jeudi 7 novembre 2013

Kidal, zone de danger par excellence - leJDD.fr

Kidal, zone de danger par excellence - leJDD.fr
La situation est depuis de longs mois explosive dans la ville du Nord-Mali où ont été enlevés et tués les deux reporters de RFI.
À Kidal, combien de divisions? Cette localité de 25.000 habitants perdue dans le désert du Nord est un abcès purulent dans la réconciliation malienne, une zone où le pouvoir central de Bamako n'a toujours pas voix au chapitre. Dans ce fief historique de la rébellion touareg se côtoient d'un côté les Touareg du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) et les anciens djihadistes d'Ansar Dine, reconvertis notamment dans le HCUA (Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad). En face, l'armée malienne, qui reste cantonnée dans une zone de la ville. Elle effectue parfois des sorties, mais toujours accompagnée des Casques bleus de la Minusma. Seules les forces françaises de Serval semblent en mesure de faire tampon entre les deux camps et d'éviter une guerre ouverte. À plusieurs reprises cependant, ils n'y sont pas parvenus et l'armée malienne a affronté des éléments du MNLA dans les rues de Kidal. Fin septembre, des combats à l'arme lourde opposaient les deux ennemis.
Les attentats sont aussi récurrents à Kidal. L'administration n'y est quasiment pas représentée, le bâtiment de la télévision publique reste aux mains du MNLA, les écoles n'ont toujours pas rouvert. Enfin, selon un habitant, et malgré la présence de nombreuses forces armées, la ville connaît un vide sécuritaire dans lequel se sont engouffrées des bandes armées non identifiées.

Des djihadistes redevenus fréquentables

À qui incombe la responsabilité d'une telle situation? À la France, répond une partie de l'opinion malienne, qui estime que Paris protège le MNLA depuis le début de l'intervention au Mali. Longtemps les militaires français ont effectivement freiné l'armée malienne, qui voulait réinvestir Kidal comme elle l'avait fait à Gao et à Tombouctou, les deux grandes villes du Nord. Problème : ce statu quo est synonyme de pourrissement. De nombreux anciens islamistes radicaux d'Ansar Dine en ont profité pour faire leur retour à Kidal et se refaire une virginité.
Hier, il était même fortement question que le MNLA soit dissous et qu'il se fonde dans un mouvement plus vaste réunissant le HCUA et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), deux émanations d'Ansar Dine. "Il faut simplement que l'on s'entende sur un nom à donner à notre nouvelle organisation", disait l'un des participants. Une plate-forme politique commune devait aussi voir le jour avant l'ouverture de nouvelles négociations avec les autorités de Bamako.
Indirectement, cet accord, si les événements d'hier ne le rendent pas caduc, signerait le retour en force de l'un des personnages clés du Nord-Mali : Iyad Ag Ghaly. Patron d'Ansar Dine, ce membre très influent de la communauté touareg et dont Kidal est le fief aurait joué un rôle décisif dans la libération des quatre d'Arlit. La contrepartie? Un retour en grâce pour lui et son entourage. Mardi, quelques heures avant l'annonce officielle de la libération des otages, trois de ses proches, membres du HCUA voyaient ainsi leur mandat d'arrêt levé par Bamako. Un cadre du MNLA a aussi bénéficié de cette mesure, qualifiée de "geste d'apaisement" par Bamako. Quant à Iyad Ag Ghaly, bien qu'officiellement aucune impunité ne lui ait été accordée, il pourrait faire son retour à Kidal. Plusieurs témoins ont affirmé avoir vu des ouvriers s'affairer depuis quelques jours dans sa villa pour faire place nette.
Lire aussi : Enlevés pour être assassinés
Antoine Malo - Le Journal du Dimanche

Aucun commentaire: