C’est de cette région, où sont désormais les soldats français, que sont parties toutes les rébellions touarègues depuis près d’un demi-siècle.
L'armée française est arrivée aux portes de Kidal, dans la nuit de mardi à mercredi 30 janvier. (ISSOUF SANOGO / AFP)
Contrairement à ce qui était annoncé, les Français sont à Kidal. Un avion s’est posé cette nuit avec des éléments militaires. Aucun élément de l’armée malienne ne les accompagnait. Cette surprise n’en est pas vraiment une. Kidal est un enjeu essentiel de cette guerre. Et pour plusieurs raisons.
C’est de cette région que sont parties toutes les rébellions touarègues depuis près d’un demi-siècle, au nom de revendications économiques et politiques. Sans rentrer dans l’historique complexe de ces insurrections et de leurs causes, disons que les hommes du désert estiment être à la fois désappropriés de leur royaume de sable - qui recèle tout de même des ressources minières et pétrolières - , et abandonnés par le pouvoir central à Bamako. Pas d’infrastructures, pas d’hôpitaux, pas de routes, pas de lycées.
Et un désert de dizaines de milliers de kilomètres carrés laissés aux mains des narcotrafiquants puis des Salafistes arabes étrangers d’Aqmi et du Mujao qui contrôlent eux aussi le passage de la drogue, la contrebande cigarettes, la traite des hommes et les prises d’otages...tout ce qui pourrit la vie et la sécurité dans cette région.
La ville est sous le contrôle du MNLA et du MIA. Le MNLA est un mouvement indépendantiste touareg qui a lancé la guerre contre l’armée malienne, puis s’est désintégré avant de quasiment disparaître, chassé par les troupes d’Ansar Dine. Kidal est surtout occupé par les hommes du MIA, en clair, les Touaregs de Kidal qui regroupent des chefs traditionnels, des commandants en armes avec leurs troupes et l’autorité spirituelle des Touaregs.
Qui sont-ils ? Exactement les mêmes... qui négociaient en novembre dernier au nom d’Ansar Dine à Ouagadougou pour essayer de trouver une solution politique et pacifique. Parmi eux, Alghabass Ag-Intallah, la noblesse de robe, fils du chef spirituel des touaregs ; Ag-Bibi, ex- numéro trois d’Ansar Dine, Ag-Aharib ex-porte-parole d’Ansar Dine et même Ag-Aoussa, le cerveau militaire de toutes les opérations. Tous ont quitté Ansar Dine, tous en veulent à Iyad pour sa dérive. Et Ag-Aoussa le militaire, surnommé "le tueur" a même promis à Iyad de "l’étrangler de ses propres mains" pour lui faire payer la "trahison de son peuple".
Les Français ont vite compris la situation. Une ratonnade, voire des massacres à Kidal, aurait pourri toute solution d’avenir. "Les Touaregs sont nos amis", a rappelé avec force le ministre de la Défense français. Résultat : l’avion qui s’est posé cette nuit sur cet aéroport ne comprenait aucun militaire malien. Mieux, un appareil venu du Burkina-Faso est attendu à Kidal pour emporter une délégation MIA-MNLA vers Ouagadougou pour reprendre les négociations avec l’État malien.
Surprise. Dans le même temps, alors que Bamako avait trainé des pieds en novembre dernier pour discuter avec les Touaregs et que le ressentiment est très vif envers les hommes du Nord, l’Assemblée nationale malienne vient de voter "à l’unanimité" une feuille de route qui prévoit des discussions avec "certains groupes armés", entendez, le MNLA et le MIA débarrassé d’Iyad Ag-Ghali. Nul doute que la France, en position de force, n’a pas hésité à tordre le bras de son allié malien pour lui expliquer que son intervention miracle n’avait pas pour but de donner à Bamako un blanc-seing pour casser du touareg.
Tout est à refaire. Il est encore temps. C’est seulement avec les Touaregs, maîtres de leur désert, qu’on pourra retrouver la sécurité, la réconciliation nationale et un espoir d’avenir pacifique. Sans Iyad Ag-Ghali, sans le Mujao et sans Aqmi. Sans tous ceux qui profité d’un désert trop vide pour transformer la région en terre de Djihad, en terre de désolation, en royaume de la mort.
C’est de cette région que sont parties toutes les rébellions touarègues depuis près d’un demi-siècle, au nom de revendications économiques et politiques. Sans rentrer dans l’historique complexe de ces insurrections et de leurs causes, disons que les hommes du désert estiment être à la fois désappropriés de leur royaume de sable - qui recèle tout de même des ressources minières et pétrolières - , et abandonnés par le pouvoir central à Bamako. Pas d’infrastructures, pas d’hôpitaux, pas de routes, pas de lycées.
Et un désert de dizaines de milliers de kilomètres carrés laissés aux mains des narcotrafiquants puis des Salafistes arabes étrangers d’Aqmi et du Mujao qui contrôlent eux aussi le passage de la drogue, la contrebande cigarettes, la traite des hommes et les prises d’otages...tout ce qui pourrit la vie et la sécurité dans cette région.
La clé du conflit
C’est de Kidal qu’est partie la dernière révolte en janvier 2012. Ici que vit Iyad Ag-Ghali, leader traditionnel des Ifoghfas et chef militaire touareg. Ansar Dine est né ici. Puis Iyad Ag-Ghali s’est lancé avec Aqmi dans une "aventure meurtrière", comme disent ses anciens compagnons qui l’ont abandonné pour former un nouveau mouvement, le MIA. Aujourd’hui, Tombouctou et Gao sont tombés, Aqmi est en fuite, Iyad aussi. Reste que Kidal est toujours la clé du conflit.La ville est sous le contrôle du MNLA et du MIA. Le MNLA est un mouvement indépendantiste touareg qui a lancé la guerre contre l’armée malienne, puis s’est désintégré avant de quasiment disparaître, chassé par les troupes d’Ansar Dine. Kidal est surtout occupé par les hommes du MIA, en clair, les Touaregs de Kidal qui regroupent des chefs traditionnels, des commandants en armes avec leurs troupes et l’autorité spirituelle des Touaregs.
Qui sont-ils ? Exactement les mêmes... qui négociaient en novembre dernier au nom d’Ansar Dine à Ouagadougou pour essayer de trouver une solution politique et pacifique. Parmi eux, Alghabass Ag-Intallah, la noblesse de robe, fils du chef spirituel des touaregs ; Ag-Bibi, ex- numéro trois d’Ansar Dine, Ag-Aharib ex-porte-parole d’Ansar Dine et même Ag-Aoussa, le cerveau militaire de toutes les opérations. Tous ont quitté Ansar Dine, tous en veulent à Iyad pour sa dérive. Et Ag-Aoussa le militaire, surnommé "le tueur" a même promis à Iyad de "l’étrangler de ses propres mains" pour lui faire payer la "trahison de son peuple".
"Les Touaregs sont nos amis"
Que se passe-t-il aujourd’hui à Kidal ? Le MIA et le MNLA sont sur place et ils redoutaient et refusaient l’arrivée des troupes maliennes : "Vu leur haine des Touaregs et leur désir de vengeance après leurs défaites pendant près d’un an, si l’armée malienne entrait dans la ville, ce serait un carnage", dit un Touareg de Kidal.Les Français ont vite compris la situation. Une ratonnade, voire des massacres à Kidal, aurait pourri toute solution d’avenir. "Les Touaregs sont nos amis", a rappelé avec force le ministre de la Défense français. Résultat : l’avion qui s’est posé cette nuit sur cet aéroport ne comprenait aucun militaire malien. Mieux, un appareil venu du Burkina-Faso est attendu à Kidal pour emporter une délégation MIA-MNLA vers Ouagadougou pour reprendre les négociations avec l’État malien.
Surprise. Dans le même temps, alors que Bamako avait trainé des pieds en novembre dernier pour discuter avec les Touaregs et que le ressentiment est très vif envers les hommes du Nord, l’Assemblée nationale malienne vient de voter "à l’unanimité" une feuille de route qui prévoit des discussions avec "certains groupes armés", entendez, le MNLA et le MIA débarrassé d’Iyad Ag-Ghali. Nul doute que la France, en position de force, n’a pas hésité à tordre le bras de son allié malien pour lui expliquer que son intervention miracle n’avait pas pour but de donner à Bamako un blanc-seing pour casser du touareg.
Terre de désolation
Compliqué ? Non. En un mot, les mêmes hommes, des responsables Touaregs, des Maliens du Nord, qui cherchent toujours une "solution pacifique" à la crise, vont se retrouver au même endroit à la table des négociations pour reprendre une discussion qui n’aurait jamais du s’interrompre si Iyad Ag-Ghali, ex-rebelle devenu islamiste fou de charia et allié opportuniste d’Aqmi, n’avait pas fait l’erreur de sa vie et lancé tout son peuple dans une guerre suicidaire.Tout est à refaire. Il est encore temps. C’est seulement avec les Touaregs, maîtres de leur désert, qu’on pourra retrouver la sécurité, la réconciliation nationale et un espoir d’avenir pacifique. Sans Iyad Ag-Ghali, sans le Mujao et sans Aqmi. Sans tous ceux qui profité d’un désert trop vide pour transformer la région en terre de Djihad, en terre de désolation, en royaume de la mort.
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