Le Monde.fr avec AFP | • Mis à jour le
Un "crime odieux, abject et révoltant". C'est en ces termes, martelés après une réunion à l'Elysée, que le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a décrit dimanche 3 novembre l'assassinat au Mali de Claude Verlon et de Ghislaine Dupont, envoyés spéciaux de Radio France Internationale (RFI). Mais des interrogations demeurent sur les causes et circonstances de ces meurtres.
"L'un a reçu deux balles, l'autre trois balles", a précisé le chef de la diplomatie française, indiquant que les deux journalistes avaient été enlevés "par un petit commando" devant le domicile d'un responsable touareg qu'ils venaient d'interviewer. Leurs corps ont ensuite été retrouvés à 12 km de Kidal par une patrouille française qui avait été alertée. Ils devraient être rapatriés rapidement et des autopsies seront réalisées en France, selon Marie-Christine Saragosse, PDG de France Médias Monde (dont fait partie RFI).Dimanche, cette dernière a annoncé qu'elle partait pour Bamako avec la directrice de RFI, Cécile Mégie, et l'adjoint de celle-ci en charge de l'information Afrique, Yves Rocle, pour rapatrier les corps de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon. Le chef de l'Etat a "appelé les familles juste avant de nous recevoir", a-t-elle aussi indiqué, précisant que les ministres des affaires étrangères et de la culture et de la communication, Laurent Fabius et Aurélie Filippetti, devaient se rendre au siège de RFI pour rencontrer les équipes.
Mme Saragosse a également annoncé que la radio diffuserait "tout ce qui avait été enregistré" par les deux journalistes, qui ont été enlevés et tués alors qu'ils préparaient une émission spéciale sur le Mali. "Si la France lutte contre le terrorisme, nous les médias, nous devons lutter pour la liberté de la presse", a-t-elle souligné, et "si nous n'allons plus sur le terrain, alors où est la liberté de la presse ?"
"Ni Ghislaine ni Claude n'étaient des têtes brûlées, ils n'ont pris aucun risque inconsidéré", a assuré Mme Saragosse. C'étaient "des passionnés qui sont morts en allant jusqu'au bout de qu'ils croyaient juste". Quant aux auteurs de leur assassinat, "je ne peux pas dire si ce sont des mafieux crapuleux ou si c'est un acte politique, mais en tous les cas, c'est un acte ignoble", a-t-elle dit.
HOMMAGE AU TRAVAIL DE RFI
La Fédération internationale des journalistes, représentant 600 000 professionnels dans plus de cent pays, a appelé de son côté les journalistes présents au Mali à la prudence. Le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), un groupe de notables touareg de Kidal, a condamné "avec la dernière énergie l'assassinat de deux journalistes de RFI perpétré ce samedi à Kidal", dans un communiqué. Le MNLA a dit, pour sa part, "mettre tout en œuvre pour identifier les coupables" et a condamné ces crimes "avec toute la rigueur" possible.
La chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, a exprimé "sa profonde tristesse" devant "cet assassinat odieux", selon un porte-parole. L'UE poursuivra "avec détermination son appui aux autorités maliennes dans leur lutte contre le terrorisme", a-t-elle affirmé. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a rendu hommage au travail de RFI qui fait "un grand effort pour couvrir la réalité dans les zones de conflit, notamment l'Afrique, qui est si proche de nous", a-t-il déclaré.
Dans un communiqué diffusé samedi en fin de journée, les membres du Conseil de sécurité de Nations unies ont également "exprimé leurs condoléances aux familles des victimes" ainsi qu'au gouvernement français, et demandé au Mali d'enquêter "rapidement" sur cette affaire et de "traduire les responsables devant la justice".
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