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IBK a perdu les commandes du Pouvoir : Nos preuves avérées et chiffrées
Par Le Journal Option - Date: il ya 4 heures 42 minutes 6 réactions
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Aujourd’hui président du Conseil régional d’Agadez, l’ancien rebelle a créé en 2013 le Cabinet d’analyses et d’actions pour la sécurité et la paix au Sahel et s’implique depuis plusieurs années dans la résolution des conflits, au Mali ou dans le sud de la Libye. Invité à la réunion de réconciliation, annulée, qui devait se tenir à Niamey entre les mouvements armés du nord du Mali, il est décidé à promouvoir le développement des zones transfrontalières du Sahel afin de prévenir les risques de conflit.
Jeune Afrique : Quand le Niger peut-il espérer organiser une nouvelle réunion de réconciliation ?
Mohamed Anacko : Difficile à dire. Il n’y a pas encore de dates car cela dépend de la situation sur le terrain. Les communautés invitées sont désormais encore un peu plus en état de guerre.
Je crois qu’il y a surtout une mauvaise volonté de la part du gouvernement. Il devait créer l’environnement propice à l’application du cessez-le-feu. Pourtant, c’est une milice progouvernementale qui aurait provoqué les combats ayant abouti à l’annulation de la rencontre de Niamey. Donc, soit le gouvernement contrôle cette milice et est complice, soit celle-ci est hors de contrôle et cela voudrait dire qu’il n’y a plus d’État et plus d’armée nationale, ce qui est encore pire.
Le gouvernement malien ne voudrait pas de l’application de ces accords ?
Le gouvernement malien a surtout à cœur la reprise de Kidal. Malgré la signature des accords d’Alger, cette plaie est toujours là, ouverte. Je pense que Bamako veut absolument récupérer Kidal avant de véritablement mettre en place les accords. Mais diviser pour régner est un mauvais calcul. À force de diviser, il finit par ne plus y avoir personne à gouverner. Les milices qu’un gouvernement a créées peuvent échapper à son contrôle, voire se retourner contre lui, et tout ce qu’il reste, c’est le chaos. Je pense que le Mali va dans le mauvais sens, au devant d’un danger qu’il n’a jamais connu auparavant.
Quel rôle peut jouer le Niger dans cette situation ?
Le Niger peut évidemment aider à la réconciliation. Aujourd’hui, ce n’est plus seulement un problème entre l’État du Mali et le Nord. Il y a désormais un conflit entre des communautés qui peuvent être présentes à la fois au Niger et au Mali. Mais, au-delà de cette aide, c’est surtout la sécurité du territoire nigérien qui se joue. Il y a toujours un risque de contagion.
Vous vous êtes également inquiété de la situation dans le sud de la Libye. Pourquoi ?
Pour les mêmes raisons. Si les communautés s’entredéchirent dans le sud libyen, il n’y a pas de raisons que cela s’arrête à la frontière du Niger. C’est une préoccupation du gouvernement nigérien et nous avons créé, au niveau de la région d’Agadez, un comité de paix chargé de prévenir les risques de conflit, dans lequel on a impliqué toutes les communautés, touarègues et arabes. L’idée est qu’elles aient une action de sensibilisation dans le sud de la Libye, en particulier chez les jeunes, pour leur expliquer que la guerre au nord du pays n’est pas la leur. Tant que la crise entre les deux « gouvernements » n’est pas résolue, il faut éviter que les communautés du Sud choisissent un camp.
Avant tout, il faut dire que, si Barkhane n’avait pas été là, le dernier verrou nigérien aurait sauté lors de la guerre du Mali. L’armée nationale n’aurait pas pu empêcher les terroristes de venir s’installer dans le Nord. Mais il est vrai que Barkhane a pâti au départ d’un manque de communication. Quand vous envoyez des hélicoptères et des avions dans le désert, sans avoir mis en place un dispositif d’information, il faut s’attendre à ce que les populations y voient une nouvelle forme de colonialisme. Avec le temps, cela s’est arrangé, même s’ils ne sont toujours pas proches des gens.
Il faut une collaboration avec les habitants, qui connaissent la région. Sinon, Barkhane va se contenter de faire du tourisme dans le désert
C’est-à-dire ?
Les habitants ne comprennent pas que Barkhane n’agisse que sur certains groupes armés. Il y a des bandes, venues du Tchad ou du Soudan par exemple, qui pratiquent le pillage, en particulier depuis que l’orpaillage a pris une place importance. Mais Barkhane, parce que ce n’est pas sa mission, ne s’intéresse pas à eux. Pas davantage que les forces de sécurité nigériennes d’ailleurs. Pourtant, ce sont ces personnes qui créent les conditions propices à l’installation du terrorisme. Le risque, c’est que la population crée des milices pour se défendre. De plus, la lutte contre le terrorisme, c’est d’abord le renseignement. Il faut une collaboration avec les habitants, qui connaissent la région. Sinon, Barkhane va se contenter de faire du tourisme dans le désert.
La résolution des conflits sahéliens passe donc d’abord par le dialogue avec les communautés transfrontalières ?
Bien sûr. C’est pour cela que nous avons créé le Cabinet d’analyses et d’actions pour la sécurité et la paix au Sahel, basé à Niamey. Notre idée est d’organiser des conférences, des rencontres entre les groupes présents en Libye, au Mali, en Algérie, au Niger et au Tchad. Nous voulons donner un outil aux États pour le dialogue et le développement dans leurs zones frontalières. C’est une sorte de bureau de liaison pour lequel le gouvernement nigérien nous a promis de sensibiliser les pays voisins.
Pensez-vous que ces États soient d’accord pour appuyer cette initiative ?
Difficile à dire. Il y a toujours une peur des communautés transfrontalières sous prétexte qu’elles finiraient par revendiquer un État indépendant, ce qui est faux. Il faut dépasser cette crainte. Bien sûr, c’est difficile. Nous l’avions fait il y a quinze ans au Niger, en intégrant des populations touarègues du Nord aux forces de sécurité. Pourtant, aujourd’hui, nous sommes en train de revenir à la case départ, parce que la bureaucratie se méfie toujours. Les personnes intégrées partent à la retraite et il n’y a pas de relève. Résultat : l’armée, par exemple, est dominée par deux ethnies du Sud et, à Agadez, les locaux ne lui font pas confiance. Nous n’avons toujours pas réussi à faire en sorte que les gens se sentent chez eux
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Pour Antoine Glaser, fondateur et rédacteur en chef durant 26 ans de « La Lettre du Continent« , lettre confidentielle bimensuelle consacrée à l’Afrique, et ancien directeur de la rédaction d' »Africa Intelligence », le Mali reste profondément déstabilisé et la présence des forces françaises y est de plus en plus indispensable.
Dans une interview accordée à nos confrères français de « Marianne », il explique surtout pourquoi « la communication de la France sur la lutte contre le terrorisme au Mali » aujourd’hui beaucoup plus prudente. Pour lui, « dans le Sud du Mali, il y a eu à un moment donné un certain nombre de mouvements anti-français. Et parfois dans le pays, quoi qu’il se passe, c’est la faute de la France ».
Ainsi, « ne plus se placer en première ligne mais se mettre en deuxième est une vraie stratégie, car dans la réalité des faits, la France est extrêmement active dans toute la région et à tous les niveaux ». Désormais, ajoute-t-il, « la France ne communique que lorsque ses forces spéciales ou ses soldats engagés dans l’opération Barkhane – 3000 soldats près de la frontière libyenne depuis août 2014 – ont effectivement éliminé des jihadistes ».
Il explique alors que « ce qui est évident c’est qu’il y a maintenant, stratégiquement, un très grand silence de la France sur tout ce qu’il se passe sur le plan sécuritaire au Mali ». Et cela « change complètement de tout ce qu’on a pu entendre, en particulier en 2013 après l’opération Serval qui a bloqué la descente des jihadistes dans le Sud du pays ».
Monsieur Glaser rappelle « d’ailleurs à l’époque, il y avait une vraie volonté d’intervenir à Mopti et à Sévaré, là où justement la prise d’otage a eu lieu ce week-end. Aujourd’hui, il s’agit pour la France de ne plus se trouver en première ligne dans la communication à propos de la sécurité du pays, sauf quand ses forces se trouvent victorieuses dans la chasse aux jihadistes ».
En septembre 2010, il a cédé la rédaction en chef de « La Lettre du Continent » à Frédéric Lejeal.
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