lundi 10 février 2014

Malijet Des civils tués au Nord-Mali : le gouvernement dément un conflit intercommunautaire et une « ethnicisation » des victimes Mali Bamako

Malijet Des civils tués au Nord-Mali : le gouvernement dément un conflit intercommunautaire et une « ethnicisation » des victimes Mali Bamako

Des civils tués au Nord-Mali : le gouvernement dément un conflit intercommunautaire et une « ethnicisation » des victimes

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Le général Sada Samaké, ministre de la Sécurité intérieureLe général Sada Samaké, ministre de la Sécurité intérieure
Le jeudi 6 février 2014, 30 civils ont été tués dans la localité de Djébook dans la région de Gao par des individus non encore retrouvés par les enquêteurs. Pour certains, c’est un conflit intercommunautaire puisque les assaillants sont des peulhs qui se sont vengés de la mort de trois des leurs, tués par des touaregs le dimanche 2 février. Mais au ministère de la Sécurité intérieure, le message est différent : « ce sont des terroristes, des bandits et non des peulhs, qui ont d’abord tendu une embuscade à des forains pas que touaregs, puis se sont attaqués des campements avant de s’évaporer dans la nature. Les enquêteurs sont ouvertes », a expliqué le chargé de communication du département, Soungalo Togola que nous avons contacté.
Des civils dont 25 forains ont été tués le jeudi 6 février 2014 dans la localité de Djébook dans la région de Gao au nord du Mali par des assaillants. Dans le même secteur, 3 autres personnes sont tuées par les mêmes gens lesquels se sont ensuite attaqués à un campement à la frontière nigérienne.
Depuis lors, on assiste à une cacophonie au niveau des sources. Plus tôt dans la journée du vendredi, Oumar Maïga, élu de Gao, et Assarid Ag Imbarcaouane, ex-député de Gao, avaient affirmé que la veille (c’est-à-dire jeudi), au moins 30 Touaregs avaient été tués lors d'une expédition punitive d'hommes armés de la communauté Peulh. « Des Peulhs armés, dont certains circulaient à moto, ont tué au moins 30 civils Touaregs pour se venger de l'enlèvement d'un des leurs », avait dit M. Maïga. « Nos parents ont été tués froidement, au moins 30 sont morts », avait déclaré M. Ag Imbarcaouane.
Des propos qui laissaient croire que c’est bien un conflit intercommunautaire entre Peulhs et Touaregs et que les victimes concernaient que les Touaregs.
Cette version a même été quelque peu confirmée par la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) qui a rendu public un communiqué le même vendredi. Dans ce communiqué, la Minusma a fait état de graves incidents survenus jeudi aux alentours de Tamkoutat et d'affrontements intercommunautaires, sans préciser les communautés impliquées. « Des Casques bleus se sont immédiatement rendus sur place pour constater le lourd bilan des affrontements intercommunautaires faisant état de 24 morts et quatre blessés, dont un sérieux. Les blessés ont été transportés à l'hôpital de Gao », précisait la Minusma.
Mounkéïna Maïga de la Koïma a Gao que nous avons contacté a même précisé que ce sont des Peulhs qu’on appelle les Poulabés qui sont à l’origine du massacre et qu’ils ont été pourchassés par une riposte touarègue jusqu’au Niger. Il a précisé que la situation était calme ce dimanche contrairement aux journées de vendredi et samedi où les combats étaient acharnés entre Peulhs et Touaregs à la frontière nigérienne.
Le gouvernement dément un conflit intercommunautaire
Du côté du gouvernement, les faits sont différemment rapportés. Une douzaine d'individus armés a froidement abattu une trentaine de (marchands) forains à bord de deux véhicules dont l'un a été brûlé et l'autre emporté par les bandits, a expliqué le ministère de la Sécurité intérieure dans un communiqué rendu public le vendredi soir, sans préciser les communautés d'origine des assaillants et des victimes.
« Le même jour et dans le même secteur, un groupe d'assaillants a braqué un troisième véhicule de transport, enlevé puis abattu les hommes d'un campement nomade. A la suite de ces actes terroristes, une délégation ministérielle conduite par le ministre de la Sécurité, le général Sada Samaké, s'est rendue à Gao pour s'enquérir des circonstances du drame. Le gouvernement s'engage à faire toute la lumière sur ces assassinats et à traduire les présumés auteurs devant la justice », concluait ledit communiqué.
Le chargé de communication du ministère de la Sécurité intérieure, Soungalo Togola, que nous avons contacté ce dimanche, rejette le fait qu’on parle de conflit intercommunautaire entre Peulhs et Touaregs et qu’on « ethnicise » les victimes.
Pour le chargé de communication du département, « ce sont des terroristes, des bandits qui ont attaqué des forains à bord de deux véhicules dans la localité de Djébook. Sur place, ils ont fait 25 morts dont deux femmes. Ils ont détruit un véhicule avant d’emporter le second. Dans leur repli, ils ont tué 3 autres personnes dans le même secteur avant d’aller s’attaquer à un campement nomade à la frontière nigérienne où ils ont fait 2 morts. Ce qui fait en tout 30 morts. Il y a eu 7 blessés dont 4 évacués à Gao et 3 à Ansongo.(malijet.com) Après leur forfait, ces terroristes ont disparu dans la nature. Ce n’est pas un conflit intercommunautaire, ce sont des terroristes, des bandits et les enquêtes sont ouvertes. Il ne faut pas « ethniciser » le problème. La preuve, c’est que parmi les 4 blessés que j’ai vus à Gao, il n’y a pas de Tamasheqs dedans. Contrairement à une certaine information, les victimes se recrutent dans toutes les communautés du nord. Les forains étaient constitués de toutes les communautés du Nord. Nous avons vu des noirs parmi les victimes. Donc, ce n’est pas un conflit intercommunautaire, ce sont des actes terroristes ».


Abdoulaye Diakité
Source: Malijet

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