lundi 25 novembre 2013

Législatives au Mali : les rebelles se recyclent dans les urnes

Législatives au Mali : les rebelles se recyclent dans les urnes

Après la présidentielle en août, des élections législatives ont lieu aujourd’hui au Mali…où la situation est loin d’être normalisée.

Sidy Keita | Publié le 24.11.2013, 08h29

Bamako (Mali), vendredi. Les meetings des nombreux candidats se sont succédé en vue des législatives. Un scrutin test pour le président IBK, déjà critiqué.

Bamako (Mali), vendredi. Les meetings des nombreux candidats se sont succédé en vue des législatives. Un scrutin test pour le président IBK, déjà critiqué.

Zoom
Vingt mois après le coup d’Etat du 21 mars 2012, et un peu moins d’un an après l’intervention française dans le nord du pays, les législatives d’aujourd’hui marquent le retour à l’ordre constitutionnel au Mali. Mais la dégradation de la situation sécuritaire dans le Nord inquiète. 6,5 millions d’électeurs doivent élire les 147 députés qui les représenteront à l’Assemblée nationale, réduite ces dernières années à une chambre d’enregistrement d’un pouvoir corrompu ayant conduit le pays à sa perte.

Un premier test pour le Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Elu en août dernier avec plus de 77% des voix en promettant fermeté et restauration de l’honneur bafoué, IBK est déjà critiqué. Notamment parce que, depuis son élection, l’ex-capitaine putschiste Amadou Sanogo a été promu général et refuse de comparaître devant la malgré les crimes dont il est soupçonné. Plusieurs importants partis politiques se disent « choqués par la complaisance que manifeste le gouvernement à l’égard du capitaine Sanogo, qui donne l’impression d’être intouchable ». Et d’anciens membres de la junte occupent toujours aujourd’hui de hautes fonctions.

Les Maliens ont par ailleurs appris avec stupéfaction que plusieurs rebelles de premier plan ont non seulement vu leurs mandats d’arrêt levés, mais qu’ils sont candidats à la députation dans la région de Kidal sous les couleurs du RPM, le parti présidentiel. A Bamako, le fils du président est lui aussi candidat du RPM. « Le moment viendra où les Maliens vont juger. Cultiver l’impunité après avoir promis la fermeté, c’est très grave », dénonce Soumaïla Cissé, arrivé second à la présidentielle. Depuis la région de Tombouctou où il fait campagne « en pataugeant dans l’eau, en dormant dans des pirogues et en mettant des heures pour faire 12 km », le candidat de Niafunké dresse un sombre tableau de la situation : « Je suis obligé de payer des militaires à mes frais pour pouvoir faire campagne en sécurité, et la zone reste complètement sous-administrée. »

Bientôt un an après la libération des trois régions du Nord par l’armée française, le ciel s’assombrit à nouveau. Meurtre des deux journalistes français de RFI à Kidal, tirs sur Gao, mines meurtrières, assassinats de familles de militaires touaregs loyalistes… le gigantesque Nord est loin d’être sécurisé malgré la présence de milliers de militaires maliens, français et de la Minusma. Les scénarios les plus pessimistes ne sont plus écartés par les connaisseurs. « La situation s’est dégradée ces derniers mois. Il n’est pas à exclure que les terroristes reviennent et que la France soit là pour longtemps », envisage une source malienne bien informée. Dans ce contexte, l’allégement prévu du dispositif français à « environ 1000 hommes » après le second tour des législatives, le 15 décembre, pourrait être repensé.

Plus de 100 observateurs électoraux sont présents pour le compte de l’Union européenne, mais seulement trois se rendront dans le Nord « pour des raisons de sécurité ». Le nord du pays est loin d’être revenu dans le giron du Mali.
Le Parisien

Aucun commentaire: