mardi 4 juin 2013

BAMAKO ACCUSE LE MNLA D'EPURATION ETHNIQUE A KIDAL

Bamako accuse les Touaregs du MNLA d'épuration ethnique à Kidal
par Tiemoko Diallo

BAMAKO (Reuters) - Le gouvernement malien a accusé lundi les séparatistes touaregs du MNLA de procéder à des arrestations et à des violences à visée ethnique contre des non touaregs dans la ville de Kidal, et a averti que l'armée régulière pénètrerait dans cette ville avant la présidentielle du 30 juillet.
Les tensions concernant Kidal risquent de retourner l'opinion publique malienne contre la France, saluée pour avoir libéré le nord du pays de neuf mois d'occupation islamiste, mais de plus en plus critiquée pour avoir permis aux séparatistes du Mouvement national de libération de l'Azawad de conserver leur emprise sur cette ville du désert.
Le gouvernement de transition malien assure qu'il doit rétablir son autorité sur la totalité du territoire national avant la présidentielle, censée conclure le retour à un régime civil après le coup d'Etat militaire d'avril 2012.
Un porte-parole du gouvernement a déclaré avoir reçu des informations selon lesquelles des groupes armés semblent mener une "épuration raciale" dans Kidal, expulsant les habitants non touaregs vers la ville de Gao.
"S'il s'avère que des personnes sont bel et bien visées en raison de leur appartenance et sont persécutées (...), il s'agit d'épuration raciale", a déclaré Manga Dembele lors d'une conférence de presse à Bamako.
"Le gouvernement fera tout son possible pour garantir que l'armée malienne entre dans Kidal avant l'élection. La présence de l'armée malienne dans Kidal n'est pas négociable", a-t-il ajouté.
Dimanche, le colonel Souleymane Maiga, porte-parole de l'armée malienne, déclarait que les violences visaient essentiellement des Peuls, des Bellas et des Songhais. Certains ont été arrêtés et accusés d'intelligence avec l'armée malienne.
DÉMENTI DU MNLA
Un habitant de Kidal qui a parlé sous le couvert de l'anonymat a déclaré à Reuters dimanche que des combattants du MNLA écumaient les rues de la ville en sommant les personnes originaires du sud du Mali de partir.
"Les magasins sont fermés. Nous sommes prêts à partir pour Gao quand le calme reviendra", a dit cet habitant par téléphone.
La France a condamné lundi ces violences, déclarant avoir reçu des informations faisant état d'agressions ciblées et d'arrestations fondées sur la couleur de la peau des personnes.
"La France condamne ces violences et ces arrestations extra-judiciaires et demande la libération des personnes concernées. Elle rappelle son attachement à ce qu'une solution négociée soit trouvée sur la situation à Kidal", indique le ministère des Affaires étrangères sur son site internet.
Un porte-parole du MNLA à Paris a démenti que des arrestations aient eu lieu à Kidal sur la base d'une appartenance ethnique. Le gouvernement, a-t-il affirmé, cherche à mettre de l'huile sur le feu en recourant à un vocabulaire dangereux.
"Nous avons arrêté une dizaine de personnes qui se sont avérés être des soldats maliens envoyés pour nous espionner", a dit ce porte-parole. "Ils sont considérés comme des prisonniers de guerre et soumis à des interrogatoires. Les civils qui ont été emmenés lors de l'opération ont été remis en liberté".
Le MNLA rejette les appels de Bamako à déposer les armes. Il assure qu'il résistera à toute tentative de l'armée malienne pour reprendre Kidal, mais se dit ouvert à des négociations avec le gouvernement si le droit du nord du Mali à l'autodétermination est reconnu.

Eric Faye pour le service français, édité par Pascal Liétout

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