Pourquoi le président du Burkina Faso, le Capitaine Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, a invité Ançar dine, un mouvement djihadiste qui, selon certains, répond parfaitement aux critères d’une organisation terroriste, à la table des négociations ? Telle est la question qui taraude l’esprit de bon nombre d’observateurs et analystes de la grave crise identitaire qui secoue présentement le Mali. Là-dessus, d’autres vont jusqu’à soutenir que le médiateur, par cet acte, vient de violer les décisions de la CEDEAO qui avait recommandé de négocier avec tous les groupes rebelles à l’exclusion des organisations terroristes.
Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso, médiateur de la Cedeao
Mieux, Ançar dine constitue beaucoup plus une foudre de guerre que le MNLA qui est, en réalité, une véritable bande de narcotrafiquants. Le seul problème avec Ançar dine réside dans sa volonté de restaurer « la Charia« , la loi islamique selon les préceptes du Saint Coran. Toute chose qui le rapproche du mouvement terroriste Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Après la rencontre de Ouagadougou, le 18 juin dernier, le porte-parole d’Ançar dine, Ag Intalla Algabass n’a-t-il pas soutenu que « peut-être que les objectifs (avec les autorités de Bamako, ndlr) ne sont pas les mêmes, mais nous sommes obligés d’être ensemble parce que nous partageons le même territoire ».
Maintenant, la question est de savoir comment le médiateur Blaise Compaoré pourra-t-il faire plier Ançar dine ? A cette question, un diplomate accrédité à Bamako fonde beaucoup d’espoir sur le président du Faso qui, selon lui, « s’est spécialisé dans l’extinction des conflits en Afrique« . D’où le respect qu’il s’est forgé auprès de la communauté internationale.
Ces propos de Moustapha Niasse, grande figure politique du Sénégal et d’Afrique de l’ouest, tenus à la faveur de l’investiture du nouveau président du Sénégal Macky Sall, sont assez illustratifs : « Le président Compaoré est un médiateur accepté par tout le monde. Il a fallu l’intervention de la diplomatie burkinabé pour que l’on arrive à l’accord qui a conduit à la démission du président ATT et au retour à l’ordre constitutionnel au Mali après le coup d’Etat du 22 mars 2012« .
Dans le même ordre d’idée, le sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires africaines, Johnnie Carson dit avoir « apprécié beaucoup le rôle que le président Compaoré joue dans la résolution de la crise malienne. Il a démontré dans le passé, qu’il est capable d’être un leader efficace pour aider dans des situations comme celles en Guinée-Conakry, en Côte d’Ivoire, au Togo et au Soudan« .
Le succès de la diplomatie burkinabé, selon un confrère du Faso, « réside dans la méthode de conduite des opérations : larges concertations, forte capacité d’écoute des acteurs, très bonne connaissance du terrain, prise en compte des spécificités, rapprochement des vues, recherche de consensus et appel au sens de la responsabilité de tous ».
Alassane DIARRA
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