Mohamed Akotey, négociateur nigérien tranche : "J’ai négocié avec Aqmi, pas avec Iyad Ag Ghali"
« J’ai négocié avec Aqmi, pas avec Iyad Ag Ghali »
Le négociateur nigérien dans la libération de Serge Lazarevic, Mohamed Akotey, écarte toute implication du terroriste Iyad Ag Ghaly dans ce dossier : « J’ai négocié avec Aqmi Al-Qaeda au Maghreb islamique, pas avec Iyad Ag Ghali ».
Dans une interview accordée à un confrère fiançais, le négociateur nigérien dans la libération du dernier otage français dans le monde, Serge Lazarevic, Mohamed Akotey explique le dénouement d’une opération à haut risque.
Car, en plus du fait que les jihadistes ont tendance à se prendre pour le centre du monde, prétendant avoir raison sur tout, M. Akotey fait remarquer que les ravisseurs émettent des revendications déraisonnables, notamment politiques, impossibles à satisfaire. C’est pourquoi, il a fait en un an dix allers-retours dans le Nord du Mali.
Contrairement aux informations qui font croire que les tractations finales ont eu lieu à Tin Essako, près de Kidal, Mohamed Akotey, sans ambages, indique que c’est faux. »La région de Kidal, extrême nord-est du Mali, est vaste. C’est en fait au pied de l’Adrar des Ifoghas, côté est, dans le secteur de Tigharghar que ça s’est joué », déclare-t-il.
Pour ce qui est de l’implication d’un émissaire de l’islamiste touareg Iyad Ag Ghali, le fondateur d’Ançar Eddine, le négociateur nigérien précise que cen’est pas vrai. « Moi, j’ai négocié avec Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), pas avec Iyad Ag Ghali. Quand Serge Lazarevic a été enlevé le 24 novembre 2011 en compagnie de Philippe Verdon, assassiné en mars 2013, Iyad n’était qu’un simple citoyen. L’apparition d’Ançar Eddine est ultérieure ».
De sources introduites, on attribue aussi un rôle, côté ravisseur, à un certain Ibrahim Inawelat, un déserteur de l’armée malienne réputé proche d’Ag Ghali. « J’ai travaillé avec cet homme. J’avais besoin de son concours, car c’est un ami, un partenaire fiable. Je l’ai utilisé pour faire passer des messages, intervenir auprès de tel ou tel. Mais ce n’est pas lui qui prend les décisions. Ceux qui décident sont les chefs d’Aqmi, Yahya Abou al-Hammam et, à un échelon supérieur, Abdelkrim Taleb », souligne-t-il.
Sur la question, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), faction touarègue ralliée par de nombreux transfuges d’Ançar Eddine, revendique une contribution significative au retour à la liberté de Serge Lazarevic.
« Je me suis appuyé sur un très grand nombre d’acteurs, qui m’ont aidé directement ou indirectement. Certains d’entre eux appartiennent au HCUA, un ou deux au MNLA Mouvement national de libération de l’Azawad, d’autres à Ançar Eddine ou à Aqmi. Leurs zizanies internes ne m’intéressent pas. Ce qui m’importe, c’est de m’appuyer sur des gens discrets, capables de m’aider à aller jusqu’au bout du processus. Parmi eux, aussi, des cousins à moi qui m’ont épaulé sur le chemin », consent M. Akotey.
En tout cas, la polémique continue sur les conditions dans lesquelles cette libération a été possible. Certes, le négociateur nigérien écarte un quelconque rôle joué par Iyad Ag Ghali, mais toujours est-il que les faits têtus.
Alpha Mahamane Cissé
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