vendredi 28 novembre 2014

En pleines négociations à Alger : Un leader du parti du PM appelle à la guerre

En pleines négociations à Alger : Un leader du parti du PM appelle à la guerre

De vous à moi - Pourparlers d’Alger : Cassure ou passage à vide

De vous à moi - Pourparlers d’Alger : Cassure ou passage à vide

Pourparlers d’Alger : Cassure ou passage à vide

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Adam Thiam
Adam Thiam
Il n’ y aura pas eu de fumée blanche à Alger la banche. Le ministère des Affaires Etrangères le constate : « les négociations sont suspendues sans accord préliminaire ». Et Moussa Ag Assarid, un des porte-parole des groupes armés confirme également la rupture en prévoyant la possibilité d’un nouveau round de discussions pour janvier 2015. Les suspensions que les rounds initiaux ont connues étaient plus ou moins normales. Elles étaient liées à des questions de procédures ou entachées de maximalisme dont les pourparlers du genre sont coutumiers. Ces postures auxquelles toutes les parties sont habituées ne remettent jamais fondamentalement en cause l’essentiel, c’est-à-dire la nécessité de trouver un compromis. Mais l’interruption hier jeudi des pourparlers entamés en juillet dernier a de quoi inquiéter. On peut même déplorer que ce round aura été celui de la totale contre-productivité. Car il remet en cause l’investissement du médiateur et les gains escomptés des rounds précédents. Notamment pour les groupes armés. Ceux-ci auraient pu se frotter les mains si la mouture proposée par la médiation était adoptée. Mais c’était sans compter avec la mobilisation générale qu’incarne l’imam Cherif Haidara et la marche historique qu’il a initiée contre toute partition du Mali. C’était sans compter avec le branle-bas des états major politiques, de l’Urd au Pdes en passant par le Cnas qui déclarait rejeter sans réserve le document de synthèse tel que venu d’Alger lors du round précédent. C’était enfin sans compter avec le gouvernement qui a expurgé le projet initial de tout ce qui pouvait induire l’idée d’un Azawad, formellement invoqué ou subtilement évoqué. En particulier, pour le gouvernement malien, pas question d’Etat major conjoint des armées rebelle et loyaliste. Pas question, non plus, d’institutions représentant les trois régions Nord comme le proposait le texte de l’accord revu par le gouvernement et contre lequel le président Ibrahim Boubacar Keita n’a pas caché son agacement.

SOMMES-NOUS ALORS RETOURNES A LA CASE DEPART ? On ne peut pas être aussi affirmatif : l’interruption des pourparlers cette fois-ci a un air de rupture. Mais on ne voit pas comment Alger accepterait de se retirer sur ce qui, restant en l’état, constituerait un de ses plus retentissants fiascos diplomatiques. Contre toute attente et contre tous les pronostics. Car pour plus d’un observateur, le pays de Boutef est la puissance régionale dont la médiation peut le plus accélérer le règlement de la crise du septentrion malien. Au fil du temps et des enjeux , est-il possible que les groupes armés se soient émancipés des influents sécuritaires algériens dont Kidal, à défaut d’être la wilaya la plus méridionale passe, dans l’imagerie collective, pour la banlieue intermittente ? Difficile d’accepter qu’en ce novembre 2014, Alger prouve qu’il n’est pas ce déterminant qu’on redoute tant de la sécurité saharo-saharienne. Il a certainement des atouts qu’il fera jouer pour ramener autour de la table des groupes armés plus conciliants pendant que la communauté internationale, elle, réaffirme son attachement à la sauvegarde de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Mali. Curieusement, c’est cette communauté pourtant souvent prise à partie par l’opinion nationale qui garantit aujourd’hui l’unité et ce qu’il y a de paix et de stabilité au Nord du Mali. « Nos forces nationales de défense et de sécurité » sont encore un vœu pieux, on le sait. D’ici à ce qu’elles soient en mesure de remplir leur mission, des passants sauteront sur des mines, soldats onusiens ou officiels maliens. A Aguel Hock, le psychodrame des militaires tchadiens reprendra de temps en temps. Les règlements de compte entre les groupes armés continueront. Et le Sud du Mali continuera sans doute à considérer les jihadistes plus fréquentables que le Mnla.



Adama Thiam

Pourparlers d’Alger : Le maximalisme contreproductif du MNLA et compagnie

Pourparlers d’Alger : Le maximalisme contreproductif du MNLA et compagnie

jeudi 27 novembre 2014

Afrique : lancement de l'accord de libre-échange favorise les relations commerciales sino-africaines

Afrique : lancement de l'accord de libre-échange favorise les relations commerciales sino-africaines

Les analystes ont déclaré jeudi que l'accord tripartite de libre-échange qui sera lancé le mois prochain par trois blocs commerciaux aura un impact positif sur la promotion des relations commerciales sino-africaines.
Le Marché commun pour l'Afrique de l'est et australe (COMESA), la Communauté est-africaine (CEA) et la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) lanceront l'accord tripartite en décembre.
Une fois lancé, l'accord tripartite de libre-échange sera le plus grand bloc économique du continent et ouvrira la voix à l'établissement d'un accord de libre-échange continental en 2017.
Dr Lubinda Habaazoka, maître de conférence à la School of Business Studies de l'université de Copperbelt (CBU), a déclaré que l'initiative présente des opportunités uniques pour le renforcement des relations commerciales entre la Chine et les pays membres du bloc régional.
"Ce sera bon pour le renforcement des relations entre la Chine et l'Afrique. Au lieu de négocier avec des pays individuels, la Chine négociera avec un bloc et c'est bon pour le développement des affaires", a-t-il déclaré dans une interview accordée à Xinhua.
Tout en reconnaissant que le lancement de l'initiative était attendu depuis longtemps, l'analyste a déclaré qu'elle arrive à un moment approprié, à un moment où la Chine est devenue une super puissance économique et où les pays africains regardent en direction du pays asiatique pour plus d'investissement.
D'après lui, le lancement de l'accord de libre-échange permettra une circulation facile des biens et des services, mais les pays membres sont appelés à considérer la libre circulation des individus également.
Richard Musauka, directeur pays du bureau zambien de Development Partnership International (DPI), a déclaré que l'initiative est lancée à un moment où la Chine a beaucoup investi dans l'amélioration des infrastructures dans de nombreux pays africains.
"Cette initiative aura définitivement une influence sur les relations commerciales entre l'Afrique et la Chine. Comme vous le savez, la Chine a beaucoup investi dans l'amélioration des infrastructures en Afrique et essaiera de tirer profit de cette initiative pour améliorer les relations commerciales", a-t-il poursuivi.
Il a cependant ajouté que la Chine devrait aider les pays des trois blocs régionaux via le transfert de technologie et la formation des ressources humaines.
L'accord tripartite de libre-échange comprend 26 Etats membres des trois blocs régionaux, une population cumulée de 625 millions d'habitants et un PIB de 1,2 mille milliard de dollars. Il représentera la moitié des membres de l'Union africaine et 58% du PB du continent.
L'initiative sera lancée lors d'un sommet tripartite des chefs d'Etat qui se tiendra le mois prochain en Egypte. F
Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Source: Agence de presse Xinhua

Barack Obama dans le brasier du racisme - lesoir.be

Barack Obama dans le brasier du racisme - lesoir.be

Suspension des pourparlers d'Alger sur le nord du Mali

Suspension des pourparlers d'Alger sur le nord du Mali

Suspension des pourparlers d’Alger sur le nord du Mali

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Dialogue inter-malien: un face-à-face tendu à Alger
Négociations à Alger mercredi 16 juillet 2014 entre les groupes armés du Nord du Mali et le pouvoir malien conduit par Abdoulaye Diop (C), le ministre des Affaires étrangères.
AFP/FAROUK BATICHE
Les négociations entre le gouvernement malien et des groupes principalement touaregs du Nord ont été suspendues jeudi à Alger sans qu’un accord n’ait été trouvé, a-t-on appris auprès des parties.

Les discussions portent sur le nord du pays, que les Touaregs désignent sous le nom d’Azawad. Elles doivent déboucher sur un accord de paix qui réglerait un contentieux remontant à l’indépendance, en 1960.

A quatre reprises, la question de l’Azawad a soulevé des insurrections armées pour l’indépendance ou l’autonomie. En 2012, les Touaregs ont été rejoints par des djihadistes. L’alliance provisoire entre ces groupes a pris le contrôle du nord du Mali et marché sur Bamako, provoquant l’intervention de l’armée française en janvier 2013.

« Les négociations sont suspendues sans accord préliminaire », a annoncé Chérif Kanouté, porte-parole du ministère malien des Affaires étrangères.

Moussa Ag Assarid, porte-parole de groupe rebelles, a confirmé par téléphone depuis Alger que les discussions étaient terminées. Il a ajouté qu’une nouvelle rencontre pourrait avoir lieu en janvier. (Tiemoko Diallo; Henri-Pierre André pour le service français)

Dialogue inter-malien dans le cadre du Processus d’Alger : Communiqué de la Médiation

Dialogue inter-malien dans le cadre du Processus d’Alger : Communiqué de la Médiation

Communiqué de la Médiation

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Pour protester contre la présence de la CM-FPr de Me Harouna Toureh non signataire du protocole divisant le Mali en deux entités
Vue partielle de la cérémonie d’ouverture
Les Parties au dialogue inter-malien engagé dans le cadre du Processus d’Alger, à savoir le Gouvernement malien, la Coordination des Mouvements signataires de la Déclaration d’Alger du 9 juin 2014 et les Mouvements signataires de la Plateforme d’Alger du 14 juin 2014, ont repris la négociation sur les questions de fond à partir du 20 novembre 2014 à Alger, sous l’égide de l’équipe de médiation internationale comprenant l’Algérie, chef de file, l’ONU-MINUSMA, l’UA, la CEDEAO, l’UE et l’OCI, le Burkina-Faso, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria et le Tchad.



Jalonnées par des exposés d’experts en matière de gestion locale dans certains pays de la région, les négociations se sont déroulées dans un cadre bilatéral (Médiation / une Partie) et triangulaire (Médiation / deux Parties) à huis clos. Les interactions directes intensives entre les Parties ont permis utilement à l’équipe de médiation de recueillir les réactions, commentaires et propositions consolidés des Parties sur le document portant « Éléments pour un accord pour la paix et la réconciliation au Mali» dont elles étaient saisies depuis octobre 2014.



Ces réactions, commentaires et propositions ont servi de base à un travail minutieux d’enrichissement du document de la médiation avant sa présentation aux Parties à la fin des travaux sous forme de « projet d’accord pour la paix et la réconciliation au Mali » avec ses annexes indispensables pour sa clarification, dans la perspective de réunir les consensus nécessaires à sa finalisation.



La Médiation se félicite de l’intérêt renouvelé par les Parties pour le document qu’elle a proposé en ce qu’il constitue une base solide de travail. Elle a été également encouragée par l’esprit de franchise qui a marqué les discussions au cours de cette phase. Elle a noté avec satisfaction les progrès significatifs enregistrés dans l’identification des difficultés à surmonter. Elle entend à cet égard rester mobilisée pour aider les Parties à trouver les compromis appropriés.



La Médiation exhorte à nouveau les différentes parties maliennes à faire preuve de courage et de détermination et à s’investir davantage, individuellement et collectivement, pour favoriser le règlement des questions en suspens de manière à parvenir, dans les meilleurs délais possibles, à un accord de paix global et définitif.

La conclusion de cet accord permettra, de toute évidence, non seulement la restauration de la paix au Nord du Mali, mais contribuera aussi de manière significative à la création des conditions permettant une lutte efficace contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.



La Médiation, afin de raffermir durablement la confiance et la compréhension mutuellesentre les Parties, appelle ces dernières à demeurer engagées de bonne foi dans le Processus d’Alger en cours, notamment en respectant leurs engagements en vertu des accords de cessez-le-feu en vigueur.



La Communauté Internationale est vivement invitée à poursuivre son soutien au Processus d’Alger, afin d’atteindre l’objectif commun de consolidation de la paix et de la sécurité dans toute la région du Sahel.



Alger, le 27 novembre 2014 

Pourparlers d’Alger : La rupture !

Pourparlers d’Alger : La rupture !

États-Unis : l'exercice d'équilibriste d'Obama sur les questions raciales - Le Point

États-Unis : l'exercice d'équilibriste d'Obama sur les questions raciales - Le Point

Obama ne veut surtout pas être "le président noir. Il veut être le président de tous les Américains", selon une figure du mouvement des droits civiques.

Photo d'illustration.
Photo d'illustration.
Le premier président noir des États-Unis avance prudemment : il appelle au respect des décisions de justice tout en assurant comprendre la colère de ceux qui ont le sentiment, à juste titre, souligne-t-il, que la couleur de leur peau a un impact sur la façon dont la loi est appliquée. "Ce sont des problèmes réels", a-t-il lancé lundi soir, le visage grave, évoquant "l'héritage de la discrimination raciale dans ce pays", quelques heures après l'annonce de la décision d'un jury populaire de ne pas poursuivre le policier. "Nous devons les confronter et ne pas les nier ou les étouffer", a-t-il ajouté, tout en rejetant avec fermeté tout recours à la violence.

Obama n'est jamais allé à Ferguson

À Ferguson, dans le Missouri, mais aussi ailleurs dans le pays, certains manifestants lui reprochent des prises de position trop timorées ou regrettent qu'il ne se soit pas rendu sur place depuis la mort de Michael Brown, abattu le 9 août en pleine rue alors qu'il n'était pas armé. La Maison-Blanche n'écarte pas l'hypothèse, mais souligne qu'elle n'est pas à l'ordre du jour.

"C'est une ligne de crête, mais il l'emprunte de façon extrêmement habile", estime Julian Bond, président honoraire de la grande association de défenses des Noirs aux États-Unis, la NAACP. "Il ne veut surtout pas être le président noir. Il veut être le président de tous les Américains", explique à l'AFP cette figure du mouvement des droits civiques.

C'est la deuxième fois depuis son arrivée au pouvoir en 2009 que M. Obama, élu grâce au soutien massif des minorités et des Afro-Américains en particulier, doit gérer les énormes attentes placées sur ses épaules sur ce sujet sensible. La mort de Trayvon Martin, jeune homme noir de 17 ans abattu en février 2012 en Floride par un vigile alors qu'il se promenait sans arme dans un quartier résidentiel, avait été la première.

"Il est critiqué, quoi qu'il fasse"

Prudent dans un premier temps, il s'était livré de manière beaucoup plus personnelle à l'issue du processus judiciaire qui avait abouti à l'acquittement du meurtrier, en juillet 2013. "Il y a 35 ans, j'aurais pu être Trayvon Martin", avait-il lancé, parlant de la "douleur" provoquée par cette décision au sein de la communauté noire.

"Dans l'affaire Trayvon Martin, ses détracteurs lui ont reproché de s'impliquer. Cette fois, on lui reproche le contraire. Il est dans un rôle où il est critiqué, quoi qu'il fasse", juge Adolphus Pruitt, président de la branche de NAACP de Saint Louis, ville voisine de Ferguson. "Cela ne me dérange pas que le président soit prudent sur un incident particulier, mais je m'attends à ce qu'il s'implique fortement sur le besoin de changement et de dialogue, à travers tout le pays, sur cette question", ajoute-t-il.

Si le grand jury a exclu des poursuites à l'encontre du policier Darren Wilson, une enquête fédérale est toujours en cours pour se pencher sur une éventuelle violation des droits civiques de la victime, Michael Brown. Mais plus de trois mois après les faits, aucune conclusion n'a encore été rendue et rien n'indique que les autorités fédérales engageront des poursuites.
Comme pour Obama, le positionnement est difficile pour Eric Holder, premier ministre de la Justice noir de l'histoire des États-Unis. Dès les premières émeutes après la mort de Michael Brown, il s'était rendu sur place, tentant de panser les plaies d'une communauté déchirée par les violences. Mais la marge de manoeuvre est étroite. Et si aucune poursuite fédérale n'est finalement engagée, l'administration Obama devra se préparer à gérer une nouvelle vague d'indignation.
"Il n'y a pas une Amérique noire et une Amérique blanche, il y a les États-Unis d'Amérique", lançait M. Obama en juillet 2004 à la Convention démocrate lors du discours chargé d'espoir qui allait le propulser sur le devant de la scène politique nationale. Depuis, s'il souligne inlassablement les progrès accomplis depuis les années 60, il appelle régulièrement à la "vigilance". "Pour conforter les acquis de ce pays, il faut de la vigilance, pas de la complaisance", lançait-il le 28 août 2013 lors des célébrations des 50 ans du discours de Martin Luther King, "I have a dream".

mercredi 26 novembre 2014

Malijet 4è round des pourparlers d’Alger : La mauvaise foi des groupes armés et l’entêtement des autorités maliennes Mali Bamako

Malijet 4è round des pourparlers d’Alger : La mauvaise foi des groupes armés et l’entêtement des autorités maliennes Mali Bamako

La mauvaise foi des groupes armés et l’entêtement des autorités maliennes

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4è round des pourparlers d’Alger : La mauvaise foi des groupes armés et l’entêtement des autorités maliennes
Les discussions d’Alger se sont ouvertes le jeudi dernier avec pour objectif de trouver une solution définitive au conflit inter malien. Pour la quatrième fois successive la délégation gouvernementale et les groupes armés se sont retrouvés à Alger autour de la médiation internationale, mais les discussions butent sur la mauvaise foi des groupes armés et l’entêtement des autorités maliennes.
Pour ce 4è round, la médiation internationale n’a pas échappé au petit jeu des mouvements armés qui depuis le premier round jouent de la comédie, pour preuve, le jour de l’ouverture des travaux il a fallu 1h et 30mn pour la médiation de convaincre les belligérants à rentrer dans la salle.
Après que cet incident soit résolu, les groupes armés sont revenus avec leur proposition de fédéralisme et dans ce document, ils ont fait savoir à travers une première communication faite par Mamadou Djéri Maiga qui a dit ceci: «Nous avons accepté la forme républicaine et laïc du Mali, nous demandons seulement le fédéralisme est-ce difficile à comprendre? C’est la condition pour nous de parvenir à la paix». De cette position, une seule logique apparaît : les groupes armés ont encore l’intention de faire monté les enchères afin de décrocher le jackpot au moment du partage tant espérer.
Le Ministre Malien des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine et de la Coopération Internationale, M. Abdoulaye Diop a bien compris cette démarche et a bien répondu à Djéri Maiga en disant qu’on est en négociation et que tout est permis. Mais pour Abdoulaye Diop l’essentiel est que le document synthèse soit la base des discussions, et là, il n’est mentionné nulle part ce que relèvent Mamadou Djéri et ses camarades.
L’entêtement des autorités maliennes, c’est ainsi qu’on peut qualifier l’attitude des autorités malienne, car après avoir eu connaissance du contenu du document synthèse proposé par la médiation, le gouvernement a voulu convaincre les Maliens en disant que le document est bon, pourtant en ce moment à part quelques rares privilégiés, bon nombre de Maliens n’avait pris connaissance du contenu du fameux document qu’une semaine avant la reprise. Mis à la disposition des gens, le document suscita de nombreuses critiques.
D’emblée, les partis de l’opposition, URD, PARENA, CNAS-FASO HERE, ou encore la société civile à travers le mouvement «AN TE SON» ont tous rejeté le document pour son contenu. Et IBK et son gouvernement ont joué à la sourde oreille et se sont rendus jeudi dernier à Alger avec la forte conviction qu’ils vont tirer quelque chose de ce document. Peuvent-ils une seule fois écouter le peuple ? Ce document, comme prouver par le passé, ne convient pas à l’aspiration des maliens. Oui à la paix, mais pas une paix qui nous déshonore. A bon entendeur… !
Issa KABA
Source: L'Express de Bamako

Moussa Ag Acharatoumane, charge de communication du MNLA : "Le fédéralisme est un changement bénéfique"

Moussa Ag Acharatoumane, charge de communication du MNLA : "Le fédéralisme est un changement bénéfique"

« Le fédéralisme est un changement bénéfique »

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Moussa Ag Acharatoumane (photo capture d'écran france24)
Moussa Ag Acharatoumane (photo capture d’écran france24)
Dans une interview qu’il nous a accordée, Moussa Ag Acharatoumane, membre fondateur du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et chargé de communication, évoque les grandes lignes des négociations d’Alger. Il se prononce sur le fédéralisme, les points d’achoppements, entre autres.



L’Indicateur du Renouveau : Quelle est votre lecture du document proposé à la médiation ? Quelles sont les concessions que vous êtes prêts à faire pour que la paix revienne ?

Moussa Ag Acharatoumane : Nous pensons que le document proposé par l’équipe de médiation n’est pas à la hauteur de la crise actuelle et ne répond pas de façon explicite aux aspirations fondamentales de nos populations, bien que des choses intéressantes s’y trouvent. C’est pour cette raison que nous avons demandé un temps pour travailler sur le document en question que nous avons parcouru en entier et modifié pour l’harmoniser avec les aspirations des populations azawadiennes qui sont à l’origine de la crise actuelle que nous vivons.

Notre objectif est et sera toujours la paix, raison pour laquelle nous pensons qu’il est nécessaire de donner le temps et la chance de bâtir une paix juste, équitable dans laquelle tous les Maliens dans l’ensemble et les Azawadiens en particulier se retrouveront. Des concessions, nous sommes prêts à en faire, nous l’avons toujours dit et redit, il n’y a pas de paix sans concessions entre les belligérants ; cette concession doit être partagée par les deux parties, nous en avons fait beaucoup et l’essentiel est la reconnaissance de l’intégrité territoriale du Mali et aujourd’hui le gouvernement doit faire des efforts et oser le changement et l’innovation qui sont la seule issue garante pour une paix viable au Mali.



Fondamentalement, quels sont les points de divergence avec le gouvernement malien ?

Le gouvernement propose la régionalisation qui n’est pas notre demande. Le Mali revient de loin et nous constatons malheureusement que le gouvernement actuel a du mal à voir le danger qui guette ce pays et le sacrifice nécessaire pour maintenir une paix dont la conquête devient chaque jour plus difficile.

Nous avons demandé que des solutions soient apportées à une entité géographique, économique, culturelle meurtrie par un abandon de plus d’un demi-siècle du gouvernement malien. L’appellation de notre territoire ‘Azawad’, la reconnaissance des crimes commis contre nos populations depuis les indépendances, l’armée malienne un instrument d’oppression des populations sont, entre autres, quelques points de divergences parmi beaucoup d’autres.



Les préalables posés par le gouvernement sont connus, quels sont les vôtres ?

Il faut aussi ajouter que ces préalables sont acceptés par tous y compris nous, le gouvernement malien malheureusement n’a pas fait l’effort d’accepter les nôtres qui sont le nom Azawad et l’entité politique qu’on revendique. Nous pensons avoir fait des efforts sur plusieurs plans depuis 2012 dans le cadre de la recherche de l’apaisement et d’une solution pacifique à la crise actuelle, mais le gouvernement agit souvent même contre la paix et le 21 mai à Kidal en est un exemple parmi tant d’autres.



Est-ce que le fédéralisme est toujours d’actualité ?

Il est toujours d’actualité, car nous n’avons rien vu du côté du gouvernement qui nous fera agir autrement. Nous pensons que le fédéralisme est un changement bénéfique et porteur d’une nouvelle gouvernance au Mali et cette proposition doit être saisie par le peuple malien dans sa composition multiple, car elle permet à chacun au sein d’un ensemble malien de gérer son quotidien.



Etes-vous prêts à rentrer dans un gouvernement d’union nationale ?

Nous pensons que cette question n’est pas d’actualité encore, il faut chercher et trouver la paix ensuite les populations décideront de ce qui est meilleur pour elles. Nous sommes les messagers de la cause d’un peuple, c’est ce peuple qui décidera demain de ce qui lui semble juste et bien.

Propos recueillis par Alpha Mahamane Cissé

mardi 25 novembre 2014

Grands Reporters - Mali, avec les Touaregs de Kidal.

Grands Reporters - Mali, avec les Touaregs de Kidal.

Grands Reporters - "Dans les machoires du chacal. "

Grands Reporters - "Dans les machoires du chacal. "

"Dans les machoires du chacal. "

"Mes amis touaregs en guerre au nord Mali"
« Le 11 janvier 2013, la France entre en guerre contre les “terroristes” du Nord-Mali. Soudain, le monde tourne son regard inquiet vers une région du globe complètement inconnue la veille encore, un pays que ses habitants nomment l’Azawad. Dans le portrait qu’on m’en trace, le vocabulaire qu’on utilise, les images qu’on me montre, derrière les comparaisons hasardeuses – l’Afghanistan, l’Irak, la Libye –, je n’arrive pas à reconnaître cette région, ce pauvre pays de sable et de rocs, sec comme un os, ce pays de vents incessants, de nomades et de misère qui, pourtant, est au coeur de mon existence depuis près de 35 ans ». Parce que sa dette envers cette région du monde est « infinie », Gael Baryin a pris parti. Ces temps-ci plus que jamais, quand les liaisons téléphoniques le permettent, il dialogue presque quotidiennement avec ses amis en guerre. Avec toute la puissance d’évocation que confère l’amitié, il nous dresse ici le portrait sensible et lucide d’une région et de son peuple en lutte depuis plus de 50 ans, évoquant tour à tour son histoire, sa culture et le mode de vie nomade. Son témoignage est unique et précieux. Il permet de comprendre le point de vue des Touaregs Kel Adagh de la région de Kidal – berceau du MNLA et d’Ansar ed-Din – sur la tragédie dont leur terre est, une fois de plus, le théâtre, et de mesurer à quel point il est urgent, si c’est la paix qu’on souhaite pour le Nord-Mali, que celui-ci soit enfin pris en compte.

LIRE L’EXTRAIT

""" Le 11 janvier 2013, la France entre en guerre contre les « terroristes » du Nord-Mali. Une masse d’informations s’étale d’un coup, portée par des politiques, des journalistes, des experts pressés d’expliquer qui sont les protagonistes et quels sont les enjeux de ce conflit. Toute une machine de guerre. Des armes et des mots. On expose fiévreusement des cartes, des graphiques ; des noms sont surlignés en rouge ; des flèches tracent dans le vide d’hypothétiques mouvements ennemis. Des visages à l’écran jusqu’alors inconnus. On prédit les stratégies des uns et des autres, selon des calendriers obscurs.
D’un coup le monde tourne son regard inquiet vers une région du globe complètement inconnue la veille encore : le nord du Mali. Or dans le portrait qu’on m’en trace, le vocabulaire qu’on utilise, les images qu’on me montre, derrière les comparaisons hasardeuses (l’Afghanistan, l’Irak, la Libye), je n’arrive pas à reconnaître cette région, elle qui pourtant est au cœur de mon existence depuis près de 35 ans. Un pauvre pays de sable et de rocs, sec comme un os. Un pays de vents incessants, de nomades et de misère.
Je ne veux pas prendre parti pour ou contre cette guerre – elle est là, c’est tout, peu importe qu’elle soit ou pas conforme aux promesses, au droit international ou aux résolutions des uns ou des autres – mais plutôt montrer que le discours politique et médiatique qui l’accompagne n’est porteur que de sa propre justification. Qu’il n’a pas pour vocation de nous expliquer pourquoi et comment on en est arrivé là mais plutôt d’offrir une vérité simple, facilement compréhensible par tous, qui permette de mener cette guerre avec le soutien de l’opinion, quitte à tordre le cou à la réalité à la fois historique, sociologique et géopolitique du Nord-Mali. C’est sans doute ce qu’on appelle de la désinformation.
Tadjrest, le froid Vers la mi-décembre arrive tadjrest, la saison froide. La journée, le vent siffle. Les nuages venus d’Algérie, lourds de glace, s’amoncellent sur la montagne ; ils courent si bas qu’on dirait une seconde peau faite à la terre, grumeleuse et violacée. Pendant tadjrest (en fait il y a deux tadjrest, la noire qu’on appelle ta-settafet et la blanche, ta-mellet) les nomades orientent leurs tentes sud-ouest, contre les grands alizés qui tourmentent le pays.
Une dette infinie J’ai découvert le Nord-Mali et ses nomades touaregs l’hiver 1978 dans des conditions assez rocambolesques. Parti à vingt ans avec un ami, à bord d’une vieille Peugeot, à l’aventure à travers le Sahara, je me suis perdu au coeur du Tanezrouft, l’immense désert jaune qui sépare le grand Sud algérien du nord malien. Un pays effroyablement plat, vide : huit cents kilomètres d’aridité absolue. Sans doute l’un des endroits les plus inhospitaliers du monde. Je ne raconterai pas ce qu’on vit dans une telle perdition, la terreur et les traces que ça laisse, ça ne regarde personne, mais sorti de là par miracle j’étais devenu une sorte de survivant. Ça situe la hauteur de la dette que j’ai envers les nomades qui m’ont recueilli alors. Depuis, je suis retourné au Mali un nombre incalculable de fois, surtout au nord, dans la région de Kidal, celle qui fait ces temps-ci la une des journaux. Si j’additionne tous mes séjours ça représente au final plusieurs années.
Mon tout premier contact avec l’administration malienne a été une seconde épreuve. C’était au poste frontière de Tessalit. À peine sorti du cauchemar de la perdition – on n’a alors qu’une envie, retrouver les hommes, nos frères, retrouver la vie et le goût qu’elle a –, je subis humiliations et racket de la part de fonctionnaires venus du Sud et que l’éloignement avait rendus mauvais à force d’ennui. De l’ancien fort colonial où j’ai été retenu une journée entière, je voyais en contrebas une misère et un dénuement effrayants. Je ne comprenais pas pourquoi mais on m’avait interdit de descendre au village. Une violence sourde, palpable, séparait deux mondes qui se côtoyaient sans se voir. Là, perdus dans une immensité de sable et de roches, à un millier de kilomètres de la première ville digne de ce nom, des hommes se haïssaient. Je repris ma route.
Quelques kilomètres plus au sud je rencontrai des nomades au bord de la route. Ils étaient incroyablement grands, près de deux mètres, et secs comme des loups. Ils portaient des turbans serrés, on ne voyait que leurs yeux, des épées au côté et de fines lances en main. Leurs larges tuniques claquaient au vent comme des étendards. Ils m’emmenèrent dans leur campement au pied des montagnes.
D’énormes amoncellements de roches noires, usées et recuites par l’aridité, ceinturaient la petite vallée où les tentes étaient dressées. Les buissons chétifs, les arbustes hérissés d’épines et les ondulations jaune paille de l’herbe à chameaux peinaient à donner à l’endroit un semblant d’hospitalité ; il s’en dégageait une austérité infinie. Au loin les premiers contreforts de l’Adagh émergeaient de l’horizon en cônes bleutés et gris, posés derrière la coulée de plomb, tremblant dans le froid matinal. L’aube faisait frissonner le paysage. J’ai découvert là ce qu’est l’humanité quand elle est belle. J’y ai découvert entre tentes et troupeaux une vie pastorale faite de dénuement absolu, mais une hospitalité à tirer les larmes, à en oublier la déroute au désert, la terreur des mirages qui font douter de tout, puis enfin les humiliations de l’administration. J’avais vingt ans à peine et j’étais au Mali chez les nomades du désert. Je me souviens avoir voulu leur parler d’une histoire de désert, de peur et d’hommes perdus, mais tout cela ils le savaient depuis longtemps. Ils le savaient peut-être avant même d’être nés. Je suis repassé par là de nombreuses fois, mais je n’ai jamais réussi à retrouver l’endroit où je suis revenu. Ni jamais retrouvé non plus cette première tente du premier matin du monde.
À Aguelhok, plus au sud, j’ai été accueilli par d’autres gens – toujours cette même hospitalité, toujours cette même humanité –, ce qui était également interdit mais je ne le savais pas non plus. Quelques-uns parlaient français. Alors, au fil de nos discussions, j’ai commencé à comprendre. À esquisser peu à peu l’histoire de cet étrange pays. Un moment, quelqu’un est venu nous prévenir que les gendarmes en shorts bleu nuit à l’anglaise et casquettes galonnées me cherchaient partout ; ils fouillaient la ville, maison par maison. On s’est alors enfuis par le désert, en cavale comme des voleurs. Il me semblait que quoi que je fasse, ça m’était interdit. Sans m’en rendre compte, au fil des années et de mes incessants retours, cette partie du monde est devenue ma seconde patrie. Un jour Raïcha m’a annoncé que, tout bien réfléchi, j’étais devenu une sorte d’immigré qui rentrait chez lui, à Kidal, pour les vacances. Il y avait un peu de ça. Je revenais chez moi. Et plus j’avançais dans ce pays, plus son histoire et celle de ses nomades devenait la mienne. C’est donc tout naturellement, sans même le savoir, que j’ai fini par prendre fait et cause pour eux. Je ne l’ai réalisé qu’après, quand c’est devenu dangereux. Quand le claquement des armes a remplacé le battement des coeurs.
Leur histoire, la voici.
Décolonisations(s) ? En 1904, en pleine colonisation du Sahara central, la France envoie deux colonnes lourdement armées vers l’Adagh – la « montagne » en langue tamasheq, la langue touarègue –, dernier grand vide sur la carte de nos possessions. Un trou dans le maillage serré de nos forts militaires. Une montagne vaste comme une demi-France, deux cent soixante mille kilomètres carrés de roches, de sables, de pics érodés. L’Adagh est la partie la plus septentrionale de l’immense zone semi-désertique appelée Azawad qui correspond à toute la région saharienne allant du nord du fleuve Niger à la frontière algérienne actuelle. L’une de ces colonnes, dirigée par le général Laperrine, le colonisateur du Sahara du nord, était partie de Tamanrasset plus au nord. L’autre avait quitté Tombouctou au sud, elle était menée par le lieutenant Théveniaud. Elles se rencontrent le 16 avril 1904 au puits de Timéiawine, en plein pays touareg « Kel Adagh » : les « gens de la montagne », l’une de nombreuses confédérations formant l’ensemble du monde touareg.
J’avais voulu être à Timéiawine le 16 avril 2004, exactement cent ans plus tard, mais le puits est aujourd’hui en Algérie et je n’avais pas de visa. J’aurais dû descendre jusqu’à Gao pour en obtenir un. Ce jour-là, le 16 avril, à Kidal, il faisait autour de 45 degrés, c’est donc sans trop de difficulté que je m’imaginais leur rencontre un siècle plus tôt.
Timeiawine, 1904 : la chaleur est intenable. Le vent incessant met leurs nerfs à fleur de peau. La rencontre tourne mal, essentiellement pour des questions de politique intérieure française. La colonne du nord relève de l’Algérie, alors département français, et donc du ministère de l’Intérieur, tandis que celle du sud dépend du ministère des Colonies. Deux officiers français perdus au bord d’un puits, ivres d’orgueil et de conquêtes, l’immensité désertique autour d’eux. Dans le vide lumineux du Sahara sud, deux commandants se dressent l’un contre l’autre, prêts à en venir aux mains. Le ton monte. Ils sortent les armes et ordonnent à la troupe de tirer, mais les soldats kountas et chaambas, des tribus arabes sahariennes, refusent de s’entretuer pour des histoires de Blancs. À Paris le problème est résolu de la façon la plus simple qui soit. Début 1905, un géomètre inconnu trace une ligne à la règle sur une carte du désert, une ligne absurde découpant une montagne et ses nomades en deux. C’est le tout premier acte d’une tragédie qui, comme les grandes tragédies classiques, se jouera en trois actes dans le respect des trois unités : de lieu, l’Adagh, de temps, un siècle écoulé, et d’action, les révoltes touarègues. Maintenant que la ligne est tracée on peut continuer. Passe le temps et passent les histoires. Quand, en 1958, la France annonce son retrait, on sent que ça va mal tourner. Au sud, un État appelé Mali est en cours de formation – il deviendra réalité en septembre 1960 après bien des péripéties (République soudanaise en 1958, Fédération soudano-sénégalaise l’année suivante, Fédération du Mali début 1960). Au nord, on ne comprend pas qui sont ces Maliens dont on commence à parler aux postes de Kidal, de Gao et de Tombouctou. On sait que quelque chose se prépare et que ce quelque chose n’est pas annonciateur de bonnes nouvelles.
Le 30 juin de cette même année 1958, 300 dignitaires, chefs de tribus, chefs religieux nomades et sédentaires, de l’Azawad – Peuls, Touaregs, Songhaïs, Arabes – se réunissent à Gao pour écrire une lettre à de Gaulle lui demandant de leur octroyer l’indépendance de l’Azawad, cette région n’ayant culturellement, historiquement ou sociologiquement, aucun lien autre que de voisinage avec les populations bambaras du Sud ou arabes du Nord. Extrait :
Nous vous affirmons notre opposition formelle au fait d’être compris dans un système autonome ou fédéraliste d’Afrique noire ou d’Afrique du Nord. Nos intérêts et nos aspirations ne pourraient dans aucun cas être valablement défendus tant que nous sommes attachés à un territoire représenté forcément et gouverné par une majorité noire dont l’éthique, les intérêts et les aspirations ne sont pas les mêmes que les nôtres. C’est pourquoi nous sollicitons votre haute intervention équitable pour être séparés politiquement et administrativement et le plus tôt possible d’avec le Soudan français pour intégrer notre pays et sa région, Boucle du Niger, au Sahara français dont nous faisons partie historiquement et ethniquement.
Le « Sahara français » en question, c’était l’OCRS, l’Organisation commune des régions sahariennes, créée par la France pour conserver le Sahara central et ses richesses ; mais ni le FLN algérien ni le futur gouvernement malien ne l’acceptent. Au même moment, du Niger voisin, une lettre identique était envoyée.
Rendez nous notre pays tel que vous nous l’avez arraché après la défaite de Kaosen. Nous ne voulons pas que des Noirs ou des Arabes nous dirigent, nous voulons nous diriger nous-mêmes.
On ne pouvait être plus clair.
Mais leur requête reste lettre morte. L’armée malienne vient occuper tout le nord deux ans plus tard. Une nuit, à Kidal, on replie le drapeau français ; le lendemain, à l’aube, le drapeau du Mali flotte sur la ville. Des Blancs sont partis, des Noirs sont venus. On a subrepticement changé la couleur des troupes d’occupation. Ils tentent d’expliquer aux nomades le concept géopolitique moderne d’État-nation. Le leur s’appelle désormais le Mali et sa frontière avec l’Algérie passe derrière Tessalit, Boughessa et Tinzawaten. S’ils faisaient un pas de côté, ils changeaient de pays. À la tadjrest blanche succède la tadjrest noire.
De ce jour, la question posée est celle du droit de cette armée à occuper ce territoire, celle-là et celle aussi de la responsabilité des élites africaines de l’époque. Contre les Nyerere et les Nkrumah qui militaient pour une redéfinition des pays africains tenant compte des particularités locales, des terres anciennes et des profondeurs historiques du nord au sud du continent, les Houphouët-Boigny et autres Senghor, soutenus par les ex-puissances coloniales, parvinrent à imposer à l’ONU la théorie des « frontières issues de la colonisation ». C’est l’une des causes des événements actuels, mais pas la seule.
Les nomades continuèrent d’aller et venir de chaque côté de la ligne, pâturant leurs troupeaux là où il y avait de l’herbe et plantant leurs tentes là où il y avait de l’eau. Leurs aïeux parcouraient déjà ces routes il y a plus de mille ans.
1963, la première rébellion
Quand on entre à Kidal, la première chose qu’on remarque c’est l’absence de verdure. Les rares arbustes qui, peut-être, ombrageront la ville un jour ont pris par précaution la couleur du désert alentour. L’air chargé de poussière épaissit encore plus l’ocre dominant la ville de terre et de ses ruelles ensablées. Kidal cernée de sables et de roches noires semble paresseusement se complaire dans cette malédiction vénéneuse, celle de la monotonie de son désert tout autour qui l’éreinte et la force à lui ressembler, Kidal la terreuse, Kidal l’écrasée par le vide sidéral et le poids de l’air bouillant. Kidal dans son isolement superbe semblait dormir d’un sommeil étourdi sous le regard de ses roches. Je ne savais pas encore qu’on l’y avait contrainte. Elle était contre son gré, et depuis trente ans, prisonnière de son désert. Attendez, vous allez comprendre.
Pour les populations touarègues, avoir été placées cinquante années durant sous la domination de la France restait compréhensible ; elles avaient été vaincues après des combats épiques – Firhoun au Mali, Kaosen au Niger, fusils contre épées et lances. Mais être du jour au lendemain occupées par une armée étrangère venue du Sud sans combattre, et la voir s’installer comme chez elle sur leurs terres était plus difficile à accepter. D’autant que cette armée se comporta rapidement de façon brutale, maltraitant les hommes, pillant les troupeaux, détruisant tout un environnement déjà fragile. Kidal, à son réveil, se retrouvait soumise à une nouvelle autorité qui – Bamako est si loin – se libéra vite de toute tutelle et vécut en maître absolu sur le pays, des hommes envoyés là par mesure disciplinaire, souvent, des déséquilibrés, parfois, des hommes dangereux et qui entendirent faire porter aux nomades la charge de leur dégradation. Ils édictèrent toutes sortes de lois spéciales qu’ils appliquèrent avec rigueur. La peine de mort pour un refus de scolariser un enfant, l’emprisonnement pour avoir coupé un arbre. Ils avaient les armes, le droit et le bleu du ciel pour seul témoin.
Ce qui devait arriver arriva. Début 1963, la révolte éclate à Kidal, menée par Elladi ag Alla. Le 9 février, embuscade à Boughessa. Elladi je le connais, c’est le père d’une de mes amies. Le 12 mai, vers Durayet. Elladi, Sid’Ahmed, Bibi, Sidalamine et d’autres. Accrochages les 17, 22 et 25 juillet entre Tessalit et Taghlit. Ils surgissent du vent, du sable, de dessous les pierres. On ne peut s’en saisir, ils sont comme de l’eau, ils se glissent dans les interstices des roches. Août-septembre, la guerre s’étend à toute la montagne. Les soldats déroutés par l’ampleur de la révolte tournent en rond, mal préparés aux embuscades rapides mais meurtrières des nomades. Le 6 novembre à Surram, le 12 à Essalit. Le 15 décembre vers Alket. Ils razzient armes et chameaux dans tout l’Adagh.
Diby Sillas Diarra, un ancien d’Indochine commandant la troupe, appelle alors des renforts. Deux mille soldats venus du Sud montent vers l’Adagh. Ils ne savent même pas s’ils sont encore au Mali ou déjà sur la lune… Kidal, Tessalit, Boughessa, Tin Essako, jamais ils n’avaient entendu ces noms-là. Des blindés contre des chameaux. La répression est terrible, monstrueuse, extrême. Les soldats tuent, massacrent, torturent sans relâche, violentent les femmes, des campements nomades sont hachés à l’automitrailleuse, l’eau des puits empoisonnée, hommes et troupeaux exterminés. On oblige les enfants à applaudir et à chanter à l’exécution de leurs parents. Afrogada :
J’avais quoi, dix ou douze ans à l’époque. Un matin que je gardais mes chèvres vers Timajelelen, j’ai entendu un grondement sourd montant du sol, j’étais terrorisé – qui sait si ce n’est pas le diable qui allait me tomber dessus – quand ils apparurent, deux énormes chars, deux énormes monstres de fer et de bruit remplis de soldats, leurs casques luisants sous le soleil. Je me suis enfui laissant mes chèvres au chacal... Au chacal ou aux soldats du Mali c’est pareil, j’espère seulement que c’est le chacal qui les a mangées parce que, lui, il est comme nous, il vient du désert.
Afrogada s’est enfui vers Tessalit, puis de là vers l’Algérie. Quinze jours de course à perdre haleine, sans aucune nouvelle du sort de ses parents. La vieille montagne n’est plus qu’un massif de sang. En septembre, Zeyd, fils de l’aménokal Attaher, le chef suprême des tribus de l’Adagh, passe en Algérie demander de l’aide pour faire cesser le massacre. Il cherche à rencontrer le président Ben Bella. Lors de la guerre d’Algérie, les nomades touaregs avaient soutenu le FLN en organisant des convoyages d’armes à travers le désert. L’Algérie avait donc une dette envers eux. Bouteflika, l’actuel président algérien, avait même organisé au nord du Mali la fameuse « Wilaya 7 », base arrière de l’Armée de libération nationale installée à In-Tedeyni, un petit hameau à 25 kilomètres de Kidal. Arrivé à Tamanrasset, Zeyd est envoyé à Ouargla, puis arrêté sur ordre de Ben Bella. Il est livré enchaîné aux autorités maliennes à Tessalit. Là il est humilié publiquement devant toute la population contrainte d’assister au spectacle, puis emprisonné à Bamako et enfin exilé au Maroc. Il ne rentrera à Kidal qu’après la rébellion des années 1990.
Une telle trahison s’explique. L’Algérie et le Mali étaient alors engagés dans la voie du socialisme non-aligné (Modibo Keita, le président du Mali, ami personnel de François Mitterrand – ça aura son importance plus tard – avait été membre de la SFIO) et ce n’est certainement pas une poignée de nomades féodaux arc-boutés sur leur montagne et leur mode de vie ancestral qui allaient entraver leur marche en avant. C’est une autre clé du problème ; très tôt les élites africaines scolarisées se sont insérées dans le jeu politique du colonisateur, adoptant des conduites de partis (le parti communiste était de tous les combats anticoloniaux), se faisant élire à des postes parfois importants (Senghor était député à l’Assemblée nationale française) et militant dans des organisations souvent progressistes. Ce n’est pas spécifique à l’Afrique, Pol Pot avait lui aussi étudié à Paris avant de retourner au Cambodge fonder le mouvement khmer rouge.
Les nomades sahariens, eux, ne se sont jamais intéressés à la politique nationale française ; les théories de la libération ne les concernant pas, pas plus que militer dans un parti au nom d’une idéologie importée, les relations entre « nomades et commandants » (pour reprendre le titre d’un ouvrage traitant de la question) étaient restées relativement cordiales. Relativement seulement, car l’histoire de l’Adagh colonial est émaillée de révoltes souvent individuelles (Alla puis In-Allaghen, dans les années 1950) assez brutales. Mais dans l’ensemble, un certain respect mutuel s’était instauré. C’est au nom de cette entente supposée cordiale, prise par les élites du Sud pour une forme de collaboration – ce qu’elle n’était pas – que ces mêmes élites, au Mali comme en Algérie, ont considéré la rébellion de 1963 comme celle d’une peuplade nostalgique de l’époque coloniale, arriérée et réactionnaire.
Massacrés par le Sud et trahis par le Nord. Depuis ces jours noirs et jusqu’au milieu des années 1980, l’Adagh central (Kidal) fut déclaré « zone interdite » et placé sous gouvernement militaire ; terra non grata sur la terre des autres hommes ; vingt-cinq années d’enfermement dans le plus vaste désert de la terre. Des hommes en armes en fermaient l’accès. Seule la route Tessalit-Gao était autorisée aux étrangers, mais tout contact avec la population était rigoureusement interdit. Avoir été accueilli dans un campement faisait de moi un hors-la-loi et des gendarmes me traquaient à Aguelhok.
Une montagne qui n’existe plus. Elle aurait pu trouver sa place dans le Dictionnaire des lieux imaginaires de Manguel et Guadaluppi, entre l’Achoros de More, situé juste en face de l’île d’Utopia, et l’Adra de Drabble, un pays « au sol sec et pauvre, habité de semi-nomades qui promènent tentes et troupeaux à travers un paysage de sable rouge ».Diby Sillas Diarra avait été nommé par Bamako administrateur de l’Adagh. Aujourd’hui encore, à Kidal, on l’appelle le « boucher de l’Adagh ». J’ai vu des vieillards pleurer à l’évocation de son nom, qu’on ne prononce qu’avec terreur. Je ne rentrerai pas dans les détails tous plus atroces les uns que les autres ; je dirai seulement que chaque soir, ivre mort, il exigeait de violer une fillette différente. Ou qu’un jour il ordonna que des femmes, entièrement nues sous le soleil, déplacent des tonnes de briques ; l’une d’elle accoucha sur le bord du chemin, se releva à coups de fouet et reprit ses briques en abandonnant son bébé. Diby Sillas Diarra et son discours hallucinant du 22 septembre 1964, à Kidal, le jour de la fête nationale :
Le Tamasheq est aujourd’hui un militant à part entière après que l’occasion lui ait été donnée d’apprécier à sa juste valeur la politique fraternelle et de justice de notre Parti
Le Tamasheq : celui qui parle tamasheq, la langue touarègue. Diby Sillas Diarra dont les atrocités remuèrent jusqu’au Sud : Le militaire le plus inhumain, le plus cruel que le Mali ait jamais porté, écrivait Kélétigui Mariko. Il s’illustra dans le raffinement de la cruauté et du sadisme. Ça donne une idée de l’amour qui peut exister entre l’Adagh et le sud du pays. À Kidal, le mot « indépendance » a laissé un goût amer.

Grands Reporters - Mali : les dessous d’une guerre

Grands Reporters - Mali : les dessous d’une guerre

Si l’aéroport de Sévaré était tombé...

Mali : les dessous d’une guerre

Une intervention approuvée par les Français, l’Europe et l’ONU ? Oui. Mais une guerre dure dont on ne pourra sortir que par la négociation politique
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Ils sont arrivés ce jeudi 10 janvier vers 13 heures à l’entrée de Konna. Deux bus, qui tremblaient dans la poussière et la chaleur. Deux transports privés de la compagnie Sonef bien connue dans la région, tenue par M. Nema, un homme d’affaires arabe implanté de Ouagadougou à Niamey. Des civils en voyage. Au check-point, les militaires maliens leur ont fait signe de s’arrêter pour contrôler les passagers. Ils se méfiaient. Depuis trois jours, la région sentait la poudre. D’abord, des villes du Nord qui se vident subitement de leurs islamistes.
Puis un premier regroupement de 70 pick-up du groupe d’Ansar Dine sur l’axe Bambara-Maoundé, entre Tombouctou et Douentza. Très vite rejoint par une colonne d’Aqmi, et des éléments du Mujao. Trois groupes armés islamistes, à quelques dizaines de kilomètres des lignes de défense de l’armée malienne, juste avant Mopti, la grande ville, la garnison, le verrou sur la route de Bamako, à 650 kilomètres plus au sud.
Peu après, la puissante colonne de 150 véhicules fonce vers Konna, essuie quelques tirs de missiles maliens, et fait une pause à une vingtaine de kilomètres de la ville. Puis elle charge. Surprise, les soldats maliens se battent, résistent, les freinent. L’armée doit se replier sur la ville. Le lendemain vers 10 heures, nouvelle charge, nouveaux combats, cinq heures de face-à-face, très violent. La colonne infernale est bloquée. Et il y a ces deux bus de voyageurs qui traversent les lignes. A contrôler, bien sûr. Quatorze hommes à bord, dont les chauffeurs, tous enveloppés dans leurs chèches. Des combattants islamistes déguisés en civil.
Au check-point, ils surgissent, kalachnikov à la main, ouvrent le feu au milieu des soldats, en massacrent soixante avant de se faire abattre. Une nouvelle version du Cheval de Troie, façon Aqmi. Les kamikazes se sont sacrifiés pour percer les défenses. Derrière eux, dissimulés dans une forêt proche, les pick-up des islamistes arrivent à tombeau ouvert, s’engouffrent, emportent tout. Devant, il y a la ville de Mopti et, surtout, juste avant, le grand aéroport de Sévaré, la seule piste d’atterrissage solide de tout le nord du Mali. Konna est tombé. Sévaré est à portée de kalachnikov. Le Mali est au bord du gouffre.
Ansar Dine coupé en deux. C’est à n’y rien comprendre. Juste avant Noël, on avait quitté à Ouagadougou, au Burkina Faso, les salons d’un palace où des délégations policées négociaient patiemment les termes d’une médiation entre l’Etat malien et les Touaregs du Nord. Ansar Dine était là. Le mouvement armé le plus puissant du Nord se disait prêt à se dissocier des terroristes d’Aqmi et du Mujao. On parlait autonomie des Touaregs, charia soft et refus des mutilations et des prises d’otages, si loin de la morale traditionnelle des Touaregs. La prochaine réunion était prévue le 10 janvier, le jour où... Konna est tombé.
Trahison ? Non. Il y a eu d’abord la rigidité malienne, sa réticence à négocier avec les rebelles du Nord, le mépris même, quand un ministre refuse de serrer la main des négociateurs d’Ansar Dine. Et la dérive d’Iyad Ag Ghali, rebelle de tout temps, guerrier, maître de Kidal et chef charismatique d’Ansar Dine. A Ouagadougou, ses plus proches collaborateurs, le noble Alghabass Al Intallah, fils de l’autorité spirituelle des Touaregs, Ahmada Ag Bibi, le politique, et Mohamed Ag Aharib, le solide porte-parole, tirent leur chef vers une médiation, l’arrêt des hostilités, la solution politique et la rupture avec les intégristes d’Aqmi. Et lui, Iyad Ag Ghali, ne pense qu’à la charia. Et c’est lui qui décide.
Le désespoir de Bilal. Il fait déjà trop chaud dans ce café discret en banlieue de Bamako. Il est tôt et Bilal transpire devant son thé bouillant. Le palu, plus une vilaine bronchite, un peu de peur et pas mal de désespoir. Bilal, le Touareg de Kidal, croyait en Iyad le grand chef. Même si les jeunes comme lui et les combattants qui l’avaient rejoint sont croyants mais se fichent de la charia, aiment la musique et le tabac, ne sont ni laïques ni islamistes, et veulent avant tout vivre en hommes libres dans l’Azawad, leur désert touareg. Oui, Bilal croyait en Iyad. Pour les mener à la victoire. D’ailleurs, il avait déjà chassé l’armée malienne du désert : « J’avais du respect pour lui. »
Et puis, le vieux guerrier s’est raidi. Voilà peu, Bilal tombe sur le compte-rendu en tamachek d’une conversation. Iyad, le chef taiseux, prend le thé sous la tente avec des membres d’Aqmi et leur fait une très longue déclaration d’amour. En substance : la charia est la loi de Dieu, les mécréants n’en veulent pas, tant pis, elle sera appliquée en Azawad. Ce n’est pas négociable. Il est prêt à combattre tous les pays, tous les Etats qui ne la reconnaissent pas. L’Occident demande à Ansar Dine de combattre Aqmi ? Pas question. Cela n’arrivera « jamais, jamais, jamais ». Iyad Ag Ghali partagera tout avec ses frères en religion. Même le djihad s’il le faut. Bilal a lu et relu le texte, dur et intransigeant. Puis il a compris : « Aqmi lui a mangé l’esprit. Iyad est parti très loin. Il ne reviendra pas. »
Le sort des soldats perdus. Le grand chef a perdu son aura mais les hommes qui l’ont suivi se battent et meurent. Quand les hélicoptères français frappent les colonnes islamistes à Konna, ils tuent deux commandants connus. L’un, Mohammed dit « Kojac » originaire de Tinesako, s’était battu dans la rébellion entre 2006 et 2008 avant de devenir un spécialiste de l’embuscade, redouté par les militaires maliens. L’autre, Ag Wasnanat, 30 ans, venait de Kidal et s’occupait de logistique. Son véhicule a explosé quand il a voulu entrer dans Konna : « Je les connaissais. Aucun de ces deux hommes n’était islamiste. Ils n’ont fait que suivre Iyad », dit Bilal. Aujourd’hui, il se cache.
Hier, la villa du noble Alghabass, le fils de l’Intallah, a été attaquée et dévastée sous l’oeil des militaires. Au siège de l’Onef la compagnie des deux bus pris en otages, les locaux ont été saccagés et le directeur interpellé. Par peur des représailles, Bilal, le Touareg à la peau claire, ne sort plus dans les rues où des jeunes Maliens, juchés sur des motos chinoises, agitent des drapeaux français. Et il se prépare à fuir Bamako, comme les autres jeunes Touaregs de la capitale.
« Combattre le terrorisme. » Dehors, Bamako respire, soulagé. A la radio, à la télé, dans les journaux, chaque jour qui passe apporte son lot d’informations sur le recul des islamistes et le renforcement des troupes. 500, 1 000 hommes, peut-être plus de 2 000 bientôt, 60 chars qui arrivent de Côte d’Ivoire, des avions Rafale et des Mirage 2000 venus de France... Oui, les Français sont là. En force et pour longtemps. « Le temps nécessaire », a dit le président François Hollande. « Des forces engagées dans un combat sans merci contre le terrorisme où qu’il se trouve », a dit le ministre de la Défense.
L’objectif ? Il y en a trois évidents : arrêter l’offensive islamiste, empêcher les groupes de nuire et sécuriser nos ressortissants. Et l’on dresse le tableau d’une colonne infernale qui allait investir Mopti, faire sauter le verrou et déferler sur la capitale, Bamako, avant de transformer le Mali en pays des talibans. Le problème est que personne de sérieux, ici, ne croit que les islamistes voulaient prendre le pouvoir. D’abord parce que la route jusqu’à Bamako n’est pas un désert.
Entre Mopti et la capitale, il y a des populations hostiles aux hommes du Nord, des garnisons, des soldats, certes en très mauvais état mais assez nombreux pour s’opposer à une centaine de pick-up chevauchés par un millier de rebelles. Et surtout parce que l’objectif d’Ansar Dine n’était pas de prendre le pouvoir au Sud.
Iyad Ag Ghali a sans doute commis l’erreur de sa vie en attaquant Konna mais il n’a pas perdu la tête. Il savait, puisqu’on l’a répété pendant des mois, qu’une intervention étrangère - africaine et française - était inévitable. Son pari était simple : il ne fallait plus attendre, l’armée malienne ne résisterait pas à l’assaut de Konna, la route de Mopti et de l’aéroport de Sévaré serait ouverte, l’unique aéroport du Nord, indispensable aux forces étrangères, serait aux mains des islamistes. Et ce jour-là la donne aurait changé ! Iyad et ses alliés auraient eu alors beau jeu d’imposer leur vision de l’Azawad, très loin de Bamako et tout près de Dieu. Il avait parié aussi que la France ne bougerait pas, comme hier en Centrafrique. Et là, il s’est lourdement trompé.
« Sauver Bamako. » Oui, il fallait sauver Bamako mais de lui-même. Et l’attaque de Konna changeait la donne. Jusqu’ici, la France s’activait pour mettre en place un plan d’intervention où les Africains et l’Etat malien seraient les premiers acteurs, maîtres de leur sort. La mécanique, diplomatiquement bien huilée, prévoyait l’appel aux pays voisins de la zone - Niger, Nigeria, Burkina, Côte d’Ivoire, Sénégal, etc. - 3 300 hommes venus de la Cedao pour renforcer les Forces maliennes. D’autant qu’après un putsch de sous-officiers, des affrontements fratricides et sanglants et une série de défaites contre les hommes du Nord, cette armée n’existe plus que sur le papier.
L’objectif des Français était donc de la recréer, de l’armer, de la former et d’en faire une force capable d’aller bouter l’islamiste hors du territoire. Quand ? Pas avant l’automne 2013, au mieux. Après les six à huit mois de formation nécessaire et la saison des pluies de l’été prochain. Voilà le plan. Avec Konna, il était caduc. Au nord, les islamistes avançaient. Au sud, le pays tremblait. Dans la capitale, les casernes bruissaient d’une nouvelle menace de putsch. Et le pouvoir vacillait.
L’Etat ? Il était déjà écartelé entre un « président de transition » mal remis d’un tabassage dans son propre bureau, un Premier ministre qui venait d’être nommé pour remplacer celui qui venait d’être éjecté, et le capitaine Sanogo, militaire putschiste, tapi dans sa caserne au-dessus de Bamako, homme fort et toujours prêt à l’action. Dans ces conditions, attendre était furieusement dangereux. Au risque de se retrouver à l’automne avec un plan, certes, mais sans Etat, sans armée, sans pays. Un Mali en morceaux.
« Il faut permettre la mise en place de la résolution de l’ONU », a dit François Hollande. En clair, intervenir maintenant, c’est empêcher la catastrophe. En assurant la survie, la transition et l’éventuelle reconstruction d’un pays en lambeaux. Alors, oubliées, la non-intervention, la France « en soutien logistique », les pudeurs diplomatiques et les précautions d’usage ! L’heure n’est plus aux faux-nez.
Et après ? Que voilà une guerre facile ! Des frappes aériennes, très efficaces, sur des colonnes de soudards massés dans le désert. Une guerre juste, contre des islamistes terroristes d’Al-Qaida, des fanatiques qui prennent des otages, brutalisent des populations et veulent les renvoyer à l’âge de pierre du califat. Une guerre qui répond à l’appel au secours du peuple du Mali. Une guerre qui recueille l’assentiment des Français, de l’Europe, de l’ONU. Une guerre qui renforce la cohésion de la nation et l’image de son président devenu chef de guerre. On est loin de ce navrant confit afghan !
Déjà, les premiers contacts au sol ont démontré une nouvelle fois ce qu’on sait et qu’on ne cesse de vouloir oublier. La guerre dans le désert sera dure, une fois mangé le pain blanc des raids aériens, face à des combattants lourdement armés, prêts à mourir et experts d’un désert qu’ils parcourent depuis vingt ans. Un pilote français tué, d’une simple balle de kalachnikov, parce qu’on l’a envoyé attaquer une colonne dans un hélicoptère entouré d’une simple bulle de Plexiglas. Les combats seront difficiles.
Il faudra éviter les pertes lourdes insupportables, les bavures des bombardements, les campements nomades confondus avec des groupes islamistes, les exactions de soldats maliens humiliés et tentés par la vengeance, l’écrasement des populations prises dans la tourmente où le risque est de confondre Touareg du Nord et intégriste islamiste... Et il faudra très vite revenir, par la négociation politique, à l’origine de la crise - bien avant qu’Aqmi ne la manipule, ne menace et frappe - et réparer un demi-siècle d’abandon et de mépris des populations du nord du Mali. Les premières victimes aujourd’hui.

Et les otages ?

« Cette fois, c’est fichu. Et pour un moment... » Le messager a raccroché son téléphone, rangé ses papiers et refermé le dossier. Il venait d’apprendre l’intervention française sur le nord du Mali. Des mois et des mois de négociations, de fausses pistes et de vrais espoirs, de lettres transmises dans le désert, de réponses ou de silence, de propositions et de contre-propositions, de chiffres en millions d’euros à la hausse ou à la baisse, selon l’humeur politique et les exigences des ravisseurs.
Plus rien de tout cela n’a d’importance. La France est entrée en guerre, et les islamistes d’Abou Zeid, leur chef en tête, mènent le djihad près de Konna. Mais huit hommes sont prisonniers du désert, certains depuis des années.
Ici ou là, on réclame une intervention pour les libérer. Sauf que leurs gardiens ne les lâchent pas d’un pouce. « Au moindre bruit, en quelques secondes, j’avais un homme en armes près de moi », prêt à l’abattre, a dit un ex-otage. Que peuvent faire les ravisseurs ? En tuer un, comme un signe fort. Ce n’est pas à exclure. Mais cela ne changerait rien à la donne. Pour eux, les otages représentent de l’argent, un avantage politique, un bouclier humain. Et ils les garderont vivants, tant qu’ils pourront en tirer un avantage, ce pour quoi ils les ont pris.
Reste que le sort des otages n’a pas empêché l’intervention française. Et que le feu vert n’a jamais été donné pour se plier aux fortes exigences d’Aqmi. Sans doute parce que l’on considère désormais que payer équivaut à renforcer les terroristes, à financer leur capacité de nuisance et qu’il faut, un jour ou l’autre, assécher la prise d’otages à la source. Aujourd’hui, la guerre rend toute négociation caduque. Les deux sont difficilement conciliables. Et le ministre français de la Défense en a fait le constat impuissant : « La vie des otages est en jeu, hier, aujourd’hui et demain. »
24 janvier 2013