La contestation de la révision constitutionnelle gagne la rue
Au Mali, la révision de la Constitution ne fait toujours pas l’unanimité. Si le pouvoir a réussi à faire entériner le projet par l’Assemblée nationale qui est sous son contrôle, des opposants et activistes de la société civile sont toujours vent debout contre cette nouvelle constitution qui doit être approuvée par référendum le 9 juillet 2017. Mais en attendant, ils ont décidé de se faire entendre à travers des manifestations. Et la première qui consistait en une marche de la Bourse du Travail à la primature, hier jeudi 8 juin, a été réprimée par les forces de l’ordre parce que non autorisée selon les autorités qui ont ainsi invoqué l’état d’urgence dans lequel se trouve le pays. Un argument qui ne semble ni convaincre ni entamer la détermination des contestataires de ce projet de Constitution qui ont décidé de se retrouver, encore, demain samedi pour battre le pavé.
Les anti-révision voient en certains points de ce projet de modification, une remise en cause des acquis démocratiques
De fait, si la révision de cette constitution permet d’introduire quelques innovations dans le sens du renforcement de la démocratie malienne et de la gouvernance comme par exemple la fin du nomadisme politique, la création de la Cour des comptes, il reste cependant que celles-ci n’emballent pas les anti-révision qui voient en certains points de ce projet de modification, une remise en cause des acquis démocratiques. Il s’agit de la création du Sénat et du mode de désignation de certains des sénateurs, de la réforme de la Cour constitutionnelle avec la prérogative pour le chef de l’Etat de désigner son président, et enfin, du principe même de l’organisation d’un référendum dans un contexte où l’autorité de l’Etat n’est pas encore restaurée dans le nord du pays qu’écument toujours les groupes terroristes. En effet, le projet de révision donnant au président malien le pouvoir discrétionnaire de nommer un tiers des sénateurs, de même que la possibilité de nommer le président de la Cour constitutionnelle, renforce en réalité les pouvoirs d’Ibrahim Boubacar Kéita dit IBK qui aura du mal à convaincre ses compatriotes que cette révision n’est pas taillée sur mesure dans la perspective de la présidentielle de 2018, quand on sait que c’est la Cour constitutionnelle qui valide les résultats définitifs des élections. Toute chose qui jette quelque peu le discrédit sur la vitalité démocratique du Mali.
Drissa TRAORE
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