Guerre fratricide pour le contrôle des pourparlers entre Bamako et les groupes armés du nord : Iyad Ag Ghaly attaque des positions du MNLA et fait plusieurs morts - maliweb.net
: Iyad Ag Ghaly attaque des positions du MNLA et fait plusieurs morts
On le croyait dans le sud libyen ou dans les tréfonds de Tamanrasset (sud algérien) où il ne manque pas de sympathie. Le chef d’Ansar Eddine Iyad Ag Ghaly, recherché par la justice malienne et traqué par les services de renseignements américains, est bel et bien présent au Mali et circule régulièrement entre Boureissa, Tinzawatten et Tamanrasset. Il a fait de nouveau parler de lui.
Au cours du week-end dernier des assaillants qui lui sont fidèles ont attaqué des positions gardées par le MNLA à Talahandat, localité située à une centaine de kilomètres de Kidal. Selon une source sécuritaire, plus d’une dizaine d’éléments du MNLA ont péri au cours de cette attaque. L’objectif du leader d’Ansar Eddine est d’affaiblir ce mouvement armé ou ce qu’il en reste pour demeurer l’unique chef de la région afin de se positionner comme un interlocuteur incontournable pour les négociations avec le pouvoir en place à Bamako.
C’est un secret de polichinelle. Le groupe rebelle MNLA est affaibli et éclaté depuis quelques mois à travers différentes factions. Pour rappel, l’ancien député non moins chargé des relations extérieures d’alors du MNLA, Ibrahim Ag Assaleh a claqué, courant mars, la porte de ce groupuscule séparatiste touareg pour lancer son propre mouvement politico-militaire depuis la capitale algérienne. Le colonel déserteur de l’armée malienne, Hassan Fagaga, quant à lui fait cavalier seul à la tête d’une poignée d’hommes dans les recoins de Tinzawaten. Ambery Ag Rhissa, cet autre responsable du MNLA cherche, dit-on, à évacuer les affaires courantes à Kidal. Et le colonel Mohamed Najim, ex-officier de l’armée de Mouammar Kadhafi, fait la navette entre le sud libyen et Kidal sans parvenir à quoi s’accrocher. Alors que le Secrétaire général du MNLA, Bilal Ag Chérif réfugié dans un luxueux hôtel de Ouaga 2000 ( aux frais de qui) arrive à contrôler difficilement un mouvement qui lui échappe progressivement.
Ces dissensions au sein du mouvement séparatiste touareg sont exploitées par le leader de l’organisation terroriste Ansar Eddine, Iyad Ag Ghaly. Traqué par les services de renseignements américains et par la justice malienne pour terrorisme, Iyad Ag Ghaly semble avoir retrouvé un second souffle depuis la libération des quatre fonctionnaires de la société minière française AREVA. Selon des renseignements de plusieurs services, l’homme est crédité d’avoir joué un rôle capital dans cette libération. Depuis, l’étau semble se desserrer autour de lui du moins du côté de l’Hexagone. Sa crainte réside du côté des forces armées maliennes qui lui pardonneront difficilement le massacre des militaires d’Aguelhoq.
Ainsi, pour devenir l’ un des interlocuteurs voire le principal interlocuteur dans le cadre des pourparlers entre le gouvernement malien et les groupes armés du nord, Iyad Ag Ghaly a entrepris de convaincre certains rebelles de le rejoindre. Beaucoup sont, semble-t-il, déjà tombés dans l’escarcelle de ce renégat. Ceux qui s’y opposent sont attaqués comme ce fut le cas le week-end dernier à Talahandat où des jihadistes proches d’Iyad Ag Ghaly ont défait des éléments du MNLA. Il s’agirait pour le chef d’Ansar Eddine de vaincre d’abord militairement ses adversaires d’hier (il est à signaler qu’Iyad AG Ghaly voulait au départ contrôler le MNLA à sa création en 2012, c’est faute d’avoir eu gain de cause qu’il a rejoint les narco- islamistes).
Politiquement, l’ancien chef de la rébellion de 1990 mise sur le soutien algérien. Depuis février dernier, le pays d’Abdel Aziz Bouteflika semble avoir repris le dossier du nord du Mali à son compte : pourparlers exploratoires entre groupes armés, visite d’Etat d’IBK, relance des discussions le week-end dernier à Alger avec le voyage du tout nouveau ministre de la réconciliation nationale. Homme de main de l’Algérie, Iyad Ag Ghaly espère sur un coup de piston de ce grand voisin du nord pour être dans le processus et se racheter une honorabilité. L’autre atout que l’homme entend exploiter est le Burkina Faso avec lequel il est resté en contact.
Abdoulaye DIARRA
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