Dans les épisodes précédents, donc, ou plutôt avant hier, nous avons appris l’incroyable nouvelle : un Boeing 727 de 95 tonnes s’est posé il y a trois mois maintenant en plein désert, contenant une lourde charge de drogue, et a été incendié par ses occupants. Fichtre, voilà qui aurait mérité davantage de publicité dans nos chers journaux télévisés ! Oui mais voilà : l’endroit où il s’est écrasé à beau être un désert, c’est quand même une région particulièrement malfamée, ou s’écharpent des groupes ethniques, des tribus, aux revendications les plus floues, et où sévit surtout un trafic incroyable de drogue, mêlant haschich et cocaïne, l’opium afghan utilisant d’autres chemins pour remonter en Europe. Bref, si l’on n’a pas eu de reportage télévisé, ça s’explique, par la dangerosité du coin. Ce qui s’explique moins, c’est que dans la région, particulièrement instable et dangereuse au moins depuis des années, on y trouve certains individus, venus en touristes ou en humanitaires. Auraient-ils été tentés, pour certains, de venir voir de près cette soudaine apparition en forme de mirage, telle est la question. L’autre étant l’appareil crashé en lui-même, ou du moins ses expéditeurs et ses réceptionnistes.
Un peu plus tard après la découverte de l’épave, on apprend quelques bribes supplémentaires sur l’invité express du désert. Les autorités Maliennes révèlent en effet un numéro : le QB-312. Qui ne correspond à rien comme pays. L’OB-312 aurait pu exister, au quel cas il aurait été… péruvien. En OD il aurait été Libanais… et en OO…. belge (pour les civils !) ! Pour mémoire, voici les pays africains qui auraient pu être concernés : J5 (Guinée Bissau) TZ (Mali), 3C (Guinée Equatoriale), 3X (Guinée Conakry), 6V ou 6W (Sénégal) 5T (Mauritanie), 5U (Niger), 7T (Algérie) XT (Burkina Faso). La Colombie est en HK, le Venezuela en YR… Selon Alexandre Schmidt, le responsable régional de l’Office de l’ONU contre la drogue et le crime (ONUDC), il n’y a pas, l’avion était bien « vénézuélien ». Or l’implication est loin d’être démontrée, on a bien affaire avant tout à un simple trafic de drogues, plus évolué, mais sans lien direct avec la politique, à part les implications locales des politiques avec les barons de la drogue.. Selon Princeton Lyman, ancien ambassadeur au Nigeria et expert au "Council on Foreign Relations," beaucoup de ces pays ont des gouvernements très faibles et le potentiel de les transformer en narco-états est très effrayant. Il y a déjà beaucoup d’argent de la drogue le long de la côte d’un bon nombre de l’Afrique de l’ouest…beaucoup de villas nouvelles à Dakar sont maintenant possédées par des parrains de la drogue " .A l’autre bout, lui répond en écho Tareck El Aissami, le ministre de l’Intérieur vénézuélien : »nous sommes en train de vérifier si l’avion est effectivement parti du Venezuela. Mais le fait qu’il s’agisse d’un avion qui n’a pas d’immatriculation vénézuélienne, mais retrouvé en Afrique et sans que de la drogue ait été saisie, ne permet pas d’affirmer que l’avion venait du Venezuela ». On est allé un peu vite en attribuant la nationalité vénézuélienne à cet appareil, visiblement. C’est bien une volonté manifeste de mouiller Hugo Chavez ! Et cela, on sait d’où ça ne peut que venir : des USA, bien entendu ! Le QB-312 est bien un faux ! Le gouvernement malien, impliqué sans aucun doute au plus haut point dans l’affaire, cherche visiblement à brouiller les pistes ! Qu’à-t-il donc à se reprocher ?
Non, malgré ce que pouvait en dire le net, les pistes s’avéraient infructueuses… En fait, pour le « pays pétrolier africain » cité on possède une bien meilleure idée, qui va se confirmer, et même un aéroport, celui de Bangui M’Poko. Il fallait abandonner la fausse piste de Guinée Bissau ou des appareils angolais, et chercher ailleurs. Les avions de Transafrik peuvent très bien faire l’affaire, mais il y a peut-être mieux encore. Ailleurs, où ont stagné pendant des mois de vieux Boeings 727 comme l’incroyable TL-ADY de Centrafrique Air Express vu ici également à Sharjah. Un avion dont le point d’attache était Bangui, mais plus souvent vu à Sharjah ou au Caire, comme ici, « spotté » par un touriste allemand, le 22 avril 2009 : l’avion malgré son apparence déplorable volait encore en effet en début d’année 2009 ! Comme ce Midwest A310, bien moins fringuant qu’il y a 5 ans. Au point de décrépitude extérieure où il en était en 2008, ce 727 il fait en réalité le candidat parfait. Il fut un temps où il étaitnettement plus brillant, lui aussi et volait même encore en 2006, et même jusqu’en, 2009 comme le montre l’étonnant cliché du Caire.
En tout cas, c’est très certainement le meilleur candidat au suicide par immolation dans le désert. Des traces de peinture bleue sur les vestiges de la queue semblent bien correspondre ; comme l’absence notoire de peinture du fuselage. La peinture n’a pas brûlé sur la queue, car à cet endroit il n’y en avait pas et il n’y en a jamais eue. Et là, autant vous dire que ça devient tout de suite plus croquignolet : l’avion volé, c’est tout simplement lui aussi un des avions de notre inamovible ami Victor Bout, racheté autrefois à Damascene Airways, à Damas, et photographié à plusieurs reprises à Sharjah,en mars 2008 encore, par exemple, une autre ville située dans un « pays pétrolier »… ça concorde plutôt bien, dirait le féru d’aviation. Selon certaines sources, l’immatriculation de l’avion aurait été de Guinée-Bissau : on découvre qu’il est vraisemblablement saoudien, et qu’on l’a affublé d’une fausse identification : nous allons apprendre durant cette longue enquête que c’est une pratique fort courante en effet. On le voit, donc, aussi, très vite débarque la langue de bois. Personne ne veut dire qu’il s’agît de l’ex TL-ADY/N844AA. On sait quel est l’appareil, mais le révéler causera un scandale phénoménal. A moins de le demander à Pierre Camatte, qui passait comme par hasard par là, de le confirmer, on ne le saura peut-être jamais. Car l’homme qui a défrayé récemment la chronique était bien dans les parages lors de l’événement.
D’autres enquêteurs, heureusement, au bout de quelques semaines, ont reconstitué l’itinéraire du 727 incendié. Il est très étonnant. Et il confirme notre seconde piste. L’avion serait effectivement parti de Sharjah, puis aurait rejoint Mombasa (à 3 720 km en ligne droite) sur la côte Est de l’Afrique, puis Conakry, sur la côte Ouest (à 6 000 km de là !), et c’est à partir de cette ville qu’il aurait décollé pour Panama. Le vol Mombasa-Conakry a-t-il servi à tester la distance ? C’est fort probable : il y a 6 000 km entre Praia et Tocumen ! En plus de la distance, ce qui déjà étonne, c’est le trajet, car c’est au retour qu’il aurait chargé la drogue. Décollant de Tocumen, direction Maracaïbo-la Chinita, dans le district de Julia, à la frontière colombienne, où la drogue aurait été chargée. Les autorités du pays auraient gardé son plan de vol qui indiquait comme point d’arrivée le Mali. pour ce qui est de l’aire d’atterrissage malienne, une petite indication parvient du… Canada : "de plus, deux semaines avant l’arrivée du Boeing dans le nord du Mali, un petit avion de « type PA 32 (10 places) est passé « très probablement en repérage » dans la zone, selon un responsable de la tour de contrôle de la ville de Gao." L’avion n’aurait donc en fait même pas tenté de redécoller : on avait prévu dès le début de le sacrifier ! Pour reconstituer les faits, "il faut remonter au 15, voire au 16 octobre 2009. Un PA32, petit coucou d’une dizaine de places, ronronne dans le ciel du désert. La tour de contrôle de Gao repère rapidement l’appareil. Il se dit en « détresse », et « se débrouille » pour atterrir sur une piste de fortune. L’avion était, en fait, en repérage " précise RFI.
Un Piper PA 32 Cherokee Six au Mali ?? C’est peut-être bien la piste tchadienne alors, se dit-on : car au Tchad, il y en a un de très connu de Piper Cherokee, mais nous en reparlerons un peu plus loin si vous le voulez bien… Vous le connaissez bien, mais vous l’avez sans doute oublié. La drogue aurait donc disparu, dit-on. Ce n’est pas entièrement vrai. Car au 31 décembre, les 10 tonnes de drogue étaient à encore à la frontière du Mali, en effet. Selon certaines sources, la drogue avait été embarqué dans les pickups Toyota de « la bande des arabes du Mali » des environs de Tilemsi, dans le cercle de Bourem, qui avaient l’habitude de payer leur octroi à des Touaregs Kel Ifoghas à la frontière, cruciale pour la remontée de la drogue entre le Mali, le Niger, et l’Algérie. Mais ce jour là, les Touaregs, prétextant un droit de passage précédemment impayé, accueillent les passeurs avec des balles de Kalachnikovs. Et réclament aussi 30 millions de dinars algériens de droit de passage. Très vite, l’histoire de drogue prend un virage « politique » : les fondamentalistes s’en mêlent en effet. Echange de mots, puis de tirs, puis prise d’otage : la drogue pouvant très bien à ce moment-là changer de mains également. Et de pays ; selon certains, la drogue serait passée par le Tchad.
Les Touaregs sont dirigés par Halid Ag Mohamed, de la tribu Kounta. Les Kountas sont une tribu arabo-berbère, qui va au final, après refus de payer, bataille, prise d’otage et échange de tirs, le folklore local sans doute, finalement se charger elle-même de faire remonter les 10 tonnes vers le Tchad puis vers l’Egypte : le chargement a été… volé. Le 15 février, ce même Halid Ag Mohamed sera arrêté à Tamanrasset , en Algérie, avec trois de ses coreligionnaires maliens. On nage en plein chaos politique entre le Mali et l’Algérie avec lui : c’est le fils aîné de Mohamed Ag Intallah, un député de la région de Tin-Essako et le neveu d’Alhabass Ag Intallah, le député de Kidal qui est aussi le président du »Réseau de plaidoyer pour la paix, la sécurité et le développement au Nord-Mali »… qui n’a que le nom de façade. Selon plusieurs informations recoupées, Halid Ag Mohamed doit son arrestation à la DEA américaine, qui le pistait, c’est le mot, depuis des mois. Les pseudo-fondamentalistes ne sont que de vulgaires trafiquants. Mais il ont bien des liens avec le pouvoir malien en place !
Quelques mois avant, au Tchad, le responsable du Front Islamique Tchadien (FIT), Ahmat Ismael Bichara, emprisonné depuis, en avait en effet sorti une bonne, de phrase, pour justifier ce genre d’action de type mafieux. L’islam, on le sait, condamne fermement l’usage de la drogue ou de l’alcool. Qu’a cela ne tienne, selon Ahmat Ismael Bichara voilà tout à coup que "le trafic de drogue autorisé pour combattre l’Occident ". Les dix tonnes ont aiguisé les appétits. Ou comment on transforme un mouvement islamiste en trafiquants. Certains disant même que c’est plutôt l’inverse : de vrais trafiquants à la base, devenus islamistes par pur calcul et intérêt politique. Des mafieux, avant tout : la « bande des arabes » en représailles, avait en effet pris le doyen des Kountas, Baba Sidi Elmoctar, 88 ans, le 22 janvier dernier, ce qui avait déclenché les hostilités dans le secteur, qui est une vraie poudrière à vrai dire.
Pour expliquer rapidement la situation, il faut savoir que l’AQMI est est le nouveau nom donné en 2007 au « Groupe salafiste pour la prédication et le combat » (GSPC) algérien, des terroristes islamistes de sinistre mémoire. Lui même créé en 1998 par Hassan Hattab, en dissidence à l’extrême violence déployée par les Groupes islamiques armés (GIA) contre les civils. Un groupe nouveau en fait « surveillé » de près par le Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS) algérien : sa créature, disent certains, la même relation qu’entre Ben Laden et la CIA. Aujourd’hui encore, le leader de l’AQMI, Abdelmalek Droukdel (alias Abou Mossab Abdelwadoud), est supposé être « drivé » de près par le DRS qui manipule beaucoup de monde, décidément, dans le pays Une façon de faire qui intéresse au plus près les français, soucieux de ce qui se passe en Algérie depuis toujours. Au DRS, le dirigeant était jusqu’à sa mort en 2007 Smaïn Lamari, chef du contre-espionnage, très ami avec le français Raymond Nart, l’ex-numéro deux de la Direction de la surveillance du territoire (DST), aujourd’hui retraité. Les français suivent toujours les opérations algériennes de près, par tradition dirons-nous. Et s’intéressent aussi aux Boeings pleins de drogue, par « tradition » également, nous le verrons plus loin. Un de leurs protégés de 1996, nommé Yahia et non Abdullah (son nom de code à la DGSE !) le chauffeur de Jean-Yves Clavel, le directeur à Alger de l'Agence Française de Développement (AFD) a fait une série d'allers-retours entre la cellule terroriste et la DGSE française. L'homme avait un lien particulier avec les terroristes : c'est tout bonnement le frère du chef du commando qui détourné l'Airbus Alger-Paris de décembre 1994,qui a été abattu par le GIGN ! A quel jeu a-t-il joué et quel était le lien entre les moines et la DGSE, voilà qui relance tout un débat...
Hassan Hattab est un peu le Ben Laden local, donc : on l’a souvent annoncé arrêté ou mort, pour finalement s’être rendu le 6 octobre 2007 paraît-il. Depuis, c’est comme Ben Laden, on ne sait rien de lui : il n’est dans aucun prison algérienne en tout cas : tout le monde pense à son égard à un membre de plus du DRS qu’il faut entretenir, cacher et protéger ! Un jour mort, un jour disparu, on ne sait plus trop bien quoi en faire : un Ben Laden maghrébin, en quelque sorte ! On annonce son procès, on le reporte, et on finit par dire qu’on ne sait même pas où il est ! Même chose pour Amari Saïfi, alias Abou Haïdara, alias Abderrezak El-Para, un ancien parachutiste de l’école militaire de Biskra devenu terroriste au GIA puis au GSPC. D’où son surnom. Un personnage extrêmement sanguinaire. C’est lui l’auteur de l’embuscade du 4 janvier 2003 contre un convoi militaire près de Batna qui a fait 43 morts. Et c’est lui également l’auteur de l’enlèvement de 32 touristes allemands qui lui ont rapporté 4,6 millions d’euros en échange de leur libération ! Il a été arrêté il y a cinq ans par les autorités algériennes, et depuis on ne l’a pas revu non plus. Il aurait disparu, lui aussi ! C’est fou ce que les pires islamistes arrêtés « disparaissent » en Algérie ! Des Ben-Laden, finalement, il y en a plus qu’on ne croit en ce bas monde ! Le 19 mars 2010, le Figaro, via Thierry Oberlé, s’aperçoit enfin de ce qui se passe et titre justement »Al-Qaida au Maghreb taxe les trafiquants de drogue » : « des Ben Laden ce n’est pas ce qui manque en effet ! Le commentaire est juste : »les djihadistes ont vu monter en flèche leurs prélèvements « douaniers » avec la transformation du Sahara en autoroute de la cocaïne en provenance d’Amérique du Sud. La « poudre blanche » qui passe par le désert est transportée par avion de la Colombie vers l’Afrique de l’Ouest. Puis, elle remonte vers l’Europe via le Sahel. Les contrebandiers suivent les anciennes routes des caravanes des marchands de sel. Ils y croisent les colonnes d’al-Qaida. Des alliances conjoncturelles se nouent entre les groupes ». Des « alliances conjoncturelles » la formule ne manque pas de sel en effet…
Selon beaucoup de sources, Abderrezak El-Para serait donc lui aussi un agent du DRS. "Selon Alain Rodier, ancien officier supérieur des services de renseignement français, la plupart des chefs d’AQMI sont des Agents du Département du Renseignement de la Sécurité algérienne (DRS). A commencer par l’ancien chef du GSPC (Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat) algérien, rebaptisé AQMI : Amari Saïf, alias El-Para. » Le but du jeu ? Il est simple : … pour Jeremy Keenan, anthropologue britannique, El-Para n’a pour autant jamais cessé de rouler pour le DRS (services secrets algériens) ». Ses opérations, sous couverture, vise selon lui un double objectifs : « permettre à Alger de resserrer les liens avec les Etats-Unis, dans le cadre de sa guerre contre le terrorisme post-11septembre, tout en offrant à Washington l’occasion d’amorcer son contrôle militaire du Sahel ». De multiples provocations, destinées à implorer l’aide américaine !
Or le « ravisseur » de Pierre Camatte, Abdelhamed Abou Zaïd (celui qui l’a littéralement acheté à ses ravisseurs véritables !) était le proche adjoint du fameux Para ! Finalement, notre « agent » se serait tout simplement fait piéger par d’autres ! Pourquoi serait-il venu vérifier le contenu d’un Boeing ? Car ça doit rappeler quelque chose à la France, tout simplement, un Boeing bourré de coke, comme nous le verrons plus loin… avec un peu de patience, si vous le voulez bien.
Qu’on m’explique donc ce qu’il faisait-là, notre humanitaire découvreur deplante anti-paludisme : le 14 décembre 2008 dans la région de Tillaberi, dans l’ouest du Niger, deux diplomates sont enlevés : Robert Fowler, envoyé de l’ONU, ancien ambassadeur du Canada au Niger et Louis Guay, chargé du Soudan à Ottawa. Ils seront libérés le 22 avril 2009. Le 22 janvier 2009, à la frontière entre le Mali et le Niger, alors qu’ils revenaient d’assister au festival de culture nomade « Tamadachit N’Azawagh » d’Andéramboukane, quatre touristes on été enlevés : le britannique Edwyn Dyer, les Suisses Werner et Gabriella Greiner et l’Allemande Marianne Petzold. Le 22 avril, les deux femmes sont libérées à Gao. En juin 2009, Edwyn Dyer est tué par ses geôliers… Selon Fowler, on les avait suivis depuis le début. En décembre 2008, il avait rencontré le ministre de l’intérieur du Niger, Albadé Abouba, à qui il avait confié son trajet. Pour lui, il n’y aucun doute, c’est bien le Niger qui est en cause… La responsabilité du Niger, et celle de la Guinée, Alexandre Schmidt, de l’ONUDC, la met également en cause en dénonçant la présence de laboratoires de transformation de la cocaïne dans le pays, le 16 novembre à Dakar. Des laboratoires contre lesquels on ne fait rien, selon lui. "Outre le fait que ce sont des matières chimiques pour la production des stupéfiants, ce sont également des produits qui représentent un très haut taux de toxicité vis-à-vis de la population. Il y a donc un problème de santé publique. Ça peut polluer ; c’est inflammable ; ça peut exploser " . Or, visiblement, les freins pour les détruire existent : à la mi-octobre, l’ONUDC a soumis au gouvernement militaire de la Guinée une proposition de plan pour détruire les substances et attend toujours une réponse, selon des officiels de l’ONUDC. La junte a demandé l’assistance de la communauté internationale pour détruire les produits chimiques, disant qu’elle n’en avait pas les moyens« . Des moyens, ou une politique déficiente pour lutter contre la drogue ? Pour quelle raison exacte ? Car on y participe ?
On est donc en présence d’une région où la drogue circule et où des touristes ou des diplomates se font enlever à tire-larigot, et un se fait assassiner en juin de cette année là. Les ambassades sont censées prévenir les personnes se rendant en région dangereuse. Et Pierre Camatte arrive après ces événements ou il y est déjà ? Sans prendre conscience du danger depuis janvier 2008 ? Selon le ministère français il s’y rendait « régulièrement ». Selon les maliens, il était sur place depuis 2008… « à la tête d’une ONG locale et gèrait aussi un hôtel ». Rien que l’intitulé malien prête à sourire. Les américains de la CIA, quand ils surveillaient le Nicaragua, »géraient » aussi un établissement, le célèbre Maya Hotel, à Tegucigalpa, au Honduras ! Dans la presse, Camatte avait été arrêté « dans un hôtel ». Mais on ne se doutait pas qu’il en était legérant... pour un dirigeant d’ONG… Rarement vu otage libéré si bien entouré. Sans aller jusque là, certains sur place confirment bien sa présence depuis 2008, et l’otage aurait bien été la victime d’un réglement de comptes mafieux entre factions Touaregs. Enlevé au départ par des "Ifoghas et des Chamanamass, réputés être des éléments de l’Alliance du 23 mai pour le changement", opposés donc au pouvoir local et désireux de le montrer de cette manière. Ok : mais pourquoi en ce cas à son retour se lancer dans une telle diatribe envers Al-Qaida ? Ça n’a aucun sens. Sauf celui de sortir la parole diplomatique souhaitée, en mission commandée. Un rappel indirect de la situation de 2008 avec lesotages d’Areva au Niger ? Un porte-voix des Touaregs ? Ça gronde dans tout le secteur et ce n’est pas bon du tout pour… Areva !
En fait, le Mali s’est retrouvé avec cette épave avec sur les bras dix tonnes de coke qui ont ébranlé sa fragile république en réalité : "… tout fonde à croire que le vieil homme (Baba Sidi Elmoctar, ndlr) est au centre d’un règlement de compte sur fond de narcotrafic. Le genre qui déchire aujourd’hui le nord du Mali, malgré tout ce qui nous est dit. Les bandes s’affrontent, s’entretuent et il faut le reconnaître, les montants en jeu expliquent parfois la radicalité des méthodes employées. C’est le cas du conflit ouvert qui oppose présentement deux de ces gangs autour d’une saisie-confiscation de cocaïne dont la valeur dépasserait une cinquantaine de milliards de Fcfa. " Sur place, on a bien compris que cela n’a strictement rien à voir avec Al-Qaida… c’est un narco-trafic, rien d’autre. Et un beau sac de nœuds, en tout cas. Surtout que le SITE Group de Rita Katz s’en mêle, avec une photo assez étonnante. De terroristes…en baskets ou chaussures de marche qui font les déguisés parfaits. Le 3 février on apprenait que le ravisseur de Camatte, Chedani Ould Inamey, avait été lui même enlevé… bref, les mystères de l'Afrique, dont nous aborderons demain un autre épisode...
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