mercredi 11 avril 2012

Les salafistes veulent instaurer un émirat au Mali (Magharebia.com)

Les salafistes veulent instaurer un émirat au Mali (Magharebia.com)
2012-04-10
[AFP/Al-Andalus] AQMI et ses affiliés renforcent leur influence au Sahel depuis le début de la crise malienne.Les islamistes radicaux présents dans l'Azaouad cherchent à fonder leur propre émirat salafiste, selon les analystes.
Par Raby Ould Idoumou pour Magharebia à Nouakchott – 10/04/12
[AFP/Al-Andalus] AQMI et ses affiliés renforcent leur influence au Sahel depuis le début de la crise malienne.

Le Mali a fait un pas de plus, le lundi 9 avril, en direction du retour à l'ordre civil, lors d'une réunion organisée pour la première fois à Bamako entre le leader du coup d'Etat, le capitaine Amadou Sanogo, et le futur Président par intérim du pays.
Aux termes d'un accord de transition de pouvoir négocié par des médiateurs internationaux, le président de l'assemblée nationale Dioncounda Traore a été désigné pour remplacer le Président déchu Amadou Toumani Touré.
Depuis la prise de pouvoir par Sanogo le 22 mars, les rebelles touaregs et les combattants islamistes se sont emparés de l'ensemble du nord du Mali, faisant naître des craintes dans les Etats voisins quant à l'impact de cette dégradation de la situation.
La montée en puissance des combattants islamistes est intervenue sur fond d'appels de Sanogo en faveur d'une intervention militaire internationale dans la région que les séparatistes touaregs appellent l'Azaouad.
La Mauritanie, qui se considère comme le fer de lance de la
lutte contre le terrorisme dans le nord du Mali et au Sahel, a fait valoir des inquiétudes particulières. Jeudi dernier, le pays a déployé des troupes le long de la frontière malienne.
La soudaine apparition de terroristes bien connus dans le nord du Mali n'a fait que renforcer ces craintes.
Le leader d'al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) Mokhtar Belmokhtar (alias "Laaouar") a été le premier à être repéré la semaine dernière à Gao. Le terroriste mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou a également refait surface, affirmant que le groupe Jamat Tawhid Wal Jihad Fi Garbi Afriqqiya (Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique de l'Ouest, MUJAO), affilié à al-Qaida, était derrière la prise de Gao.
Il s'est engagé à imposer la vision du MUJAO de la loi islamique dans la région.
Pour sa part, AQMI a profité de ses relations avec le mouvement Harakat Ansar al-Din (Partisans de la foi) d'Iyad Ag Ghaly. Le groupe a l'intention de proclamer un émirat islamique dans la région, a expliqué le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz au quotidien français Le Monde.
"Tout porte à croire que les mouvements djihadistes au Sahara et au Sahel en général, et dans l'Azaouad en particulier, se préparent à déclarer un émirat djihadiste salafiste qui bénéficiera de pouvoirs et de fidèles dans la région", a expliqué Mohamed Mahmoud Abou El Maali, spécialiste du terrorisme, à Magharebia.
Selon lui, cela se fera en faisant appel "à l'organisation Boko Haram au Nigeria et aux cellules dormantes djihadistes réparties en Tunisie, en Libye, au Maroc et en Mauritanie".
"Les implications de la situation dans la région du nord du Mali sont peu claires et incertaines", a expliqué El-Mokhtar El-Tamim, rédacteur en chef de Radio Mauritanie, basée à Nouakchott. "La carte du nord du Mali comporte de nombreuses facettes, entre les mouvements séparatistes et les mouvements armés qui vivaient au départ dans cette région."
El-Tamim ne s'attend pas à ce que la situation reste confinée à la région.
La prolifération des armes place la sécurité au Sahel à un point crucial", a-t-il indiqué, ajoutant que les investissements étrangers seront également "exposés à l'instabilité de la situation sécuritaire".
"La région entourant le Mali est déjà menacée par la prolifération des armes libyennes", a indiqué le spécialiste du terrorisme Aslam Ould Mustafa à Magharebia. Aujourd'hui, le Mali doit faire face à la fois "à la rébellion et à l'exploitation de la situation par les islamistes".
La crise dans le nord pourra être résolue, a-t-il fait valoir, non par une action militaire, mais par "la négociation et la restauration de l'ordre constitutionnel dans la République du Mali".

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