Pourparlers intermaliens: IBK va négocier le fusil à la tempe |
Mardi, 27 Mai 2014 20:47 |
De son côté, le MNLA, qui n’a pas fini de savourer sa victoire sur les forces gouvernementales, n’hésite pas à faire des compromis, mais sur fond d’humiliation de l’adversaire. Pour libérer des militaires à Kidal, les rebelles proposent par exemple un échange de prisonniers. Et que dire de la décision du Mouvement de ne pas remettre à l’autorité le Gouvernorat occupé depuis les affrontements, mais à la communauté internationale ? N’est-ce pas là une manière de contraindre Bamako à boire le calice de la défaite jusqu’à la lie ? C’est vrai que le président mauritanien, qui a été un grand artisan de l’accord de cessez-le-feu signé le 23 mai dernier, a amplement flatté l’égo du MNLA pendant son escapade à Kidal, après avoir même loué leur courage. Morceaux choisis : «Vous êtes des gens fiables avec lesquels on peut traiter… Je vous demande de formuler votre nouvelle plateforme de revendications et de me la faire parvenir. Je me chargerai de la transmettre au président du Mali qui y donnera suite. Sachez que la Communauté internationale veillera à ce qu’une suite diligente y soit donnée». La cerise sur le gâteau ainsi offert au MNLA ayant été la promesse de revoir ses doléances à la hausse. On a comme l’impression que les rebelles touarègues, qui ont gagné un match, ne tiennent plus à jouer un autre. Et voilà IBK qui retournera à la table des négiociations le fusil à la tempe. C’est tout de même dommage qu’un Etat négocie en position de faiblesse devant une organisation. A quelque chose malheur est bon, peut-on néanmoins dire pour se consoler de cette déconvenue malienne. S’il s’agit là d’une occasion pour relancer résolument le dialogue, il y a de quoi s’en réjouir. Il faut reconnaître qu’à bien des égards, le MNLA n’a pas été le parfait interlocuteur. Mais il est évident que les autorités maliennes aussi traînaient un peu les pas pour aller à la table de négociation, surtout depuis l’élection d’IBK. Malgré la bonne volonté de part et d’autre, tout ne passera pas comme une lettre à la poste. En effet, trois capitales se disputent le parrainage de la médiation : il s’agit de Ouagadougou, d’Alger et de Rabat. Et s’il y a un pays dont ne veut pas entendre parler le MNLA, c’est bien l’Algérie, que le Mouvement accuse d’avoir un penchant pour Bamako. Ouagadougou n’a pas non plus les faveurs des autorités du Mali, parce que les rebelles touarègues y ont pignon sur rue. Pour le moment, Rabat semble vierge de tout soupçon. Mais quand on connaît la sainte horreur que se vouent les frères ennemis algériens et marocains, on peut craindre que cette dispute ne finisse par déchirer la feuille de route. Issa K. Barry |
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