samedi 5 mai 2012

Mohamed Anako parle-t-il au nom de tous les ex-rebelles touaregs ?

Mohamed Anako parle-t-il au nom de tous les ex-rebelles touaregs ?
Mr. Mohamed Anako
Mr. Mohamed Anako
«C’est culturel: quand la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) interviendra, il y aura des jeunes Touareg du Niger, d’Algérie et de Libye qui iront combattre aux côtés de leurs frères du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, rébellion touareg malienne) et ça se généralisera», a averti Mohamed Anako,

Décidément certains nigériens appréhendent mal la CEDEAO et ses prérogatives comme inst itut ion géostratégique sous régionale. Il y a à peine un an, des
 individus défendant bec et ongle le régime anti constitutionnel de Tandja Mamadou se sont acharnés sur la CEDEAO qui offrait à l’époque gracieusement une sage médiation pour une sortie de crise au Niger. Un ministre avait même proclamé sa volonté d’aller contre la décision de la CEDEAO en arrêtant les opposants de l’époque, alors même que cette institution était en session de travail à Niamey.
Incrédule le nigérien ! Aujourd’hui, c’est le chef d’un ex front de la rébellion qui fustige la décision de la CEDEAO d’intervenir militairement au Mali. Il est allé jusqu’à proférer des menaces d’une solidarité touarègue généralisée (Ou une coalition des ex combattants libyens, on ne sait plus de quoi il veut parler exactement) en faveur des dissidents du Mali au cas où la CEDEAO interviendrait militairement dans ce pays. Pourtant, son pays, le Niger, est signataire du communiqué final de la CEDEAO qui cautionne et entérine cette décision. Ce n’est pas n’importe qui qui a parlé mais le chef d’un ex front et, il sait très bien ce qu’il dit.
Soit ; il est vrai que la CEDEAO ellemême bat souvent de l’aile dans la prise de certaines décisions. On comprend mal par exemple la pression qu’elle a exercée sur la junte pour la dégager du pouvoir alors même que la rébellion avançait à pas de géant dans le Nord Mali. N’ auraitil pas fallu intervenir militairement pour empêcher la partition du Mali avant même de penser au sort des putschistes ? Des enfants qui ont compris leur erreur au lendemain de leur action. D’ailleurs, la question des putschistes allait être réglée démocratiquement par les maliens. Ici, on a comme l’impression que les chefs d’états de la CEDEAO ont agi dans un instinct de solidarité et de conservation.
La preuve, ATT est parti mais les autorités actuelles au Mali ne sont pas très loin de ATT. On lui aurait même promis de reprendre le pouvoir d’après certaines sources. Il a tout simplement décliné l’offre vu le bordel qu’il a semé dans le pays sous l’instigation, peut-être, de sa femme touarègue. Malgré toutes les petites inconséquences et autres ratés dont témoigne souvent la CEDEAO, il faut reconnaitre que c’est l’institution sous régionale la plus crédible à l’heure actuelle sur le plan continentale. Mieux que l’ Africaine, mieux que l’UEMOA dont les critères de convergences oscillent d’un pays à un autre.
Les institutions de la CEDEAO fonctionnent à merveille et cette organisation pèse d’un poids réel sur le plan géostratégique. Ses programmes en faveur de l’intégration sous régionale sont sur le bon chemin. En témoignent les nombreux projets mis en oeuvre dans le domaine de la migration dans tous les Etats membres. Au Niger c’est EPAD, au Sénégal c’est l’ALMD, partout dans les Etats membres, une structure est financée pour exécuter le projet de la CEDEAO sur la Libre Circulation des biens et des personnes. Attention donc, la CEDEAO n’est pas une vulgaire institution sur laquelle il faut jeter le discrédit à tout vent. Surtout qu’elle commence à prendre de l’envergure comme ses soeurs mafieuses de l’occident qui font et défont les hommes et les Etats même.
C’est aussi cela la géostratégie : créer les conditions de la pérennité de son pouvoir pour mieux agir dans le temps. Sur la question précise de la rébellion, il faut noter avec joie que tous les conflits qui ont eu lieu au Niger ont été bien gérés. En effet, à toutes les étapes, il n’y a jamais eu d’unanimité sur une gestion armée des rebellions au Niger. A chaque fois que ces conflits ont éclaté, des nigériens, notamment de la société civile, se sont toujours opposés aux affrontements armés pour privilégier le dialogue. Ce courant de contestation a fait que très vite, les armes se sont tus et les nigériens se sont retrouvés autour de la table pour dialoguer.
Voilà un aspect qui a fait qu’à chaque fois qu’un accord est signé avec un front, les nigériens ont quitté leur base arrière pour regagner le bercail. Voilà aussi un aspect qui a fait que le Niger n’a pas accueilli en masse les combattants libyens qui étaient principalement des maliens. Ceux qui sont revenus au Niger ont retrouvé la plupart de leurs frères qui, à la faveur de la réinsertion prônée pas les accords de paix, ont été intégrés dans plusieurs secteurs de la vie du pays. Certes, beaucoup reste à faire sur cette question de la réinsertion. Cependant, il faut reconnaitre qu’en même temps qu’il faille asseoir le programme de réinsertion des ex combattants, il fallait aussi résorber le taux de chômage qui est galopant dans le pays.
Il appartient à l’Etat de couvrir les deux aspects et de faire diligence pour que les ex combattants soient enfin intégrés dans leur totalité ; c’est juste une question de temps. La question qui se pose ici est de savoir en quoi les ex combattants ou les populations rentrées de la Lybie se sentiraient solidaires de la question malienne où on ne sait plus si ce sont des islamistes ou des Touaregs qui mènent la danse ? C’est comme si vous dites que tous les Haoussa du Niger doivent accompagner le mouvement BocoHaram car au Nigéria ce mouvement est conduit principalement par des Haoussa du Nord Nigéria. C’est comme si vous dites aussi que tous les Noirs aux Etats Unis doivent voter Obama parce qu’il est Noir.
Ce sont ici des visions étriquées et rétrogrades qui ne prennent pas en compte le caractère spécifique de chaque cas. Les groupes de pression qui sévissent aujourd’hui au Mali ont des préoccupations qui ne sont pas forcément celles des ex combattants nigériens. Rien que la façon cavalière avec laquelle la Sharia a été décrétée dans le Nord Mali jure avec les objectifs poursuivis par toutes les rébellions qui ont eu cours au Niger. Jamais un front au Niger n’a posé une telle revendication. L’une des principales revendications commune aux mouvements au Niger a toujours été l’institution du Fédéralisme qui a trouvé une réponse appropriée dans le processus de la décent ralisation.
Aujourd’hui, des ex combattants sont devenus des élus locaux en charge de la gestion de leur entité. La machine est en marche et le Niger saura toujours préservé les acquis de l’unité nationale. Il ne faut pas, au nom de la liberté de presse et d’opinion, que des individus tiennent des propos qui mettraient en péril les idéaux de paix et de stabilité arrachés au prix de mille et une difficultés. De Ouaga en passant par la Lybie et Bruxelles, le chemin a été long, très long pour réussir à ramener la cohésion entre les frères nigériens. Des familles ont été endeuillées. Le développement de certaines régions en a souffert énormément.
Aujourd’hui, notre pays est devenu la coqueluche des temps modernes. Les diplomaties se bousculent à notre porte. Notre diplomatie, quant àelle s’évertue à assurer les conditions de la renaissance de notre pays sur le plan géostratégique. Que diraient nos représentants au sommet de la CEDEAO si propos qui jurent avec les décisions de la Communauté étaient rapportés ? Il faudrait que désormais les gens rendent compte de leurs propos mal placés au cas où leurs dires mettraient à rude épreuve un aspect de la vie du pays. Un conseiller à la présidence a payé pour des propos qu’on a jugés inopportuns ; pourquoi pas les auteurs des récents propos ?

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