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6 juin 2013, parLes bruits de bottes ont de nouveau tonné dans le Nord du Mali. La place semble faite au bellicisme et à la haine. Alors que les négociations pour une sortie de crise durable se profilent sous l’égide du médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Blaise Compaoré. Animés par des aspirations aussi légitimes qu’ubuesques, les deux protagonistes, cramponnés dur comme fer sur leurs positions, se sont affrontés à Anefis, le 5 juin 2013. Au matin de très bonne heure, 5h 30, des combats à l’arme lourde ont eu lieu jusqu’à la fin de la matinée. Bilan, les combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont battu en retraite. Les éléments du MNLA, précédemment disposés aux avant-postes, en prévision de l’avancée des soldats républicains, brûlent de colère. Leur porte-parole, Moussa Ag Assarid a soutenu qu’ils ont quitté la ville pour préserver la vie des populations civiles. Si cela tient des oripeaux pour masquer leur déconvenue, il ressort que les rebelles touaregs, armés d’un courage léonin, n’entendent plus concéder le moindre quartier sous leur contrôle. « Nous nous préparons à tout et nous nous déployons sur tout le territoire de l’Azawad. Si l’armée malienne nous attaque, de Douentza à Tinzawaten, nous nous battrons », foi de M. Assarid. La tension délétère est marquée par le fait que les antagonistes se jettent les gants. Peut être à dessein, dans l’expectative de peser dans les tractations qui commencent officiellement ce jour à Ouagadougou. Si c’est l’objectif recherché, on peut, sans top grand risque de se tromper, soutenir que Bamako est parvenu à ses fins. Faire douter le MNLA qui jusqu’ici avait été auréolé d’éclatantes victoires au cours des dernières batailles. Avec ce fabuleux coup qu’elles viennent d’opérer, les autorités maliennes ont pris une longueur d’avance sur les rebelles, groguis et inquiets par la tournure des évènements. Les négociateurs du MNLA, qui avaient effectué le déplacement de Ouagadougou, le torse bombé et les épaules écarquillés, signes de leur fierté, doivent avoir l’enthousiasme en berne. Il ne serait pas exagéré de dire qu’ils balancent dorénavant entre plusieurs voies : la réunification totale du pays, l’autodétermination, et le recours à l’islamisation pour sortir la tête de l’eau. L’attitude des pontes du mouvement va être déterminante dans la résolution du cas de Kidal qui, aux yeux de Bamako, constitue une atteinte flagrante à l’honneur et à la dignité du peuple malien. Qui plus pousse ses dirigeants à l’action, autrement dit, à la reconquête de l’îlot de la condensation insolente des maux qui exhérèdent la folle échappée du grand Mali vers le développement. Avant qu’on ne bascule dans l’escalade de la violence, il serait souhaitable que les dirigeants maliens et ceux du MNLA ne tranchent pas avec un trop plein de mysticisme, mais une dose raisonnable de mesure. Cela dit, il faut que les indépendantistes n’oublient pas qu’ils viennent de perdre la main avec les affrontements d’Anefis. L’issue des affrontements laissent croire qu’ils ont perdu le rapport de force sur le terrain. Les explications ne font pas défaut. Ils n’ont apparemment pas une armée professionnelle, digne de foi. Ses hommes ont piteusement montré de quoi ils étaient capables aux heures de gloire de l’islamisme rampant. Certains ont déserté les rangs pour échapper aux muscles d’acier des troupes affolées djihadistes pendant que les autres, les ralliaient pour des peccadilles. Le comble dans tout ça, ils ne contrôlent plus l’entièreté des frontières avec les pays voisins, comme la Mauritanie et la Libye suspectées à tort ou à raison d’être leurs bases-arrières. Or, Bamako n’est pas sans le savoir. Ne dit-on pas que Bamako a infiltré une bonne brochette d’espions dans leur fief ? Quoi qu’il soit ou ait été, le président intérimaire, Dioncounda Traoré a martelé que si les forces armées nationales doivent rentrer à Kidal par la force, elles le feront avec le viatique des éléments de la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) et de la mission française Serval. Le problème réside dans le fait que la France entretient, on ne sait trop pour quelles raisons, un flou sur sa volonté réelle. Laissera-t-elle les troupes maliennes pénétrer à Kidal avant la tenue de la présidentielle ? Si cela se matérialisait sans son consentement, ne se froissera-t-elle pas au point de laisser le Mali tomber de Charybde en Scylla ?
Adama BAYALAbadam1021@yahoo.Fr
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