Dans une tribune publiée chez nos confrères de L’Indépendant et de Info Matin, Ahmed Mohamed Ag Hamani, ancien premier Ministre, approuve la décision d’IBK de prendre en main le processus de règlement de la crise du nord pour une réconciliation nationale véritable.
Dans une de nos précédentes analyses intitulée : « Algérie- Maroc : la médiation des frères ennemis » Le Pouce n° 632 du 13 F2VRIER 2014 nous attirions l’attention sur les nouvelles menaces qui pesaient sur les négociations pour la résolution du lancinant problème du septentrion national. Ces menaces, disions- nous, émanaient de la multiplicité des médiations et des médiateurs.
En effet, pour le même objectif, la paix, coexistent la CEDEAO, l’Union Africaine, l’ONU, le Burkina Faso, l’Algérie, l’Union Européenne, et le dernier venu, le Maroc. Les risques de collusions voire de centralisation des initiatives, étaient évidents, au regard de la différence des agendas des différents médiateurs, quand ils ne sont pas antagoniques comme le Maroc et l’Algérie. La conséquence prévisible est que le Mali pourrait se retrouver au cœur de problèmes qui lui sont totalement étrangers. Notre analyse semble être partagée par les plus hautes autorités maliennes.
Dans une clarification salutaire, le président IBK a, dès la semaine dernière, mis les points sur les I. Primo, bien que reconnaissant les efforts de tous ceux qui se sont penché sur le cas malien, dorénavant le Mali, dit-il, assumera sa responsabilité en prenant le leadership et la coordination du processus de pacification et de réconciliation nationale. Secundo, le dialogue politique sera inclusif, associera toutes les communautés et non plus seulement les groupes armés qui, au préalable, devront désarmer. Tertio, les discussions auront lieu sur le territoire national, et non plus au Burkina ou autres pays.
C’est ce nouveau contexte plus rationnel et plus conforme à la vision du président IBK que Mr Ahmed Mohamed Ag Hamani, ancien Premier ministre, a salué dans une contribution d’une rare pertinence, publiée depuis lundi dernier par des confrères majeurs de la presse nationale.
Fin connaisseur du dossier, touché dans sa chair par des pertes cruelles dans sa famille à divers moments de ces drames nationaux que sont les rebellions, celui, familièrement, appellé Ag Hamani, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, comme à son habitude. A ses yeux, une fois le nouveau contexte clarifié, des préalables s’impose pour une paix véritable et une réconciliation nationale. D’abord, la problématique de la sécurité dans le sahel, qui nécessite, selon lui, une gestion internationale, une mutualisation des moyens et une stratégie pertinente. Aussi, à l’instar du Tchad et de la Côte- d’Ivoire d’où la France a pu drainer troupes et équipements pour l’opération Serval qui a stoppé l’irrésistible poussée djihadiste vers le sud, l’ancien Premier ministre plaide pour une signature diligente d’accords de défense entre la France et le Mali.
De plus, la signature de ces accords, permettrait, dit-il, en plus d’une contribution décisive dans la sécurisation, à notre pays d’exploiter ses colossales richesses dont regorge le sous-sol du nord du pays, notamment, le pétrole, l’uranium, les phosphates et autres eaux souterraines, l’eau étant reconnue comme la ressource la plus stratégique dans les prochaines décennies.
Autre recommandation, c’est l’implication effective des vrais acteurs dans les prochaines discussions. Par vrais acteurs, il faut comprendre les représentants légitimes des communautés et des populations. En effet, c’est parce que les élus locaux, les chefs traditionnelles, les religieux, les notables, les leaders d’opinion, représentants légitimes des populations, n’ont, pratiquement, pas été associés, que les précédents accords de paix, n’ont pu prospérer, conduisant notre pays dans ces rebellions incessantes imposées par des groupes politico militaires infiltrés par le narco trafiquant et la criminalité transfrontalière.
Enfin, Ag Hamani a mis le doigt sur une problématique majeure : le retour et le renforcement de l’autorité de l’Etat dans les régions du nord. Selon lui, « la garantie d’une paix durable, passe nécessairement par la restauration de l’autorité de l’Etat, basée sur une administration compétente, efficace et responsable, une armée républicaine forte, une justice impartiale soucieuse uniquement du droit».
Ces conseils de sage, méritent une réflexion approfondie de toute la classe politique. A ce titre, la contribution de Mr Ag Hamani doit être versée comme pièce importante dans le dossier de la gestion de la crise.Tiémoko Traoré
Source: Le Pouce du 21 fév 2014
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