Le vice- président du MNLA, Mahamadou Djéri Maïga s'interroge sur l'opportunité de l'offensive de Bamako contre leurs positions à la veille de l'ouverture des pourparlers de Ouagadougou.
C'est ce vendredi que débutent les pourparlers entre le pouvoir malien et les rebelles touaregs à Ouagadougou sous l'égide du président burkinabé Blaise Compaoré. Quelles sont les chances d'aboutissement de ces discussions au moment où les hostilités ont repris sur le terrain?
C'est pratiquement le fusil sur la tempe que les rebelles touareg regroupés au sein de deux mouvements, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et le haut conseil pour l'unité de l'Azawad, (HCUA), vont négocier à Ouagadougou.
Depuis mercredi 5 juin, Kidal le fief des rebelles touareg est dans le viseur de l'armée malienne qui a repris la veille aux rebelles, la localité d'Anéfis à 100 km au sud de Kidal. Le déclenchement des hostilités par Bamako contre les forces du MNLA n'a d'autre objectif que de contraindre la rébellion à faire un minimum de concession à ces discussions. Le pouvoir malien veut au moins obtenir le déploiement de l'armée nationale dans les zones contrôlées par les rebelles, ce que ces derniers refusaient obstinément jusque-là.
Avec l'accord tacite de la France, l'armée malienne pourrait poursuivre son offensive jusqu'à Kidal, mais stratégie oblige, elle ne le fera pas dans l'immédiat. La porte est encore ouverte au dialogue avec le MNLA. Le mouvement touareg qui a promis de combattre jusqu'au bout, n'a pas pour autant refusé de prendre part aux pourparlers de la capitale burkinabé. En vérité, c'est parce qu'il n'a pas le choix. Car si le MNLA et son alter ego le HCUA n'acceptaient pas d'aller à ces discussions, ils perdront non seulement leur fief de Kidal, mais aussi toute légitimité à s'asseoir autour d'une table ronde.
Présent à Paris à l'occasion de la remise du prix Félix Houphouët-Boigny au président Hollande, le président malien par intérim Dioncounda Traoré a clairement indiqué que l'offensive que l'Armée malienne a entreprise depuis 72 heures, a reçu le soutien total de tous ses alliés notamment de la France et des pays africains dont les forces sont regroupées au sein de la Misma.
Blaise Compaoré le médiateur qui était également présent dans la capitale française pour la remise du prix, n'aura certes pas la tâche facile. Il doit pouvoir ménager la chèvre et le chou. D'un côté, il doit demander à Bamako de stopper son offensive comme l'a également suggéré son homologue sénégalais Macky Sall. De l'autre, il doit conseiller aux Azawadiens de «mettre un peu d'eau dans leur thé» au risque de sortir complètement perdants de ce dialogue qui pourrait leur ouvrir la voie au statut particulier qu'ils recherchent depuis des lustres pour leur entité.
Charles d'Almeida
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