Telles les dunes de sables qui s’étendent dans le Mali septentrional, les négociations intermaliennes évoluent certes, mais par un mouvement brownien : aléatoire.
Alors qu’on s’attendait à voir hier lundi la fumée blanche du calumet de la paix s’élever au-dessus de Kosyam, la cheminée du palais présidentiel crachait, pour coller avec cette
symbolique propre à la Curie romaine, plutôt de la fumée noire. Signe que le conclave intermalien se poursuit faute de consensus. Au grand dam du camerlingue Blaise Compaoré, chef de l’Etat burkinabé, médiateur dans la crise sur les bords du Djoliba.
Pourtant, tout semblait indiquer qu’hier lundi serait la bonne. Tant les différents camps ont répété à l’envi leur volonté de parvenir à une solution négociée du différend qui les oppose depuis maintenant plusieurs mois.
Parvenus au terme de trois jours à un «projet d’accord préliminaire», le gouvernement malien et les groupes armés de Kidal, à savoir le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), se sont pourtant quittés dos à dos hier dans la soirée. C’est que la délégation du pouvoir négociait ad referendum, c’est-à-dire à charge d’en référer à qui de droit avant toute signature d’un éventuel accord. Tiébilé Dramé et sa suite sont rentrés donc à Bamako pour un compte rendu au président Dioncounda Traoré et s'enquérir de la conduire à tenir.
C’est en principe aujourd’hui qu’ils doivent être de retour dans la capitale burkinabé pour nous livrer ce que l’hôte du palais de Koulouba a dans le ventre, comme on le dit chez nous, au sujet dudit «projet d’accord préliminaire».
Le document de travail proposé par le médiateur est articulé autour de quatre grands points dont le plus important porte sur la «cessation des hostilités et les modalités de redéploiement des forces de défense et de sécurité maliennes dans la région de Kidal».
Sur cette question, le MNLA et le HCUA ont fait part de leurs inquiétudes quant à l’arrivée de l’armée malienne et exigent donc des garanties sur la sécurité des populations de Kidal.
De son côté, la délégation gouvernementale ne veut pas voir figurer dans le document le mot «Azawad», terme par lequel les groupes armés désignent l’ensemble formé par les trois régions de Tombouctou, de Gao et de Kidal.
Si après qu'on a déblayé le terrain, il y a toujours des grains de sable qui entravent la bonne marche vers la paix, il y a de quoi donner raison aux sceptiques qui n’ont jamais parié un verre de thé sur l’obtention d’un accord avant la présidentielle prévue pour le 28 juillet prochain. De quoi également scier le moral du médiateur qui s’attendait hier à un modus vivendi.
N’empêche, l’optimisme demeure : les différentes parties restent d’accord sur la date de la présidentielle ; ce qui signifie en principe que chaque camp mettra du sien pour que ce rendez-vous tant attendu soit effectif. Après quoi tout sera remis à plat avec le nouveau pouvoir légitime pour une solution définitive à la «question touareg».
Encore faut-il que les accords qui seront issus de Ouagadougou, nous l'espérons, soient respectés par tous. Et ça, c’est un autre challenge au regard du mur de méfiance qui sépare les uns des autres.
Alain Saint Robespierre |
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