mardi 17 février 2015

Insécurité dans les régions de Mopti et de Ségou : Quand la rébellion prend un visage noir

Insécurité dans les régions de Mopti et de Ségou : Quand la rébellion prend un visage noir

Djihadisme ou rébellion touarègue qui se métamorphose en rébellion des peaux noires ? La question a tout son sens, eu égard à la nouvelle situation sur le terrain

Mali: les rebelles touareg du MNLA affirment contrôler KidalDepuis un certain temps, le front des hostilités entre les militaires maliens et les groupes armés s’est déplacé de la région de Kidal vers la zone inondée du delta intérieur du fleuve Niger. Le spectre de la guérilla s’étend du côté du sahel oriental (Nampala, Djouara, Ténekoun, Léré, etc.) à la lisière de la forêt de Ouagadou.



Ici, la rébellion contre les militaires maliens a pris un visage local. Ce sont les jeunes des villages attaqués, qui sont en première ligne des affrontements. Certains ont été clairement identifiés par les militaires lors des face à face. Selon des sources militaires, lors d’une mission de patrouille, un des chefs de village de la commune de Djouara a reconnu le mal. « Ce sont nos enfants, qui sont dans cette rébellion. La preuve, un de mes neveux a tué son propre père dans un village environnant. Au motif, que celui-ci n’a pas une foi avérée à la religion. » a-t-il expliqué. La même source de préciser que l’arrestation d’un imam dans un village proche de Nampala, après l’attaque de cette localité n’est pas un acte isolé. Le conflit implique même certaines autorités coutumières. La preuve, au moins deux chefs de village de la commune de Diouara ont perdu des enfants dans les affrontements avec nos hommes.

Selon nos sources, la zone compte deux Quatibas djihadistes « tropicalisés ». Ils recrutent les jeunes locaux, gagnés par le désœuvrement avant de les miroiter des propositions alléchantes. Ils vont jusqu’à les proposer qu’en chassant l’armée malienne, ils pourront devenir maîtres de leur propre destinée. Pour y parvenir, ils leur forment dans la technique de maniement des armes de guerre. Mais, le nouvel adhérant doit prouver son degré de loyauté pour se faire accepté du groupe. L’avantage de cette nouvelle stratégie pour les djihadistes et/ou du MNLA, est de deux ordres.

Primo s’assurer d’une rapide diffusion des combattants dans la population aussi après l’attaque.

Secundo, disposé d’un relai fiable de source de renseignement sur les positions des militaires maliens. Jusqu’aux dernières attaques, la méthode marchait à merveille. Car, faire face à une rébellion noire, c’était le dernier souci des hommes sur le terrain. C’est pour cette raison que l’attaque du camp de Nampala a été meurtrière. Parce que nos hommes ont été surpris de se voir en face des frères noirs comme eux leur pointés des armes.

Selon une source indépendante basée à Ténèkoun, les assaillants qui connaissaient bien la ville on réussi à s’échapper de l’étau de l’armée en utilisant un passage d’autochtone, tenu par seulement trois gendarmes. Ils ont profité de l’obscurité de la nuit pour perpétrer leur forfait. C’étaient malheureusement les trois victimes de l’attaque. Un autre fait troublant a eu lieu le weekend passé sur la route de Niono. C’était à la faveur du transport des blessés de l’attaque du samedi dernier vers Niono. Sur la route, le convoi a essuyé des tirs dans une embuscade.

Rétablir le royaume de Macina !

C’est dire que le phénomène devient de plus en plus inquiétant. Car, selon nos sources, derrière ces attaques se cacheraient une nouvelle revendication territoriale et identitaire. Les assaillants et leurs mentors politiques ambitionneraient de rétablir les vestiges de l’ancien royaume du Macina dans tous ses compartiments (politiques, religieux et économique), d’où la tactique de harcèlement utilisée contre nos hommes en espérant que ces derniers, fatigués et découragés vont abdiquer en abandonnant les lieux.

S’agit-il d’une nouvelle tactique du MNLA et ses alliés djihadistes d’Ançar Dine, d’AQMI et du MUJAO ? A ce stade des informations, il n’y a pas de liens directs de subordination et/ou de complémentarité établis avec exactitude, mais tous les indices relevés tendent vers cette hypothèse. Car, pendant l’occupation, les Djihadistes d’Ançar Dine et d’AQMI ont enrôlé beaucoup de combattants noirs du Gourma pour former le MUJAO. Or, cette communauté a des liens historique, linguistique et sociologique avec celle du sahel oriental. Le MNLA et ses alliés djihadistes peuvent user de cette relation pour élargir le spectre des affrontements dans le seul but d’épuiser nos forces et parvenir à leur but, à savoir le fédéralisme. Car, ce ne serait plus une minorité d’une seule communauté qui se bat, mais un conglomérat de communautés aux velléités fédéralistes. Dans ce plan machiavélique, des leaders et les moindres religieux et politiques sont fortement soupçonnés de connivence. En tous les cas, la situation à Kidal peut donner des idées à n’importe quel opportuniste assoiffé de pouvoir. Surtout que les événements actuels ont mis à nu toute la faiblesse de notre capacité de défense. D’où des velléités sécessionnistes. Comme on le dit en bambara « ni san ye mcgc ye toko kolo kcnc, o te tike » c’est-à-dire que « celui qui s’abrite dans un endroit de fortune pendant qu’il pleut a l’impression que cette pluie ne s’arrêtera jamais ».

Il urge donc pour les Pouvoirs publics de se mobiliser pour mettre en œuvre une stratégie de communication très agressive pour extirper les jeunes désœuvrés des mains de la tentation dijhadiste pour ne pas se retrouver dans la même situation qu’au Nigéria avec Boko Haram. Du fait de la sous estimation, cette secte musulmane a fini par gangréner la société, au point que les autorités ne savent plus par où commencer pour le combattre. Pour cela, certains militaires réclament le retour effectif de l’appareil d’Etat dans tous ses compartiments dans cette partie de notre territoire, pendant qu’il est temps, notamment les Forces de sécurités, l’Administration (Préfets et sous préfets, Justice, Services financiers, etc.) et les Services sociaux (Ecole, Santé, Actions humanitaire). Cette cohorte d’agents publics permet à l’Etat de réaffirmer sa présence, mais surtout permet d’entretenir un relais de renseignement, permettant d’anticiper sur les événements.

Mohamed A. Diakité

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