’impérialisme dans l’opération en cours. La nouvelle posture de la France lui a permis de reconquérir la primauté au Niger avec un nouveau contrat pour l’uranium, avec des troupes françaises en échange pour garantir le pouvoir du dictateur et sa sympathie pour la France et son trust Areva. Au prix aussi de 35 milliards d’euros de "compensations" pour un retard de profits... Voilà le type de buts de l’impérialisme qu’il entend couvrir de sa "guerre anti-terroriste"...
Il importe que les travailleurs, de France comme du Mali, le comprennent pour ne pas être dupes des politiques qui vont être menées ensuite…
Dans la guerre du Mali, tout le monde joue au poker menteur. Le plus menteur et qui croit tenir les cartes essentielles, l’impérialisme français, n’est sans doute pas le moins dupe de la situation comme il l’avait prétendu et probablement cru. Hollande a suivi ses généraux et ses services spéciaux qui étaient les mêmes que ceux de Sarkozy et qui l’ont poussé à intervenir dans l’intérêt particulier de l’impérialisme français et, pour une question particulière, dans celui général de l’impérialisme pro-occidental, et même de toute la bourgeoisie dans un cas spécifique. Mais il est peut-être davantage le dindon de la farce qu’il n’y paraît de prime abord.
L’impérialisme français a donc pensé avoir dupé tout le monde car tout était fait pour qu’aucune puissance ne soit en état d’intervenir militairement et il a pensé avoir trompé tout le monde. Il semblait impossible qu’une intervention française ait lieu car il aurait fallu le feu vert d’Alger et les négociations de l’Algérie avec les USA se sont conclues sur un désaccord complet et une véritable fâcherie. A contrario des négociations avec la France.
C’est donc d’Alger qu’est venu de manière inattendu le feu vert qui a permis l’intervention française. Inattendu parce que les forces armées islamistes sont liées à l’Etat algérien. Elles proviennent en grande partie du GIA et du GSPC algériens. On a pu voir le lien en particulier quand les pick-up des forces islamistes ont pu sans aucune difficulté faire de l’essence en Algérie…
Autre point inattendu : quand les forces armées de la France ont attaqué, une grande partie des forces islamistes s’étaient déjà retirées, prévenues donc. Et par qui ? Par l’Algérie !
Encore un point inattendu : alors que la Russie a dénoncé l’intervention française, la plaçant dans le même axe que l’intervention en Libye et en Syrie, la Chine s’est tue et a même modestement approuvé, ce qui est passablement illogique. Une bonne raison de penser que c’est elle qui a tiré les ficelles de toute cette affaire.
Il faut savoir d’abord que la Chine intervient en sous-main dans toute la région, économiquement, politiquement et en liaison avec les dirigeants des Etats. A plusieurs reprises, la France a dû pousser à la démission les responsables de l’Etat du Niger parce qu’il devenait trop pro-chinois à leurs yeux. Les contrats d’uranium de la Chine avec le Niger se développent. Au détriment de qui ? De la France avec Areva bien entendu.
Mais la Chine intervient encore plus en Algérie. Si la France a cru que les autorités algériennes délivraient un message en leur faveur en montrant aux compagnies anglaises, américaines, japonaises et canadiennes, et aux Etats respectifs que leurs ressortissants travaillant dans les centres pétroliers et gaziers n’étaient pas en sécurité, ce n’est peut-être pas la France qui était en fait la gagnante mais la Chine…
Les media occidentaux omettent bien de dire, par exemple, que Pékin et Bamako ont signé, en septembre 2011, trois accords commerciaux d’importance, pour la rondelette somme de 739 milliards de yuans. Les deux pays étaient représentés, par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, M. Soumeylou Boubèye Maïga, et par l’assistant au ministre du Commerce de Chine, M. Yu Jianhua, qui s’était rendu, dans la capitale malienne, pour inaugurer le troisième pont à y avoir été construit.
Le premier accord (quelque 70 milliards de yuans) représente, en quelque sorte, un cadeau que Pékin a voulu faire au pays africain. Le second accord porte sur un prêt de cinq milliards de yuans, que Bamako utilisera, pour financer des projets prioritaires, qui seront identifiés, par le gouvernement du Mali, pour améliorer les conditions de vie de la population locale. Le troisième accord prévoit, quant à lui, un financement de 619 milliards de yuans, qui permettront à la Chine de participer, avec d’autres partenaires techniques et financiers du Mali, à la construction de l’important bassin hydroélectrique de Taoussa, près de Gao, dans la zone fréquentée par les milices djihadistes et touarègues. L’achèvement du barrage de Taoussa pourrait apporter un nouveau souffle au développement de l’irrigation indispensable à la culture du riz, mais aussi contribuer à la régénération de l’écosystème. Le barrage assurerait, par ailleurs, le développement de tout un réseau d’activités, dans la région de Gao et de ses alentours.
Mais Pékin ne s’arrête pas en si bon chemin. L’empreinte chinoise se trouve, également, dans quantité d’autres projets, au Mali, dans des secteurs clefs, comme l’éducation, l’industrie, la santé, la sécurité, les communications et les infrastructures. Il est évident, au vu des accords « gagnant-gagnant », qui permettent à Pékin et Bamako de tisser des liens de plus en plus étroits, que l’intervention française, au Mali, tombe à pic. Derrière les beaux discours humanitaires de F. Hollande se cache, en réalité, bien autre chose, comme, par exemple, la volonté de l’Occident d’arracher l’Afrique sub-saharienne à l’influence de la République populaire de Chine. Un objectif, parmi d’autres, me direz-vous… mais certainement pas le moindre.
Quelle crise sociale et politique au Mali
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