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L’Accord signé le 15 mai 2015 peine à produire les résultats attendus par ses signataires : gouvernement du Mali et mouvements armés. Les difficultés de sa mise en œuvre que l’on constate à longueur de suivi, font planer de graves menaces à la fois sur le texte et sur la cohésion nationale. Le problème étant essentiellement politique, il faut donc politiser l’Accord pour atteindre ses buts.
Rappelons que l’acceptation difficile de l’accord de paix et de réconciliation par les acteurs majeurs de la vie publique au Mali: classe politique et société civile, nonobstant des insuffisances graves, procède d’un consensus rare ; qui est comparable à celui du sursaut national du Peuple Malien face à la crise multidimensionnelle de 2012-2013. C’est pour cette raison que les difficultés rencontrées dans la phase d’opérationnalisation des engagements pris à Alger inquiètent les citoyens et entament l’espoir mitigé qu’il a suscité après sa signature, un an plus tôt.
D’autant plus que, l’Accord de paix et de réconciliation, déjà très contesté dans beaucoup de ses propositions, est en train de créer de nouveaux problèmes là où il n’y en avait pas. Les frustrations nées des sentiments d’injustice s’expriment de plus en plus fort par les communautés des régions du nord. Le saucissonnage des politiques de développement dans les régions maliennes, sous prétexte de décentralisation poussée, va créer un Mali à plusieurs vitesses, si l’on n’y prend garde.
Illustration supplémentaire du malaise naissant, après le cafouillage suite à l’adoption de la loi sur les autorités intérimaires dans les collectivités des régions du nord, les Maliens ont été scandalisés la semaine dernière, une fois de plus, par les conclusions de la réunion du comité de suivi de la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation. Aucune décision notable !
Les blocages seraient essentiellement dus aux divergences sur la priorisation des actions à diligenter pour garantir la paix et préserver l’unité nationale. Plus précisément, le gouvernement espérait des avancées significatives sur le front de la sécurité des personnes et leurs biens à travers le cantonnement qui permettrait la DDR (démobilisation, désarment et réinsertion) ; tandis que les Mouvements signataires freinent des quatre fers sur ce sujet et exigent le partage des pouvoirs dans les collectivités territoriales avec, à la clé, l’accès à la manne financière promise par l’Etat malien et ses Partenaires. Un constat s’impose à ce stade :
Primo, ce dernier round de la réunion du Comité de suivi de l’accord a laissé transparaître une relation de défiance entre les parties signataires, qui vont encore faire appel à l’arbitrage de la Médiation.
Secundo, ce qui est en cause dans cet épisode de l’application de l’Accord c’est le traitement disparate des propositions avec des acteurs qui cumulent des pouvoirs antagonistes : politiques et exécutants. Fouillis dans la qualité des acteurs !
Tertio, parce que mal posés, les problèmes au cœur de l’Accord sont mal résolus depuis le début de son application. En d’autres termes les signataires continuent de s’étriper autour des questions non essentielles pour l’émergence du Mali nouveau tant recherché. Comme on le dit les besoins extrinsèques ont toujours tendance à s’imposer comme une finalité. L’accord du 15 mai 2015 connaît aussi ce travers.
La plupart des titres et chapitres traitent de besoins de subsistance dont on pense que la satisfaction pourrait mettre fin à l’insécurité, à la rébellion, à la pauvreté, et même au sous-développement. Pire le comité de suivi se livre à un inventaire à la Prévert de ce qui s’apparente à des « revendications » de chaque signataire. Il n’est donc pas étonnant que l’on assiste à des négociations d’intérêt individuel plutôt qu’à la gestion efficiente d’un accord national. L’Approche systémique, une vision globale de l’Accord absente !
On constate aisément qu’à chaque étape de sa mise à œuvre, cet accord exacerbe des mésententes, qui entament la confiance entre les parties signataires. Ces dernières ont pourtant scandé sur tous les toits que c’est le meilleur des accords depuis toujours, comportant les compromis les plus favorables pour la Nation en bute, depuis l’indépendance, aux problèmes récurrents de rebellions dans ses régions nord. Au vu des multiples difficultés, l’on est obligé de mettre en question le statut actuel de l’Accord, et exiger qu’il devienne Politique, afin de le pérenniser et de lui conférer sa réelle vocation : garantir la paix et sceller la réconciliation nationale.
Dans son acception étymologique, Politique signifie gestion de la cité. Donc une démarche globale qui impulse tous les autres domaines de la vie de la cité : économie, social, justice, défense, etc.
Ainsi, l’accord du 15 mai 2015 risque d’être un accord de plus comme les autres, tant qu’il n’est pas adopté en tant que Politique nationale de paix et de réconciliation, conçue par les Maliens.
Cela est bien possible, car beaucoup d’acteurs maliens sont de vrais patriotes et républicains avertis surtout dotés de réelles convictions politiques. Même si la campagne de sape et de dénigrement systématique d’ATT et de son mouvement citoyen ne leur a pas laissé beaucoup de plumes. Sans oublier le rôle néfaste joué par des politiciens corrompus et sans vergogne qui continuent de donner une piètre image de la classe politique, qu’on ne saurait confondre avec des Politiques sincères et convaincus. C’est dire qu’on peut faire confiance aux acteurs politiques et de la société civile du Mali pour mieux instrumenter l’Accord de mai 2015, comme ils ont su le faire lors de la conférence nationale de 1991. Cet autre défi peut être relevé par les Maliens.
En effet, un tel accord a besoin de l’adhésion de la Nation entière. En tout cas, c’est ce que recherchent les dirigeants de grands pays, qui n’hésitent pas à solliciter toutes les Forces Vives autour de la Nation menacée dans son devenir. Sous la forme d’une Instance Consultative ayant une représentativité au delà des Institutions en place celle-ci devient le lieu de la définition des objectifs stratégiques et de la dotation des moyens. Evidemment cette instance assure aussi le contrôle des actions réalisées, afin d’ajuster les orientations en fonction des réalités. Instrument transitoire et Politique d’abord !
Dans cet ordre d’idées, l’Accord de paix et de réconciliation n’est pas complètement dépourvu. Bien au contraire, il y est prévu dès le Titre I Chapitre 2 ce qu’on appelle : une Conférence d’Entente Nationale qui devra proposer une Charte Nationale. Il est incompréhensible aujourd’hui que cette disposition déterminante ne soit pas encore mise en place. Cette Conférence aurait donné une vision politique consensuelle et une feuille de route pour l’application optimale des dispositions du texte. C’est la priorité !
Car le tête-à-tête actuel affaibli inexorablement l’autorité de la République !
Les appels incessants et insistants des forces vives du Mali en vue de l’organisation de concertations nationales donnent une légitimité renforcée à la tenue urgente de cette Conférence d’Entente Nationale et la production de la Charte Nationale.
Le Président et le gouvernement du Mali devraient suivre ce chemin là !
Mahamadou Cissé, PARIS
Rappelons que l’acceptation difficile de l’accord de paix et de réconciliation par les acteurs majeurs de la vie publique au Mali: classe politique et société civile, nonobstant des insuffisances graves, procède d’un consensus rare ; qui est comparable à celui du sursaut national du Peuple Malien face à la crise multidimensionnelle de 2012-2013. C’est pour cette raison que les difficultés rencontrées dans la phase d’opérationnalisation des engagements pris à Alger inquiètent les citoyens et entament l’espoir mitigé qu’il a suscité après sa signature, un an plus tôt.
D’autant plus que, l’Accord de paix et de réconciliation, déjà très contesté dans beaucoup de ses propositions, est en train de créer de nouveaux problèmes là où il n’y en avait pas. Les frustrations nées des sentiments d’injustice s’expriment de plus en plus fort par les communautés des régions du nord. Le saucissonnage des politiques de développement dans les régions maliennes, sous prétexte de décentralisation poussée, va créer un Mali à plusieurs vitesses, si l’on n’y prend garde.
Illustration supplémentaire du malaise naissant, après le cafouillage suite à l’adoption de la loi sur les autorités intérimaires dans les collectivités des régions du nord, les Maliens ont été scandalisés la semaine dernière, une fois de plus, par les conclusions de la réunion du comité de suivi de la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation. Aucune décision notable !
Les blocages seraient essentiellement dus aux divergences sur la priorisation des actions à diligenter pour garantir la paix et préserver l’unité nationale. Plus précisément, le gouvernement espérait des avancées significatives sur le front de la sécurité des personnes et leurs biens à travers le cantonnement qui permettrait la DDR (démobilisation, désarment et réinsertion) ; tandis que les Mouvements signataires freinent des quatre fers sur ce sujet et exigent le partage des pouvoirs dans les collectivités territoriales avec, à la clé, l’accès à la manne financière promise par l’Etat malien et ses Partenaires. Un constat s’impose à ce stade :
Primo, ce dernier round de la réunion du Comité de suivi de l’accord a laissé transparaître une relation de défiance entre les parties signataires, qui vont encore faire appel à l’arbitrage de la Médiation.
Secundo, ce qui est en cause dans cet épisode de l’application de l’Accord c’est le traitement disparate des propositions avec des acteurs qui cumulent des pouvoirs antagonistes : politiques et exécutants. Fouillis dans la qualité des acteurs !
Tertio, parce que mal posés, les problèmes au cœur de l’Accord sont mal résolus depuis le début de son application. En d’autres termes les signataires continuent de s’étriper autour des questions non essentielles pour l’émergence du Mali nouveau tant recherché. Comme on le dit les besoins extrinsèques ont toujours tendance à s’imposer comme une finalité. L’accord du 15 mai 2015 connaît aussi ce travers.
La plupart des titres et chapitres traitent de besoins de subsistance dont on pense que la satisfaction pourrait mettre fin à l’insécurité, à la rébellion, à la pauvreté, et même au sous-développement. Pire le comité de suivi se livre à un inventaire à la Prévert de ce qui s’apparente à des « revendications » de chaque signataire. Il n’est donc pas étonnant que l’on assiste à des négociations d’intérêt individuel plutôt qu’à la gestion efficiente d’un accord national. L’Approche systémique, une vision globale de l’Accord absente !
On constate aisément qu’à chaque étape de sa mise à œuvre, cet accord exacerbe des mésententes, qui entament la confiance entre les parties signataires. Ces dernières ont pourtant scandé sur tous les toits que c’est le meilleur des accords depuis toujours, comportant les compromis les plus favorables pour la Nation en bute, depuis l’indépendance, aux problèmes récurrents de rebellions dans ses régions nord. Au vu des multiples difficultés, l’on est obligé de mettre en question le statut actuel de l’Accord, et exiger qu’il devienne Politique, afin de le pérenniser et de lui conférer sa réelle vocation : garantir la paix et sceller la réconciliation nationale.
Dans son acception étymologique, Politique signifie gestion de la cité. Donc une démarche globale qui impulse tous les autres domaines de la vie de la cité : économie, social, justice, défense, etc.
Ainsi, l’accord du 15 mai 2015 risque d’être un accord de plus comme les autres, tant qu’il n’est pas adopté en tant que Politique nationale de paix et de réconciliation, conçue par les Maliens.
Cela est bien possible, car beaucoup d’acteurs maliens sont de vrais patriotes et républicains avertis surtout dotés de réelles convictions politiques. Même si la campagne de sape et de dénigrement systématique d’ATT et de son mouvement citoyen ne leur a pas laissé beaucoup de plumes. Sans oublier le rôle néfaste joué par des politiciens corrompus et sans vergogne qui continuent de donner une piètre image de la classe politique, qu’on ne saurait confondre avec des Politiques sincères et convaincus. C’est dire qu’on peut faire confiance aux acteurs politiques et de la société civile du Mali pour mieux instrumenter l’Accord de mai 2015, comme ils ont su le faire lors de la conférence nationale de 1991. Cet autre défi peut être relevé par les Maliens.
En effet, un tel accord a besoin de l’adhésion de la Nation entière. En tout cas, c’est ce que recherchent les dirigeants de grands pays, qui n’hésitent pas à solliciter toutes les Forces Vives autour de la Nation menacée dans son devenir. Sous la forme d’une Instance Consultative ayant une représentativité au delà des Institutions en place celle-ci devient le lieu de la définition des objectifs stratégiques et de la dotation des moyens. Evidemment cette instance assure aussi le contrôle des actions réalisées, afin d’ajuster les orientations en fonction des réalités. Instrument transitoire et Politique d’abord !
Dans cet ordre d’idées, l’Accord de paix et de réconciliation n’est pas complètement dépourvu. Bien au contraire, il y est prévu dès le Titre I Chapitre 2 ce qu’on appelle : une Conférence d’Entente Nationale qui devra proposer une Charte Nationale. Il est incompréhensible aujourd’hui que cette disposition déterminante ne soit pas encore mise en place. Cette Conférence aurait donné une vision politique consensuelle et une feuille de route pour l’application optimale des dispositions du texte. C’est la priorité !
Car le tête-à-tête actuel affaibli inexorablement l’autorité de la République !
Les appels incessants et insistants des forces vives du Mali en vue de l’organisation de concertations nationales donnent une légitimité renforcée à la tenue urgente de cette Conférence d’Entente Nationale et la production de la Charte Nationale.
Le Président et le gouvernement du Mali devraient suivre ce chemin là !
Mahamadou Cissé, PARIS
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