Corruption : ces 10 scandales qui décrédibilisent IBK
Quand il a été élu président en 2013, Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, a fait deux promesses au peuple malien : résoudre la crise sécuritaire et s’attaquer énergiquement au fléau de la corruption. Cinq ans plus tard, la guerre civile se poursuit et, loin d’avoir lutté contre la corruption, la présidence IBK est marquée par les scandales politico-financiers. Retour sur les 10 plus gros scandales de corruption de la présidence IBK.
1) Ce très cher avion présidentiel
Alors que la présidence malienne disposait déjà d’un avion, IBK a fait acheter en 2014 un Boeing 737 pour 19 milliards de FCFA. Une opération des plus opaques qui s’effectue via une société écran basée à Aruba, un paradis fiscal des Caraïbes (Mali BBJ Limited) et qui justifie le versement d’une commission de 1,4 milliard de FCFA. A cela s’ajoute un contrat de maintenance de 3 milliards de FCFA par an signé avec la société Jet Magic Limited. Toutes ces opérations ont en commun Michel Tomi (voir ci-dessous) qui est lié aux sociétés bénéficiant des commissions et du contrat de maintenance.
Le Bureau vérificateur général (BVG), autorité malienne indépendante, alerté par Tracfin, a dénoncé lors de l’acquisition de l’appareil, des pratiques de surfacturation, de détournement de fonds publics, de fraude, de trafic d’influence et de favoritisme.
Outre les conditions de son acquisition, le Boeing présidentiel coûte chaque année depuis 2014 10 milliards de FCFA aux contribuables maliens. A noter qu’un tiers des voyages effectués à son bord sont des voyages privés.
2) Michel Tomi : le frère corse
Présenté comme son frère par IBK, Michel Tomi est plus connu des journalistes français comme « le parrain des parrains » de la mafia corse. Lors de son audition par les juges français Tournaire et Robert, Michel Tomi a détaillé sa relation avec IBK et certains des « cadeaux » offerts au président malien.
Une Rolex. Des costumes de luxe et des smokings. Des virées shoping à Paris pour la Première Dame et la famille présidentielle. Mais également des smartphones et des iPads. Lors des visites à Paris du président et de sa famille, c’est Michel Tomi qui réglait la note d’hôtel à La Réserve ou au Franklin Roosevelt, deux palaces.
Autant de « cadeaux » qui s’apparentent clairement à de la corruption. A fortiori quand, comme le prouve l’affaire de l’avion présidentiel, il y a de si lourds conflits d’intérêt entre les deux hommes.
3) Les distributions très politiques de 4X4
En 2017, quarante-quatre 4X4 Toyota Land Cruiser V8 ont été achetés par la présidence à des fins officielles, puis distribuées illégalement à des personnalités politiques, mais aussi à des membres de l’entourage d’IBK. Les plaques de la présidence ont rapidement été changées afin d’interdire toute traçabilité de ces véhicules, qui se sont littéralement volatilisés sur les routes de Bamako.
Selon des estimations de professionnels du secteur, l’addition pour les contribuables maliens s’élève à 1,5 milliard de FCFA.
4) Karim Keïta : l’enfant prodigue
Député et président de la Commission Défense de l’Assemblée Nationale à 34 ans, alors qu’il vivait en France jusqu’à l’élection de son père, Karim Keïta est l’archétype du « fils à papa » de président.
Un « fils à papa » dont les goûts de luxe intriguent et dont le train de vie n’est pas en adéquation avec ses revenus de député (1,4 million e FCFA/mois). Karim Keïta aime les montres de luxe (il possède entre autre une Rolex estimée à 35'000 euros) et les voitures de luxe (la presse malienne parle notamment de deux Rolls Royce, d’une Porsche et de plusieurs 4X4 hauts de gamme).
Plus surprenants encore sont les investissements réalisés ces dernières années par Karim Keïta. Selon le journal Le Sphinx, le fils du président IBK a acquis un hôtel de luxe de Bamako pour plus de six millions d’euros (4 milliards de FCFA). Le site d’actualité Bamada.net évoque l’achat d’un terrain dans le Mandé pour 1,5 million d’euros (1 milliard de FCFA).
5) Quand IBK fait payer aux Maliens le loyer de sa propre maison
Mécontent du standing du palais présidentiel, IBK a choisi dès son élection de vivre dans sa résidence personnelle dans le quartier de Sébénikoro.
Il lance aussitôt des travaux de rénovation dans son domicile privé, qu’il fait financer par les contribuables maliens, mais il va beaucoup plus loin en faisant payer à l’Etat malien un loyer pour lui permettre de résider dans sa propre maison.
Une situation ubuesque. A noter que les travaux de rénovation ont bénéficié de plusieurs rallonges budgétaires depuis le début du mandat d’IBK.
6) La montre Patek Philippe à 55 millions
Des journalistes maliens, intrigués par la montre que portait au poignet IBK lors d’une manifestation publique, ont eu la surprise de découvrir qu’il s’agissait d’un modèle de la marque Patek Philippe vendu à 55 millions de FCFA (83'950 euros).
A noter que le prix de cette montre correspond à deux années de salaire d’un président de la République malienne.
7) Un contrat d’armement opaque et surfacturé
Un contrat de 69 milliards de FCFA pour l’équipement de l’armée malienne, passé en décembre 2013 entre l’Etat malien et la société Guo Star, pose de nombreuses questions au Mali et auprès des partenaires du pays.
Ce contrat colossal, passé sans appel d’offre et au travers d’un intermédiaire (la société Guo Star) choque le FMI qui met en demeure la présidence de diligenter une enquête.
Un scandale qui se réveille à intervalles réguliers au Mali où beaucoup se demandent à qui a profité ce méga-contrat passé dans des conditions d’opacité pour le moins suspectes.
8) Les engrais frelatés
En mai 2015, plusieurs tonnes d’engrais frelatés sont introduits au Mali et distribués aux paysans malgré les mises en garde du gouvernement de Côte d’Ivoire, par où les engrais avaient transités, et du Burkina Faso, où ils devaient être livrés avant que le ministre de l’Agriculture n’en interdise l’entrée sur le territoire national.
Si IBK et son gouvernement ont assuré que l’entrée au Mali et la distribution aux agriculteurs de ces engrais frelatés étaient la conséquence de dysfonctionnements dans l’appareil d’Etat, certains, dont le parti politique PARENA, assurent qu’IBK et ses proches sont au cœur d’un système de corruption de la politique agricole.
« Les protagonistes du scandale en cours sont les deux fournisseurs : le président du syndicat des producteurs de coton, le GIE qu’il préside, le ministre du Développement rural et le président de la République », indique le PARENA.
9) Les 1000 tracteurs du président
Ces tracteurs, achetés à la société Toguna SARL de gré à gré, ont permis de générer des rétro-commissions en faveur de certains proches du régime, affirme l’opposition malienne qui dénonce un « grossier délit d’initiés » alors qu’il existe une société publique malienne, Mali-Tracteurs, spécialisée dans le secteur.
Plus grave, IBK a assuré que l’Etat prenait en charge la moitié du prix du tracteur, estimé par ses soins à 12 millions de FCFA pièce. Pourtant, en regardant le catalogue du fabricant chinois de ces tracteurs, on réalise que le prix réel est en fait de 5 millions de FCFA.
Le prix à l’achat n’est donc en aucun cas subventionné pour les paysans maliens, qui paient le prix fort, et, soit l’Etat malien s’est fait escroquer lors de son acquisition, soit la moitié de la somme versée pour cette opération s’est envolée dans la nature.
10) La promesse non tenue de la lutte contre la corruption
Tous les scandales de corruption qui entourent la présidence d’IBK sont rendus encore plus graves au regard des promesses faites en 2013 aux électeurs maliens. IBK avait en effet axé son programme présidentiel sur la lutte contre la corruption.
Cinq ans plus tard, on ne peut que constater que le niveau de corruption a fortement progressé au Mali, notamment dans l’entourage présidentiel.
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