Mali : ce qu'a tenté l'armée française après l'enlèvement des envoyés spéciaux de RFI
Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Nathalie Guibert
Plusieurs moyens de la force française Serval au Mali, engagés dans des opérations en cours, ont été dépêchés, en vain, vers Kidal, pour tenter de secourir Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les deux envoyés spéciaux de Radio France internationale (RFI) assassinés le 2 novembre, a précisé l'état-major de l'armée française, jeudi 7 novembre.
Outre les deux hélicoptères de Tessalit, à qui le quartier général de Gao a donné l'ordre d'annuler une mission prévue pour décoller en urgence, deux Rafale ont été détournés d'une opération dans l'extrême nord du Mali pour tenter d'intercepter les ravisseurs. Hélicoptères et avions arrivèrent tous sur la zone sans avoir pu intervenir.C'est un convoi parti par la piste vers l'est, en direction de Tin-Essako, qui a découvert le véhicule des ravisseurs à 14 h 30, soit une heure après l'alerte donnée par un habitant de Kidal à la force Serval.
RAFALE, HÉLICOPTÈRES ET PATROUILLE AU SOL
Les Rafale sont arrivés sur ce point, à 12 km de la ville, en même temps que cette patrouille au sol, a expliqué le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l'état major de l'armée française. Selon lui, "en fouillant les approches", pour s'assurer que la zone n'était pas piégée, les militaires de la patrouille au sol découvrirent les corps sans vie des deux envoyés spéciaux "aux alentours de 14 h 50".
Les hélicoptères sont arrivés eux quarante minutes plus tard, compte tenu des distances, près de 250 km, entre Tessalit et Kidal, où aucun appareil n'est stationné en permanence.
"Une force capable de réorienter un avion de chasse configuré pour une mission donnée, ainsi que d'autres moyens, en cinquante minutes est une force très entraînée", a justifié l’état-major en réponse à des questions de la presse sur la réactivité de Serval.
Lire notre décryptage Mali : questions au sujet d’un double assassinat
ÉVITEMENT ET ARMEMENTAucune précision n'a été fournie sur la façon dont les ravisseurs ont pu ou non être pistés par la suite ; leur véhicule abandonné, ils ont pu être emmenés par un autre pick-up. "Des actions combinées de renseignement se poursuivent", a simplement ajouté le colonel Jaron.
Douze hélicoptères de Serval sur seize – pour ce qui concerne les forces conventionnelles – étaient mobilisés ces jours derniers pour l'opération Hydre. Cette vaste opération de contrôle de zone a été menée du 20 octobre au 3 novembre avec 1 500 soldats français, maliens et onusiens.
Elle n'a, officiellement, pas permis d'arrêter ou de neutraliser de chefs djihadistes. Dans la région de Gao, ces derniers n'ont pas cessé de s'armer, selon les sources militaires françaises, mais ils poursuivent leur stratégie d'évitement : "Nous avons eu confirmation de leur mode d'action. A l'approche des forces, l'adversaire tente d'échapper au combat. Et nous n'avons pas retrouvé d'armement significatif", a encore précisé le colonel Jaron.
UNE IMPORTANTE PLATEFORME LOGISTIQUE NEUTRALISÉE
Des sources sur le terrain avaient cependant révélé au Monde que des caches d'armes "résiduelles" avaient été découvertes. L'état-major a annoncé jeudi qu'une plateforme logistique importante a été neutralisée près de Tombouctou.
Organisée de façon militaire "comme l'aurait fait l'armée française, elle comportait en plusieurs lieux du ravitaillement, des véhicules, et des moyens de soutien aux combattants.
Entre juin et octobre, soit les cent vingt premiers jours de Serval II, les Français ont été en opération pendant quatre-vingt-dix jours au total. Trente tonnes d'armement et une tonne et demie de matières explosives ont été découvertes, ainsi que des ateliers de fabrication de bombes artisanales.
Deux accrochages seulement se sont produits. Le premier le 14 septembre à Bourem, où Serval a fait trois prisonniers, l'un étant mort de ses blessures. Le second à Tombouctou le 1er octobre, au cours duquel les forces spéciales ont tué 10 djihadistes.
- Nathalie Guibert
Journaliste au Monde
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