13 jan 2014 à 11:13 AM 
Sur l’invasion djihadiste de la Ville Sainte de Tombouctou, entre le 1er avril 2012 et le 28 janvier 2013, il existe désormais un témoignage écrit pénible mais fort édifiant. Sous la plume de Houday Ag Mohamed, un Targui originaire de cette ville, les éditions «La Ruche aux livres» viennent de publier «Tombouctou 2012». Ce livre témoignage relate ce qui a fait de Tombouctou, cité symbole de la diversité culturelle malienne, une ville agressée, violée et détruite par les djihadistes. Pour Houday Ag Mohamed, Tombouctou, à l’instar de toutes les grandes villes du Mali, a connu une succession d’occupations, plus ou moins douces, plus ou moins violentes, au fil des temps, mais celle du 21ème siècle (du 1er avril 2012 au 28 janvier 2013) fut la plus douloureuse, la plus féroce et la plus cynique.
La barbarie qui l’a caractérisée est à la mesure de la volonté manifeste de ses auteurs, des djihadistes sans foi ni loi, d’assujettir et d’avilir gratuitement un peuple connu pour son ouverture d’esprit et sa légendaire tolérance religieuse. Dans Tombouctou 2012, l’auteur s’indigne du sort pénible que la ville a connu sous la douloureuse et implacable occupation djihadiste. Dans ce livre, Houday Ag Mohamed raconte également ses rencontres avec ces mêmes djihadistes, au cours desquelles, il les a d’ailleurs interpellés sur la conformité de ce que ces derniers faisaient au nom de la religion.
Mais comment en est-on arrivé là? L’auteur pointe un doigt accusateur sur la gestion politique et sécuritaire tâtonnante du brûlant problème du Nord au cours des dix dernières années. Selon lui, cette gestion frise sur bien de plans la légèreté coupable. Pour Houday Ag Mohamed, le régime politique ne semblait avoir d’autres préoccupations que «d’amadouer» la rébellion qui s’annonçait, oubliant qu’il avait fait son lit en acceptant en toute bienveillance de dangereux terroristes et narcotrafiquants sur notre territoire.
Selon Houday Ag Mohamed, il n’était aussi un secret pour personne que toute la terrible pègre algérienne était à l’intérieur de nos frontières, depuis le début des années 2000, et le Nord érigé en quiet sanctuaire du crime organisé et de la rapine. Dans Tombouctou 2012, l’auteur explique que l’invasion de la ville de Tombouctou s’est opérée en deux phases. Les premiers arrivants étaient surtout des nationaux, Tamaseqs et Arabes, qui connaissaient bien la ville et dont certains étaient même des natifs de Tombouctou. La plupart n’y étaient venus que pour parfaire leurs connaissances en matière de religion, d’endoctrinement, de maniement d’armes et de fabrication d’explosifs.
Ensuite, sont arrivés les leaders et chefs historiques salafistes algériens. Au nombre de ceux-ci, l’impitoyable égorgeur Moktar Belmoktar, alias Belawar, le Borgne, le discret et redoutable Abou Zeid et l’idéologue mauritanien Abou Dar Dar, très impliqué dans la communication et la promotion du djihadisme dans le Septentrion malien. Enfin vinrent boucler la marche les Afghans, Pakistanais, Tunisiens, Marocains, Mauritaniens, Sénégalais, Burkinabés, Nigériens, Nigérians de Boko Haram et les Maliens (Sarakollés et Bambaras surtout). Houday Ag Mohamed termine en rappelant la fidélité des Touaregs de Tombouctou à la mère patrie.
La présentation de ce livre qui intervient en même temps que le 1er anniversaire de l’Opération Serval, et a été mise à profit par Houday Ag Mohamed pour remercier la France pour son rôle crucial dans la libération des régions du Nord et aussi pour rappeler que cette libération a encore un arrière-goût d’amertume et d’inachevé, avec le récursif et pénible problème de Kidal.
Yaya Samaké
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