Nord-Mali : faire face et ne plus faire semblant
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La paix maintenant et la réconciliation plus tard ? En tout cas, le round de négociations qui s’ouvriront à Alger dans quelques jours est attendu comme le bon. Et si le souhait du Chef de l’Etat se réalisait, Bamako abriterait bientôt l’acte de signature qui scellerait l’entente politique entre les parties prenantes pour la résolution d’une crise. En sachant que le retour à la normale ne sera pas pour tout de suite, qu’elle résultera de la bonne foi de l’Etat et des ex-belligérants ainsi que d’une lecture lucide de ce qu’on appelle désormais la crise du Nord. Il faudrait que le Mali (l’Etat, les citoyens, les groupes armés) acceptent d’abord les vérités, toutes les vérités. Plus que les délégations pléthoriques et ornementales qui parasitent la capitale algérienne, ce sont ces vérités qui ouvrent la voie à la paix durable.
LA PREMIERE DE CES VERITES : Alger est le déterminant majeur de notre sécurité nationale qui repose essentiellement sur la stabilité de notre septentrion. Notre histoire immédiate confirme ce postulat. Il ne s’est posé dans aucune autre région du Mali de crises ayant nécessité la mobilisation de l’armée. Et nous n’aurons connu que deux guerres courtes avec le Burkina Faso et ce à un moment où pour tout le monde, y compris le président Moussa Traoré, notre armée était capable d’aller prendre le petit-dej à Ouaga sans coup férir. Et pourquoi Alger est le déterminant ? En 1992, elle a tapé du poing sur la table et les rebelles ont ravalé leurs revendications sécessionnistes, en 2006, il lui a été reproché d’avoir réactivé Ag Bahanga pour obtenir la fermeture du consulat libyen ouvert dans la presque wilaya de Kidal et en 2011, elle passe pour avoir porté Ansardine, sans compter que les chefs historiques d’Aqmi, le principal fauteur de trouble au Nord du Mali sont Algeriens, ce qui ne veut pas dire forcément qu’ils sont actionnés par Alger.
DEUXIEME VERITE : les différentes crises du Nord ne sont pas liées. La littérature sur la question du Nord établit une filiation entre les quatre grandes crises du Nord qui ont donné lieu à des affrontements armés : 1963, 1990, 2006 et 2011. Chacune de ces crises, certes a laissé des griefs plus ou moins importants qui ont contribué à créer ou élargir le fossé Nord-Sud.
Par exemple, le père de Ag Najim le chef militaire du Mnla a été tué par l’armée malienne dans la révolte de l’Adrar de 1963. Et c’est vrai, toutes ces crises sont parties de Kidal. Mais, nous avons eu à l’écrire par le passé et nous le répétons : la révolte de l’Adrar est la riposte disproportionnée de l’Etat à une jacquerie localisée et réprimée de manière particulièrement sanglante, - tendance lourde de la gestion par l’Etat des rébellions ultérieures.
En 1990, l’argumentaire politique de la rébellion et qui était valable pour toutes les régions du Mali tenues de main de fer par une « administration d’occupation » ne pouvait pas prospérer sans la mégalomanie pan-arable et meutrière de Kadhafi.
Car ce sont les démobilisés de la légion islamique de Tripoli qui a pris les armes contre le Mali. En 2006, ce sont les récriminations algériennes contre l ’axe Bamako-Tripoli qui ont mis le feu à Kidal. En 2011, le Mnla a sans doute reçu l’oreille de Paris parce que scandaleusement, le désert malien était devenu un centre de détention pour otages français, avec toutes les complicités que cela suppose.
MAIS LES JIHADISTES ETAIENT ET LA SEULE VRAIE FORCE
Il ne sert à rien de mettre la tête sous le sable. La forêt de sigle que génère la crise du septentrion n’existe que pour cacher et blanchir l’action de pseudos jihadistes ou de bandits de grands sables pour qui échangeraient un gramme de cocaïne contre tous les corans du monde. Rharouss était à 80 kilométres d’une base salafiste connue et plusieurs fois dénoncée par les autorités de cette localité. Le camp militaire de Aguel Hock était à 50 km des quartiers généraux de Abdelkrim le Targui, le sanguinaire terroriste de la région de Kidal. Le rapt était devenu une industrie rentable et assurée : les payeurs de rançon niaient, les gardiens des otages niaient, les kidnappeurs vendaient leurs produits et les négociateurs empochaient les dividendes.
On ne parle même pas des énormes quantités de drogues qui ont fini par faire du Nord du Mali une sorte de Mexique du Sud, avec des ramifications aux niveaux les plus insoupçonnables. Quand la paix sera signée, il faudra alors prendre le taureau par les cornes et laver à grande eau le Sahara, une poudrière potentiellement plus dangereuse que la Syrie, l’Irak et l’Afghanistan.
Il ne faudra surtout jamais oublier que lorsque l’Etat publiait le bilan élogieux de sa politique touristique, le tourisme était mort à Tombouctou, Kidal, Gao et que la curiosité mondiale qu’est le pays Dogon tirait la langue. Toues les leçons doivent être tirées, y compris celles des démobilisations-réinsertions qui préparent la génération suivante de la rébellion, lorsque le travail de développement n’est pas au rendez-vous.
Adam Thiam
Source: Lerepublicainmali
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