lundi 24 novembre 2014

Mali : Vous avez dit rébellion touareg ? - Mali Actu

Mali : Vous avez dit rébellion touareg ? - Mali Actu

Mali : Vous avez dit rébellion touareg ?

mnlaAu Mali, rébellion rime avec groupe armé, indépendance et touareg. Les différentes « luttes armés » se confondent par leur dimension microscopique, tribale.

La rébellion (armée ou pas) s’assimile à une révolte, insurrection, etc. contre un ordre établi, coupable d’injustice envers des individus. Ces derniers s’insurgent dans le but de renverser les tenants cet ordre établi, ou tout simplement les sommer à mettre fin aux souffrances subies. Dans tous les cas, l’objectif demeurant toujours de faire cesser une action préjudiciable, tout en s’inscrivant dans la république.

Les rebellions à la malienne ont des  caractéristiques bien différentes. Leur résurgence chronique est liée à une perception erronée.

Ce qu’on appelle « la rébellion touareg » a connu une mutation dans ses revendications.

À éclatement de la toute première rébellion, il s’agissait ni plus ni moins d’arracher une portion du territoire autrefois administré par le colon français et d’en faire une entité à part entière. A cette époque, il s’agissait plus de l’autodétermination que de l’argument, usité de nos jours, de délaissement du septentrion dans la politique de développement du Mali.

Paradoxalement, soit dit en passant, le « no mans land » qu’est devenu le grand nord de nos jours, dont se plaint les groupes armés, est une conséquence de l’insécurité instaurée et maintenue par ceux-ci depuis les premières heures du Mali indépendant.
Le facteur essentiel dans l’échec de la « rébellion » malienne est qu’elle se base sur un droit qui s’obtient difficilement par les armes. En effet, l’indépendance revendiquée jusqu’aujourd’hui n’a émané et n’émane toujours que d’un groupe d’individus qu’on ne saurait qualifiée de communauté représentative de l’entité revendiquée.

Encore plus handicapant, l’ethnie touareg qui se trouve injustement associée à cette lutte n’y est pas favorable dans l’intégralité des différentes tribus qui la composent.

Aujourd’hui, en plus du droit à l’autodétermination, les leaders « rebelles » justifient la nécessité de l’indépendance par le retard de développement que connaissent certaines localités septentrionales par rapport à d’autres du sud, et des exactions commises par l’armée nationale dans sa lutte contre les groupes indépendantistes.

Tous ces deux points résultent réciproquement de la faiblesse de l’Etat, née de la présence permanente des groupes armés séparatistes et de la mise en œuvre d’une fonction régalienne de l’Etat, la défense de la souveraineté nationale, quoique avec probablement des violations des droits humains autant inacceptables que celles commises par les groupes armés.

Une lutte orpheline

Les irrédentistes d’origine, en prenant les armes au nom de l’autodétermination, ont pêché. Leurs idéaux indépendantistes auraient pu trouver une plus grande audience s’ils avaient concentré les plus de 50 ans de forcing dans le développement d’une philosophie solide en direction des hommes et femmes qui peuplent la zone revendiquée.

Leurs héritiers ont doublement pêché en voulant légitimer la lutte armée sans au préalable travaillé une idéologie, non tribale. Aujourd’hui, il semble bien trop tard pour réussir encore une sécession au Mali, d’où la nécessité de l’abandon de la cause perdue.

La lutte menée par les séparatistes du Mali n’est pas une rébellion. Si elle l’avait été, elle aurait sans doute comptabilisé quelques acquis au bout de plus de 50 ans d’effort. La multitude des mouvements au sein du très restreint milieu sécessionniste prouve davantage que la cause n’est pas rassembleuse. Ces différents groupes sont, comme on les désigne d’ailleurs sous d’autres cieux, des mouvements armés nationalistes et non une rébellion.

La lutte armée pour l’indépendance au Mali n’est donc pas une rébellion car n’existant aucune injustice particulière envers le groupe « rebelle », aucune souffrance volontairement infligée par l’ordre établi. Les velléités sécessionnistes sont nées d’un simple désir à l’autodétermination d’un groupe d’individus qui s’est borné à perpétuer sa lutte que dans son cercle restreint.

Alors que le droit à l’autodétermination est reconnu à un peuple, un groupe issu de tribus d’une ethnie partiellement hostile à la lutte menée ne saurait représenter tout un peuple de plusieurs ethnies totalement opposées à la cause.

Aliou Hasseye
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