(5) Extrait de: RAPPORT POLITIQUE DU LIEUTENANT... - Mohamed Ag Albachar
Extrait de: RAPPORT POLITIQUE DU LIEUTENANT COLONEL KLOBB
SUR LA REGION NORD
(22 mars 1899)
il parle ici de la population sedentaire:
Population sédentaire
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Je me suis appliqué à toujours bien traiter la population sédentaire ; j’ai pris possession du fleuve jusqu’Ansongo sans sévir contre un seul village, sans déplacement de population, sans amende sérieuse et sans tirer contre elle un seul coup de fusil.
Cependant aucun village ne m’a, volontairement, prêté le moindre secours contre les Touaregs ; trois hommes seulement, entre Tombouctou et Sinder se sont mis réellement de notre côté, Ousman de Samgoï, Idriss de Lotokaro et Idriss de Boura. Tous les autres chefs de villages se sont, au contraire, montrés plus hostiles. J’ai usé avec eux de patience ; la terreur que leur inspire les Touaregs est si profonde qu’elle les excuse dans une certaine mesure ; les bruits répandus par les Kel es Souk sur le compte des Chrétiens ont contribué aussi à rendre leur attitude plus hostile. Cette hostilité a toujours été bénigne ou elle a toujours été facile à réduire sans employer les grands moyens. Lorsque j’ai quitté Gao, ma patience avait déjà porté ses fruits et les chefs de villages venaient apporter des renseignements, faire connaître les biens à eux confiés par les Touaregs ; ils servaient aussi d’intermédiaires aux Touaregs
pour les soumissions, et ce rôle, nouveau pour eux, de protecteurs de Touaregs, ne peut que contribuer à leur relèvement moral.
Les Sédentaires de la Région Nord sont des Armas, des Sonrhaïs, des Gabibis. On peut dire que tous avant notre arrivée n’étaient que des Serfs et l’empreinte de cette servitude est la marque de leur caractère. Les Gabibis, mélange de Sonrhaïs avec des noirs de toutes races et les Sonrhaïs sont plus asservis encore que les Armas ; il faudra des années pour que cette race Sonrhaï, égale et plutôt supérieure en intelligence à la race bambara, reprenne de l’assurance et un sentiment plus vif de sa force et sa dignité.
La population du cercle de Tombouctou qui, sauf dans l’année 1897, a joui depuis notre arrivée d’une certaine tranquillité, est déjà en progrès. Celle du fleuve, entre Tombouctou et Borom, est bien pauvre ; le pays est de tous, le moins favorisé par la nature et il a été beaucoup pillé. A partir de Borom la population est moins clairsemée et plus aisée ; les villages Oulimiden et Kel es Souk appartenaient à des maîtres assez forts pour les protéger contre les pillards comme Abidin ; ces villages, surtout des Kel es Souk sont assez riches et ils ne se plaignent pas des Touaregs.
Les Peuls des cercles de Goundam et de Soumpi, les Cheurfigs et autres sédentaires issus du croisement des Touaregs avec des noirs ou des peuls sont dans une condition très supérieure à celle des noirs du fleuve. Les Peuls du cercle de Goundam sont cependant dans une situation inférieure à celle des Peuls du Macina, les Touaregs les ont vaincus et leur ont fait perdre beaucoup de biens, mais ils ne les ont jamais asservis.
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