vendredi 30 mai 2014

Tensions à Kidal

 Tensions à Kidal   - Le Quotidien

 


Les acteurs renouent le dialogue à Ouagadougou

Le haut représentant du Président de la République du Mali pour le dialogue inclusif inter-malien, Modibo Kéïta, a rencontré les mouvements armés signataires de l’Accord préliminaire de Ouagadougou, en présence du représentant du médiateur de la CEDEAO, le ministre Djibrill-Bassolé, le 29 mai 2014 Ouagadougou. Les échanges ont porté sur les dispositions à prendre pour instaurer la confiance entre les parties après les derniers développements intervenus à Kidal, dans le septentrion malien.

Les groupes armés du Nord Mali (Mouvement national de libération de l’Azawad, MNLA, le Haut-conseil pour l’unité de l’Azawad HCUA , et le Mouvement arabe de l’Azawad, MAA) ont pris langue avec le haut représentant du président malien pour le dialogue inclusif inter-malien, Modibo Kéïta, jeudi soir à Ouagadougou. Après près de trois heures d’échange, le ministre d’Etat Djibrill Bassolé, représentant du médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), assistant à la rencontre, a confié que cette concertation a porté sur les dispositions à prendre pour promouvoir la confiance entre les parties et surtout déterminer les modalités des futures négociations de paix. Selon le ministre Bassolé, les débats ont été francs et directs par rapport aux évènements meurtriers des 17 et 21 mai deniers à Kidal. De l’avis du représentant du médiateur, malgré la gravité de ces évènements, les parties restent engagées à rechercher une solution par la voix du dialogue. « Il nous faut maintenant aller vers des choses concrètes, déterminer avec précision où, quand, comment, avec qui ces pourparlers pourront commencer. Et c’est l’objet de nos prochaines rencontres. Nous essayerons de faire en sorte que ces rencontres préliminaires de Ouagadougou, servent à fixer un agenda précis qui engagera les parties », a déclaré M. Bassolé. Pour le ministre burkinabè des Affaires étrangères, il faut effectivement mettre en œuvre rapidement les mesures de confiance mentionnées dans l’Accord préliminaire de Ouagadougou. Elles sont relatives à la libération de prisonniers, à la mise en place d’une commission d’enquête. Djibrill Bassolé souhaite que l’article 21 de l’Accord préliminaire qui fixe l’agenda des négociations, soit mis en œuvre rapidement. « C’est la raison pour laquelle nous insistons pour que le gouvernement du Mali désigne la délégation gouvernementale multisectorielle qui pourra s’asseoir à la table des négociations avec les représentants des mouvements armés à un endroit et à une date qu’ils choisiront ensemble pour enclencher le débat », a expliqué le représentant du médiateur. Il a ajouté qu’il ne s’agit pas d’aller vers un accord de Ouaga 2, car l’objectif ultime est de parvenir à un accord global définitif de paix.

« Un pas positif »

Pour sa part, le porte-parole du MLNA et de la commission communication des trois mouvements, Mossa Ag Attaher , il s’agit d’une prise de contact entre le haut représentant du président de la Republique du Mali pour le dialogue et les mouvements précités. « Nous pensons que c’est un pas positif. Nous souhaitons pour que les choses évoluent dans ce sens. Et à ce rythme, nous pensons qu’il est possible de revenir très rapidement à l’accord de Ouagadougou et souhaitons aller au dialogue sur des questions de fond notamment l’avenir politique et institutionnel de l’Azawad », a indiqué Mossa Ag Attaher. Réagissant sur la situation à Kidal, le porte-parole du MNLA a souligné que le cessez-le-feu signé est entièrement respecté par son mouvement en espérant que le gouvernement malien fasse de même. Selon Ag Attaher, des signes positifs ont été déjà donnés de la part du mouvement en libérant des prisonniers à plusieurs reprises, en remettant le gouvernorat de Kidal aux forces internationales de la Mission des Nations unies pour le soutien au Mali (MINUSMA) . « Nous sommes aussi prêts à libérer les prisonniers de guerre, mais à condition que l’ensemble des prisonniers que l’armée malienne a faits qui sont souvent des bergers, des cultivateurs soient libérés également », a précisé Mossa Ag Attaher.
Gabriel SAMA
 

Enquête : Kidal : Les vérités d’un mythe fabriqué - maliweb.net

Enquête : Kidal : Les vérités d’un mythe fabriqué - maliweb.net

Kidal : Les vérités d’un mythe fabriqué

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Le premier ministre va se rendre à Kidal, Tombouctou et Gao
L’entrée de la region de Kidal
Pendant que la communauté internationale est réunie aux cotés du Mali comme un, dans la perspective de la relance des pourparlers prévus afin d’instaurer un accord global et définitif de paix au nord, tout semble se faire écrouler. En plus du Président IBK qui tâtonne sur tout, vient s’ajouter un Premier Ministre populiste à la Mariko dont le seul objectif est de s’exhiber en superman à la Mobutu. Mais oublie-t-il que même Soundjata Keïta, le célèbre roi du Mandé, de son exil de Mema, a bien pris le temps de se préparer afin de reprendre son Mandé natal, alors annexé? Une guerre ne s’improvise pas puisqu’on ne sait que son début et jamais sa fin. Et, ce n’est pas Adolf Hitler qui dira le contraire.



Comment et pourquoi Mara est parti à Kidal ?

Arrivé à peine deux semaines à la tête du gouvernement, Moussa Mara venait trouver le Président IBK qui, à a plusieurs reprises demandé le soutien du Ministre français de la défense, Jean Yves Le Drian, afin que son Premier Ministre se rende à Kidal. Kidal où l’armée est cantonnée. L’objectif étant pour IBK, dès les semaines qui suivent la mise en place de son premier gouvernement, poser quoique symbolique un acte réaffirmant l’appartenance de Kidal au giron malien. Ceci en attendant l’accomplissement des mesures de confiance au prélude des pourparlers inclusifs. Entretemps, les relations se brouillent entre IBK et Jean Yves. Les proches de ce dernier reprochent à Bamako de n’avoir rien fait pour ramener la paix dans le nord. Justifiant ainsi par son refus d’aller négocier à Ouaga avec des groupes armés, de plus en plus désorganisés.



Novembre 2013, le Premier Ministre Oumar Tatam Ly en visite au nord, tente d’accomplir les instructions de son chef. Il doit vaille que vaille mettre pieds à Kidal. Mais compte tenu des manifestations à son encontre sur place et de la légèreté accordée à l’initiative par les français, il rebrousse chemin et rentre directement à Bamako. Il a, lui, compris beaucoup choses et tente de les expliquer à son chef qui ne l’entend pas de cette oreille.



Pour la communauté internationale, ‘’de la résolution 2085 aux accords préliminaires de Ouaga, en passant par la résolution 2100 du conseil de sécurité des nations unies, « la non négociabilité de l’unité nationale, la forme laïque et républicaine du Mali sont mises en avant.» Alors on s’interroge depuis Paris et Washington pourquoi ce retard de la part du Président IBK qui avait déjà réaffirmé son attachement au processus entamé à Ouagadougou. Le régime a même libéré des prisonniers de guerre que l’armée avait faits.’’



Visiblement, un manque grave de confiance règne entre les protagonistes. Le Président IBK doute de la bonne foi de Paris et refuse de suivre le plan tracé à Ouaga à la lettre. Paris de son côté, y constate un refus de sa part de vouloir régler le problème pacifiquement. La corde est donc tirée aux deux bouts.



A Bamako, une compagnie de conseillers et d’admirateurs du Président le conseille à aller avec la force. Mais erreur. Car Bamako n’a pas compris que pour utiliser la force afin de reprendre Kidal, l’ennemi n’est pas le même avec Paris. Le louvoiement devient ainsi le mode de sortie de crise.



En plus de l’amateurisme des autorités à comprendre la stratégie idoine, le paradoxe est pour certains, de comprendre le pourquoi du refus des Français quant au redéploiement quantitatif des forces de défenses et de sécurités nationales maliennes à Kidal.



Paris se veut neutre, or quelques points dérangent : Lorsqu’il était 30 janvier 2013, les djihadistes ont fui la zone. L’armée française tient Kidal, coopère avec des sécessionnistes, la diplomatie française appelle Bamako au dialogue avec les populations du nord. Entretemps, le mnla se positionne, renforce ses effectifs et défie Bamako. Alors quoi de plus pour ne pas fâcher l’opinion nationale ?



A Bamako la tension est montée d’un cran, surtout quand il fut observé un Moussa Mara et sa délégation laissés à leur sort entre une horde de bandits armés. Mais, selon un diplomate mauritanien en poste, « les non-dits du comportement des soldats français à Kidal en est que les décisions sont venues de Paris depuis, pour les instruire de ne toucher à un cheveu des rebelles.»



La raison est simple selon la même source qui ajoute, « au moment où il fallait obtenir dans l’urgence, une résolution autorisant la guerre au Mali, les Français ont dû décrocher les vétos des puissances internationales en leur promettant de ne pas toucher aux minorités irrédentistes sur place. »



Quant au départ regretté du Premier Ministre à Kidal, « depuis novembre 2013, les français ont senti la volonté d’IBK d’envoyer son PM à Kidal. Ils(les français) lui ont dit et redit, affirme une autre source, que le moment, n’était pas propice.»



Et tout dernièrement, en faisant allusion à l’assassinat des deux journalistes de Rfi, le ton des français reste le même : « Kidal est occupée par des groupes armés que nous-mêmes ne maîtrisons pas, nous sommes tout le temps en opération dans les régions, alors il nous est difficile de s’adonner à d’autres responsabilités lourdes de conséquences,» lâche un officier français en patrouille vers Gao.

A la question de savoir que veulent les Français à Kidal, une source diplomatique confie que « depuis le déclanchement, beaucoup d’efforts ont été consentis afin de venir à bout de la crise. Avec le pouvoir de la transition, tout était presque planifié. Mais le hic est que le régime IBK ne fait pas montre de ferme volonté de poursuivre les efforts.»



Visiblement, Paris soutient le Mnla, mais « ce n’est pas pour longtemps, affirme-t-on dans certaines ambassades, tout ce que la communauté internationale attend de Bamako est que le pouvoir central accepte de se mettre autour d’une table avec les représentants des groupes armés afin de proposer un plan de développement du nord, le reste, Paris saura comment le manager.»



Alors, comme pour convaincre Bamako de la fragilité de la sécurité dans la région, et dans le seul but de pousser IBK à aller très vite au dialogue, les forces internationales sous l’injonction des puissances, ont laissé le monde entier constater les réalités fabriquées du bourbier. En tout cas Mara avec tout son courage à revendre, est passé à coté de la mort. Plus d’une centaine des Maliens est ainsi partie.



De quoi ne pas faire peur à tout le régime avec une marge de manœuvre aussi réduite.



Le MNLA armé en question : ses origines et objectifs

Pour rappel, le mnla n’est autre qu’une fabrication de la France de Nicolas Sarkozy dans le but de libérer les otages enlevés depuis 2010 à Arlit(Niger) et Hombori(Mali). A cette époque (fin 2011), rien n’effrayait Sarkozy qui remuait ciel et terre pour sa réélection. C’est ainsi que pour lui octroyer à une confortable côte de popularité avant les élections d’Avril en France, si le mouvement armé depuis la Libye réussissait, les moyens firent mis à la disposition du Mnla. Erreur, le mnla, avant de rentrer au Mali, fait savoir ses ambitions aux groupes salafistes de la bande sahélo-saharienne, affiliés à Aqmi. La nouvelle est accueillie à bras ouverts dans les milieux narcoterrorristes où des armes lourdes ont été amassées suite la guerre en Libye. Il fallait, à défaut de vendre clandestinement ces armes, les utiliser. Maintenant, un problème reste à régler. Le Mnla a une ambition qui les intéresse tous, mais tant qu’il reste sous le contrôle des services des renseignements français, ses leaders seront opposés à la loi islamique dans l’émirat au cas où la conquête réussit. C’est ainsi qu’Iyad Ag Ghaly est mis au devant par Abdelkrim, le chef d’Aqmi afin de manipuler le mnla. Fin décembre2012, le mnla qui est déjà secrètement allié à Aqmi, bénéficie du soutien médiatique français. Il joue également à la carte de l’apaisement avec les groupes armés en faisant croire aux français que même la négociation n’est pas exclue pour libérer tous les otages. Paris attend jusqu’en début mars 2012. Rien n’est fait. A Paris, François Hollande ne tardera pas à gagner le deuxième tour face à Sarkozy. A nord Mali où le mouvement faisait la pluie et le beau temps avec les djihadistes, on constate ses faiblesses et il est combattu par le mujao. C’est suite à cette déculottée que les nouvelles autorités françaises ont fait appel au Président Blaise Compaoré afin de tenir le mnla, fabriqué par Sarko et compagnie afin de leur trouver une sortie quoique vitale. Alors, quelques mois après, intervient l’opération serval. Mi janvier 2013, pendant que les français étaient entrain de poursuivre des raids aériens sur les terroristes, le mnla réfugié en Mauritanie et Ouaga, dit avoir obtenu la nouvelle des otages.



Il faut y voir que les français les soutiennent pour deux choses : les otages et leur trouver une sortie honorable après. Mais entretemps, les otages sont libérés et tout ce qui reste demeure cette fameuse sortie honorable qui n’est forcément pas synonyme à « autonomie » ou « indépendance. » La communauté internationale attendrait juste que les autorités maliennes proposent un cohérent plan de démobilisation, de réinsertion et du développement du nord afin de désarmer tous ces groupes rebelles, selon certaines sources optimistes. Alors qu’attend-on à Bamako pour s’activer enfin ?



Issiaka M Tamboura

DEMISSION DU MINISTRE MALIEN DE LA DEFENSE - Les Editions Le Pays

DEMISSION DU MINISTRE MALIEN DE LA DEFENSE - Les Editions Le Pays

A qui le tour ?Publié le mercredi 28 mai 2014Page visitée 392 fois






Le ministre malien de la Défense, Soumaïlou Boubié Maïga a rendu le tablier.
L’annonce a été faite dans la nuit du 27 avril dernier. Cette démission fait
suite à la débâcle de l’armée malienne face aux éléments du Mouvement national
de libération de l’Azawad , les 21 et 22 mai derniers, après que le cortège du
Premier ministre, Moussa Mara a été attaqué par les groupes armés du Nord. Le
résultat, on le connait. Près d’une cinquantaine de soldats maliens ont trouvé
la mort dans ces combats et de nombreux véhicules ont été retirés par le MNLA
qui voit ainsi ses positons renforcées. On se rappelle aussi que pour ne pas
perdre la face, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK),
chef suprême des forces armées maliennes avait déclaré n’avoir jamais été
informé d’une quelque attaque contre les positions du MNLA à Kidal. Une sortie
qui, loin d’excuser Bamako, traduit toute la cacophonie qui existe au sommet de
l’Etat. Dès lors, on s’attendait à ce que de grosses tètes tombent puisque tous
les chefs militaires en poste au Nord ont été convoqués à Bamako. Peut-être que
la démission du ministre Boubié Maïga, qui n’avait que trop duré, sera suivie de
bien d’autres. Sous d’autres cieux, le président IBK et son Premier ministre,
Moussa Mara auraient tous rendu le tablier pour avoir humilié l’Etat malien dont
ils étaient censés défendre l’intégrité. Mais, en Afrique, les dirigeants n’ont
pas la culture de la démission. Immunisés contre la honte, ils préfèrent
conserver leurs privilèges que de renoncer à leur poste. C’est en cela qu’il
faut saluer le départ de Boubié Maïga qui, quoi qu’intervenu tardivement,
traduit tout le sens de l’honneur de l’homme. C’est tout en son honneur, même
s’il est vrai pour l’instant que l’on ne sait pas encore s’il est parti de plein
gré ou s’il a été démissionné. Quoi qu’il en soit, il est temps que le président
IBK se ressaisisse. Car en si peu de temps au pouvoir, il semble avoir conduit
le Mali dans un précipice, plutôt que d’œuvrer pour son développement.
L’implication de sa progéniture dans la gestion du pouvoir qui a été à l’origine
de la démission de son ex-Premier ministre, Tatam Ly, l’affaire des 20 milliards
de l’avion présidentiel et tout récemment, la défaite cuisante de l’armée
malienne face aux irrédentistes, sont autant da taches noires de sa
gouvernance.





Boundi OUOBA

CRISE AU NORD-MALI - Les Editions Le Pays

CRISE AU NORD-MALI - Les Editions Le Pays

Que fera-t-on de l’accord de Ouagadougou ?Publié le mercredi 28 mai
2014
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fois







Les armes se sont tues après les violents affrontements qui ont opposé
l’armée malienne à la coalition des groupes armés. On se rappelle que ces
affrontements avaient débouché sur une débâcle totale de l’armée malienne qui a
dû abandonner hommes, armes et véhicules entre les mains des combattants
touaregs. Pour limiter les dégâts, le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK)
avait ordonné à ses généraux d’observer un cessez-le-feu unilatéral et décrété
un deuil national de trois jours pour honorer la mémoire des soldats tombés sur
le champ de bataille.
De son côté, le Mouvement national de
libération de l’Azawad (MNLA) a, depuis Ouagadougou, annoncé lors d’une
conférence de presse, sa volonté de toujours aller à la paix avec Bamako par le
dialogue et le respect des engagements pris de part et d’autre. C’est d’ailleurs
dans ce sens qu’il a accepté de signer à son tour un cessez-le-feu avec l’armée
malienne.


Sur les rives du Djoliba, qui dit négociation, parle avant tout de
médiateur


Ainsi donc, on peut dire que d’un côté comme de l’autre, personne ne veut
vraiment la guerre ; chaque partie se dit disposée à retourner à la table des
négociations. Eh oui, on le sait, toutes les guerres finissent autour d’une
table de négociations. Alors pourquoi ne pas commencer par là ? Le dialogue sera
le maître-mot dans la cherche de la paix au Nord du Mali. Mais il faut retenir
que sur les rives du Djoliba, qui dit négociation, parle avant tout de
médiateur. Et tout porte à croire que c’est sur ce terrain que va se jouer la
seconde phase de la guerre au Nord-Mali. En effet, si les principaux
belligérants ont réussi en un temps record à signer un cessez-le-feu, le choix
du médiateur risque d’être un nouveau combat auquel le gouvernement de IBK va
devoir faire face. Pour le moment, en tout cas, c’est plutôt à une cacophonie
indescriptible qu’on assiste, à cause de la pléthore de ces bonnes volontés,
toutes décidées à s’investir pour ramener la paix au Mali. Sur le carnet
d’audience de IBK, il y a déjà l’Algérie, le Maroc et le Burkina, mal remercié,
mais qui se dit néanmoins toujours disposé à apporter sa contribution pour aider
un pays frère en difficulté. Et la liste n’est pas exhaustive car la Mauritanie
se sentirait bien, elle aussi, dans sa peau si on lui confiait les premiers
rôles dans cette quête de la paix. Mais pourquoi cette pléthore de
négociateurs ? Que cherchent en fin de compte, tous "ces volontaires" de la
paix ? Si officiellement il s’agit pour chaque pays d’aider à éteindre le feu
qui brûle la case du voisin, personne ne doute qu’en réalité, chaque médiateur
veut plutôt tirer profit de la situation. Les uns rêvent d’une aura de faiseur
de paix, qui leur permettrait de redorer leur blason, tandis que pour d’autres,
il s’agit d’un clin d’œil en direction de Paris pour avoir, sinon son
consentement, du moins son silence sur ce qui se passe dans leur pays en termes
de gouvernance démocratique.


Quand plusieurs personnes se disputent le droit d’assister un malade, il y a
fort à parier qu’elles y voient un quelconque gain


En fin de compte, tous ces dirigeants qui veulent aider le Mali, cherchent
plutôt avant tout à s’aider. Et dans cette cacophonie, si IBK n’y prend garde,
c’est encore le Mali qui va y laisser le peu de plumes qu’il lui reste après ce
que lui a coûté sa débâcle à Kidal. Après une défaite militaire consécutive à
une attaque hasardeuse, précipitée et mal préparée, IBK risque de faire face à
présent à une humiliation diplomatique consécutive à l’indécision et à une
mauvaise appréciation de la qualité et des intentions réelles de ces nombreux
négociateurs. Il doit savoir qu’une telle pléthore de médiateurs ne peut que
constituer une menace pour le retour de la paix dans son pays. C’est à lui de
savoir résister aux différentes pressions que lui font les uns et les autres, et
se rappeler son slogan de campagne : « le Mali d’abord ». Quand plusieurs
personnes se disputent le droit d’assister un malade, il y a fort à parier
qu’elles y voient un quelconque gain. IBK doit y réfléchir et prendre avec
courage la meilleure décision qui soit. Celle qui ne prend en compte que le seul
intérêt du peuple malien. Cette pléthore de médiateurs pose, on le sait, le
problème de confiance entre les belligérants et les médiateurs. En effet, alors
que IBK semble sensible aux arguments d’Alger, le MNLA, lui, préfère Rabat, deux
ennemis intimes qui ne peuvent se délier du Sahara occidental. Dans ces
conditions, il y a à craindre que la paix au Mali soit reléguée au second plan
par une bataille feutrée pour le leadership. Alors à qui profiterait cette
pléthore de médiateurs ? IBK a tout intérêt à répondre à cette question avant de
poser un pas devant l’autre, dans ce problème du
Nord-Mali.





Dieudonné MAKIENI

CRISE MALIENNE - Les Editions Le Pays

CRISE MALIENNE - Les Editions Le Pays

L’accord de Ouagadougou incontournablePublié le jeudi 29 mai 2014Page visitée 86 fois






L’onde de choc de la honte subie par l’armée malienne à Kidal n’est pas prête
de s’estomper. Et cela peut se comprendre car tout le Mali a été ébranlé au plan
moral, psychologique et politique par cette guerre éclair, qui a révélé au grand
jour un grave dysfonctionnement au sommet de l’Etat malien.
Le
moins que l’on puisse dire, est que le peuple malien en est sorti humilié et le
régime du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) franchement affaibli. Au plan
politique donc, logiquement, l’on s’attendait à ce que des têtes tombent.


Soumeylou Boubeye Maïga ne doit pas être le seul à supporter le
fardeau de la débâcle de l’armée malienne à Kidal



Pour le moment, c’est la seule tête du ministre de la Défense, Soumeylou
Boubeye Maïga qui est tombée. « Le redressement » nécessaire promis par le
Premier ministre, vient ainsi de connaître sa première victime. Mais s’il se
limitait au seul scalp du malheureux Boubeye Maïga, ce redressement, attendu
légitimement par les Maliens, pourrait avoir un goût d’inachevé. En effet,
Soumeylou Boubeye Maïga a beau être un gros poisson dans la mare politique
malienne et ministre en charge de la Défense au moment des faits, il ne doit pas
être le seul à supporter le fardeau de la débâcle de l’armée malienne à Kidal.
D’autres personnalités politiques doivent des comptes au peuple malien dans
cette fâcheuse guerre. La démission de Boubeye Maïga est certes une bonne chose,
car sous nos tropiques, il est rarissime de voir les bommes politiques assumer
les conséquences de leurs actes malencontreux en rendant le tablier.
Cet acte pourrait donc faire école. Mais dans le cas présent du
Mali, l’on peut déplorer que Boubeye Maïga soit le seul à honorer l’addition
amère du fiasco de l’armée à Kidal. D’autres membres du gouvernement devraient
l’y aider. A commencer par le Premier ministre dont la visite inopportune dans
le fief du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et les propos
guerriers qu’il a tenus peu avant cette visite, ont de toute évidence, contribué
à réveiller le volcan du septentrion malien.
L’on peut donc
comprendre que l’opposition exige qu’il rende le tablier car sa part de
responsabilité dans la déculottée de l’armée à Kidal est nettement plus grande
que celle de Boubeye Maïga. De ce point de vue, la démission de Moussa Mara, qui
se démène aujourd’hui comme un beau diable pour justifier l’injustifiable,
aurait été politiquement plus correcte et plus appropriée que celle de son
ministre de la Défense.


La reprise en main du dossier malien par Blaise Compaoré pourrait
donner une chance à la paix au Mali



Cela dit, une des retombées positives de cette mésaventure militaire est la
reprise des pourparlers entre les groupes armés du Nord et le gouvernement
malien, le 29 mai à Ouagadougou, sous l’égide du médiateur Blaise Compaoré.
La solution de la crise malienne par les armes, le gouvernement l’a
expérimentée à Kidal à ses dépens. Bamako est donc tenu de mettre en berne son
orgueil, surtout qu’il n’en a pas les moyens, pour ainsi faire contre mauvaise
fortune bon cœur. L’on peut donc se réjouir que les deux parties aient pris
l’engagement de se parler à Ouagadougou pour sauver ce qui peut encore l’être.
Sans préjuger des résultats auxquels aboutiront ces pourparlers inter-maliens,
l’on peut déjà dire que la rencontre de Ouagadougou constitue un pas vers la
paix au Mali. Les propos du médiateur Modibo Keita, qui représente le
gouvernement malien à Ouagadougou, permettent de croire à ces pourparlers. « Je
vais à Ouagadougou pour une prise de contact avec mes frères maliens. Je vais
leur porter le message de paix du président Ibrahim Boubacar Keita », a-t-il
dit. Le ton est visiblement à l’apaisement. D’ailleurs, l’on pourrait se poser
la question de savoir pourquoi l’accord de Ouagadougou, qui avait pourtant été
paraphé par les deux parties, sous l’égide de la communauté internationale,
avait été mis en veilleuse par les frères ennemis maliens. Son application
franche et intégrale aurait certainement permis au Mali de faire l’économie des
pertes en vies humaines qu’il a enregistrées lors de la bataille de Kidal. C’est
pourquoi, l’on peut avoir le sentiment que la reprise en main du dossier malien
par Blaise Compaoré, après les tergiversations et les louvoiements de Bamako,
pourrait donner une chance à la paix au Mali. Les pourparlers inter-maliens, où
qu’ils se tiennent, ne doivent jamais se départir de l’esprit de l’accord de
Ouagadougou, qui reste, quoi que l’on dise, incontournable dans le cheminement
du Mali vers la paix dont le pays a impérativement besoin pour sa cohésion
sociale et son
développement.


Pousdem PICKOU

Débâcle à Kidal : Un fusible nommé Boubeye

Débâcle à Kidal : Un fusible nommé Boubeye

Jeudi, 29 Mai 2014 20:49
Soumeïlou Boubeye Maïga a fini par jeter l’éponge. Après la débâcle des forces armées maliennes et les nombreuses zones d’ombre sur cette intervention, il fallait bien s’attendre à voir tomber des têtes. Cela, d’autant plus que l’on prétendait à Bamako que le président malien, Ibrahim Boubacar Kéita, n’était pas informé de l’intervention de l’armée au septentrion malien. Il aurait, paraît-il, été mis devant le fait accompli. En fait, pas grand monde ne croit à cette fable de Koulouba. Mais comme il faut bien protéger le chef suprême des armées, un petit mensonge n’est pas de trop. Et si quelqu’un devrait trinquer, ce ne serait donc pas lui.


 Le ministre de la Défense a donc démissionné, en bon fusible pour protéger l’édifice sérieusement ébranlé par la débâcle de Kidal, non sans s’être expliqué devant la commission de la Défense à l’Assemblée nationale, présidée par, devinez qui, Karim Kéita, le fils du président. Il s’agit là d’un bouc émissaire idéal, en attendant que la suite des enquêtes situe tout le monde sur la réalité de cette affaire. S’il est vrai, comme on l’entend dire, que ce sont des chefs locaux de l’armée (le général touarègue Ag Gamou est le plus indexé) qui ont osé prendre pareille initiative sans ordre express de l’état-major, à plus forte raison du ministre de la Défense et du chef suprême des armées, la restructuration de l’armée malienne est loin d’être achevée.

Reste à se demander si le seul départ de Soumeïlou Boubeye Maïga peut expier les fautes des uns et des autres, notamment du côté de Moussa Mara, le Premier ministre malien, à qui pratiquement tout le monde avait déconseillé d’aller à Kidal. Est-ce normal que lui, il reste ? C’est vrai qu’il vient de remplacer le Premier ministre Oumar Tatam Ly qui avait démissionné en février dernier, et on voit mal IBK le renvoyer déjà à ses chères études. En attendant, nonobstant la défaite au Nord, celui qui vient de quitter la Défense malienne peut se targuer d’un parcours bien rempli : tour à tour chef des services de renseignements, ministre de la Défense d’Alpha Omar Konaré et ministre des Affaires étrangères d’Amadou Toumani Touré, Soumeïlou Boubeye Maïga avait même été pressenti pour être Premier ministre du premier gouvernement d’IBK ; à Boubeye ce qui est à Boubeye, il a été un grand artisan de la normalisation du camp militaire de Kati et a contribué à diligenter les enquêtes sur les disparitions de militaires bérets rouges. L’a remplacé le colonel-major Mba Dao, un retraité de l’armée de l’air. Espérons que son expérience et son diplôme de l’Ecole de guerre de Paris pourront servir à inverser la tendance.
Issa K. Barry

Négociations : Le parrain du Mnla s’invite dans la médiation - maliweb.net

Négociations : Le parrain du Mnla s’invite dans la médiation - maliweb.net

Le président mauritanien, Mohamed Abdel Aziz, connu pour être le parrain du Mnla, se retrouve paradoxalement dans la médiation entre l’Etat malien et le même groupe terroriste. Le pompier pyromane a désormais le champ libre au Mali. Il s’est retrouvé dans cette médiation avec les bénédictions du pouvoir en place. Désemparé par les derniers évènements survenus à Kidal, IBK ne sait plus à quel Saint se vouer…

Le Président Mohamed Ould Abdel AZIZ à Bamako : "La Mauritanie est avec vous"
Le Président Mohamed Ould Abdel AZIZ et son homologue Ibrahim Boubacar Keita
En 2012, lorsque la rébellion éclatait au nord du Mali, tout le commandement (militaire) et la direction (politique) du Mnla n’ont pas mis trop de temps pour trouver des soutiens à l’extérieur. Le président de la Mauritanie, Mohamed Abdel Aziz, était de ceux-là. En effet, il apporta un appui de taille à ce groupe armé, qui, à l’époque, avait promis à la France et la Mauritanie de combattre le terrorisme dans le Sahel. «Notre combat s’inscrit dans la lutte contre AQMI et le terrorisme au Sahel. Car le pouvoir malien ne fait rien dans ce sens», c’était là, la tonalité du discours de ce mouvement armé.

Ce discours (mensonger) du Mnla était savamment distillé à l’extérieur, au moment où ATT refusait d’engager les troupes maliennes dans une guerre contre AQMI. La conviction de l’ancien chef de l’Etat malien était que «la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo saharienne devrait être globale, avec l’engagement de tous les pays de la sous région». ATT n’a jamais été entendu. Au contraire. Cette position affichée du président Touré passait difficilement à l’intérieur et à l’extérieur du pays… Dès lors, un plan de déstabilisation fut mis en œuvre entre Bamako, le nord du Mali, Paris et Nouakchott. Le Mnla établit ses quartiers à Nouakchott avec l’aval du régime mauritanien. Le mouvement est doté de moyens matériels et financiers conséquents. Ensuite, Mohamed Abdel Aziz met son appareil sécuritaire et de renseignement à la disposition de ce mouvement. Qui, en réalité, était en étroite complicité avec les terroristes d’AQMI, du Mujao et d’Ançardine. Dès lors les premières attaques ont commencé au nord du Mali. Et le territoire mauritanien était utilisé soit comme base de repli ou d’attaques de la meute lancée contre le Mali. C’est à partir de là que les localités de Diabaly (région de Ségou), Léré ou encore Balé (Nara), ont été attaquées.

De janvier à mars 2012, le Mnla a été au petit soin à Nouakchott. Les autorités maliennes étaient informées de toutes les tractations entre les terroristes et leur parrain de Nouakchott. Celui-ci pour déstabiliser  davantage le pouvoir d’ATT et le Mali va s’appuyer sur un homme politique malien, connu pour être un grand agitateur. Le chef de l’Etat malien est informé de tous les déplacements effectué dans la capitale mauritanienne par cet homme politique et les membres de la direction du Mnla…
Député à l’Assemblée nationale, cet homme politique noue des contacts avec le Mnla, par l’intermédiaire des services mauritaniens. Objectif ? Provoquer l’effondrement des institutions à Bamako. Ainsi, le parrain de Nouakchott, le Mnla, Iyad Ag Ghaly et le député étaient désormais engagés dans une insidieuse manœuvre contre le Mali et les institutions de la République. Alors que le nord s’embrasait, l’homme politique lui travaillait (avec l’aide de sa radio) à rendre ingouvernable le pays. Il contribua à mettre le camp de Kati en ébullition. Et le coup d’Etat de mars est venu couronner (à Bamako) cette déstabilisation fomentée en grande partie à partir de la capitale mauritanienne.

Il faut dire qu’entre ATT et Mohamed Abdel Aziz, le courant n’a jamais passé. Cela à cause de divergences d’ordre personnel.

C.H. Sylla    

Kidal : La défaite d’IBK - maliweb.net

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Kidal : La défaite d’IBK



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Mali: le FMI demande des comptes sur l’avion d’IBKLe pouvoir en place et les affidés du régime tentent maladroitement de trouver des boucs émissaires après la débâcle de l’armée à Kidal le 21 mai. Peine perdue. Les deux premiers responsables de ce désastre sont : le président Ibrahim Boubacar Keïta et son chef de gouvernement, Moussa Mara. A eux d’assumer !

 

Oui, qu’on dise que la cinglante défaite de l’armée constitue une grosse humiliation pour tous les Maliens. Une humiliation causée par un homme, Ibrahim Boubacar Keïta, dont la cote de popularité n’a cessé de dégringoler depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2013. Et justement, c’est dans la quête de corriger cette chute libre qu’il faut chercher  la vraie raison de la visite de Moussa Mara à Kidal. Et surtout la justification de l’assaut lancé par l’armée pour contrôler cette ville qui reste aux mains des groupes armés.



Pour le pouvoir, le calcul était simple : obtenir un double bénéfice du voyage du Premier ministre à Kidal. En effet, ce déplacement allait permettre à IBK de redorer son blason après la cascade de scandales qui ébranlent la République : affaire de l’achat d’un avion (présidentiel) et d’armements, affaire Michel Tomi… Des scandales qui ont sérieusement écorné l’image du chef de l’Etat. Ce début de mandat chaotique est illustré, par ailleurs, par une gestion patrimoniale de l’Etat avec la promotion des membres de la famille et du clan.

Il fallait vite trouver une parade. Ne dit-on pas que la meilleure manière de détourner l’attention d’un peuple désemparé, c’est de provoquer une tension ou une guerre ? Et IBK, qui a déjà joué à merveille sur le terrain du nord et qui connait le sentiment patriotique des Maliens, a envoyé Mara au charbon, alors que lui-même, depuis son accession au pouvoir, n’a pas mis le nord dans son agenda de voyages. Un agenda pourtant chargé, plus axé sur l’extérieur.



Pour sa part, le Premier ministre, par pure populisme, voulait réaliser un grand coup. Il voulait réussir là où son prédécesseur a échoué en novembre 2013. A l’époque, l’avion de l’ancien Premier ministre, Oumar Tatam Ly, n’a pu atterrir à Kidal à cause des manifestations téléguidées par le Mnla. Mais, depuis son passage à l’Assemblée nationale, Mara l’avait dit : «J’irai à Kidal… ». Et, certains proches du Premier ministre préparaient déjà les esprits à cette visite à travers la presse. Ils ne se privaient pas d’établir le lien entre l’échec d’Oumar Tatam Ly et ce qui allait être la première grande réussite de Mara : une visite historique à Kidal.



Mara est connu pour être un expert comptable. Mais les Maliens découvrent actuellement d’autres «qualités» en lui : c’est un populiste hors pair. Il n’a pas cessé d’envoyer des messages sur la toile durant cette visite mouvementée à Kidal. A quelle fin ? Au même moment, de pauvres citoyens étaient froidement abattus au gouvernorat de Kidal.



Manque de stratégie

Depuis son arrivée au pouvoir, IBK, à la place d’une vision claire de sortie de crise au nord, a multiplié les discours. «Je ne discute pas avec des gens armés …On ne me trimbale pas… » Incapable de trouver la solution idoine, entre la fermeté (promise aux Maliens) et la souplesse (exigée par les partenaires), le président Keïta ne pouvait que constater l’élargissement du fossé entre l’Etat et les groupes armés. Au double plan politique et militaire, le blocage était réel.



Le pouvoir a été incapable de mettre en œuvre une stratégie susceptible de débloquer la situation militaire à Kidal, où l’armée ne disposait que de 250 éléments. Idem pour le processus politique. Après l’accord de Ouagadougou, l’on assiste à des interventions intempestives dans le processus des négociations. IBK qui ne voulait plus de la médiation de Blaise Compaoré, mandaté par la Cedeao, a voulu confier le dossier aux frères ennemis que sont l’Algérie et le Maroc.





Cafouillage, tâtonnement, indécision

Alors, faute de solution militaire et politique, Kidal est demeurée une zone à hauts risques pour les officiels maliens. Et le pouvoir a toujours tenté de cacher la réalité qui prévalait dans cette ville. Or, l’armée et les forces de sécurité étaient confinées dans le camp N°1, les administrateurs de la région n’étaient pas libres de leurs mouvements. Alors que les mouvements armés se renforçaient en hommes et en matériel. Ils paradaient dans la cité. En toute impunité. Malgré tout, les autorités maliennes ont opté pour la politique de l’autruche jusqu’à cette visite de Mara. C’est dans ce contexte de cafouillage, de tâtonnement et d’indécision qu’est intervenu le voyage du Premier ministre.



Si Mara avait réussi son «coup», le pouvoir était prêt à en tirer les dividendes politiques. Ce qui explique l’assaut précipité de l’armée, après l’échec de la visite et les assassinats perpétrés sur d’innocents citoyens. Alors que le Premier ministre, lui-même, sauvait sa tête.

L’assaut ? Il a été précipité, irréfléchi et mal monté. Comment peut-on planifier, en seulement 72 heures, une opération militaire de grande envergure? Moussa Mara affirme aujourd’hui : «l’attaque lancée par l’armée malienne n’est pas venue de l’autorité politique». Alors, qui a donné l’ordre à l’armée ? C’est là toute la question. Quel gâchis!



C H. Sylla

Docteur Seydou Badian Kouyaté à propos de Kidal : " Les officiels français nous ont déclaré depuis 1960 qu'ils ne lâcheront jamais Tessalit…" - maliweb.net

Docteur Seydou Badian Kouyaté à propos de Kidal : " Les officiels français nous ont déclaré depuis 1960 qu'ils ne lâcheront jamais Tessalit…" - maliweb.net

Docteur Seydou Badian Kouyaté à propos de Kidal :  » Les officiels français nous ont déclaré depuis 1960 qu’ils ne lâcheront jamais Tessalit… »



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Docteur Seydou Badian Kouyaté à propos de Kidal
Docteur Seydou Badian Kouyaté


C’est un doyen  sonné  se disant à la limite  » humilié  » après la déroute de l’armée à Kidal qui a rencontré la presse à son domicile pour donner son point de vue sur les événements douloureux du 21 mai. A croire Docteur Seydou Badian Kouyaté, la crise du nord du Mali ne date  pas d’aujourd’hui. Elle remonte à la période où le pays s’appelait encore le Soudan, période au cours de laquelle, la France a commencé à convoiter le Sahara notamment Tessalit.





Pendant la loi-cadre, les autorités françaises  ont décidé subitement  de prendre possession de l’ensemble du Sahara. Ils ont imaginé une structure  nommée l’organisation commune  des régions sahariennes. Ils voulaient à travers cette structure  couper le Sahara malien, le Sahara algérien, celui du Niger et le Sahara mauritanien  » a déclaré l’ancien ministre de Modibo Kéïta,  une personnalité influente de la première République du Mali.



Seydou Badian Kouyaté de préciser que la France a décidé d’entreprendre une tournée dans les pays concernés à commencer  par le Mali. L’accueil froid qui a été réservé à la délégation française par les autorités de l’époque ne va pas tarder à avoir des conséquences pour Modibo Kéïta et ses camarades. La France  qui en avait gardé rancune a décidé de le faire payer au Mali, soutient Docteur Seydou Badian Kouyaté.



«  Les choses ont évolué lorsque nous avons décidé  de rester au sein de l’AOF. Nous avons approché nos voisins de la Haute-Volta, du Dahomey,  du Sénégal. La fédération  dont  nous nous apprêtions à poser les premières bases devait comprendre ces pays. Mais le président Houphouët Boigny  était opposé à ce projet. Finalement, la Haute-Volta et le Dahomey se sont détachés de nous. Avec le Sénégal et le Soudan nous sommes parvenus à jeter les premières fondations de cette fédération et Senghor proposa à ce qu’on l’appela fédération du Mali. Elle ne dura pas assez longtemps, car Jacques Foccart était parvenu à la faire éclater  » a précisé Seydou Badian Kouyaté.



«  Ce sont des gouvernements impérialistes qui pensent qu’il y a  des difficultés en Europe et qui veulent trouver compensation chez nous « .



Après l’éclatement de la fédération, les autorités maliennes ont dépêché à l’ONU un certain Ousmane Ba, Maitre Demba Diallo et Seydou Badian Kouyaté pour essayer  de sauver cette union entre le Soudan français et le Sénégal. Ce fut peine perdue aux dires du doyen Seydou Badian Kouyaté puisque  » l’éclatement était déjà consommé « .



C’est à l’ONU, précise-t-il, que nous avons été approchés par des officiels français qui nous ont déclaré qu’ils ne lâcheront jamais Tessalit. C’est après notre retour de New York, dit-il,  que j’ai compris que les Français vont s’accrocher au Sahara. Leurs agents présents sur le terrain avaient déjà commencé à monter  les Touareg contre nous.



L’Azawad n’existait pas. Pour certains dirigeants français «  le Sahara est collé à leur peau. Ce n’est pas seulement pour une histoire de pétrole, il doit y avoir autre chose  » a-t-il noté. Avant d’indiquer «  ce sont des gouvernements impérialistes qui pensent qu’il y a  des difficultés en Europe et qui veulent trouver compensation chez nous « .





 » Ils n’arriveront pas à dépecer le Mali  »

Docteur Seydou Badian de déplorer que «  depuis la fin de l’Union soviétique, les pays socialistes dont le Mali sont devenus orphelins. Nous sommes entre les mains de l’Occident, nous savons ce qu’ils veulent, nous résisterons, je suis l’un des derniers survivants de l’ex-union soudanaise RDA, ils n’arriveront pas à dépecer le Mali « .S’agissant du revers militaire du mercredi dernier, Seydou Badian a dénoncé la corruption qui mine l’armée, le sous-équipement des soldats maliens et le sort réservé aux avions de chasse acquis pendant la première République.



Seydou Badian Kouyaté a été formel en déclarant que c’est la France qui a réarmé le MNLA. Il dit en vouloir à certains responsables pour le rôle qu’ils  ont joué au nord du Mali et que certains continuent toujours à jouer. Et d’indiquer «  nous avons affaire à des néocolonialistes, préparons-nous pou résister « .

 

Abdoulaye DIARRA

Boubèye tourne casaque : Va-t-il atterrir avec fracas à l’opposition? - maliweb.net

Boubèye tourne casaque : Va-t-il atterrir avec fracas à l’opposition? - maliweb.net

Mamadou Awa Gassama, député URD élu à Yelimané : « Tout le monde sait qui a ordonné à l’armée d’attaquer, c’est IBK» - maliweb.net

Mamadou Awa Gassama, député URD élu à Yelimané : « Tout le monde sait qui a ordonné à l’armée d’attaquer, c’est IBK» - maliweb.net

Mamadou Awa Gassama, député URD élu à Yelimané : « Tout le monde sait qui a ordonné à l’armée d’attaquer, c’est IBK»



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Honorable Mamadou A  Gassama
Honorable Mamadou A Gassama


Le député élu  sous les couleurs du parti de la poignée de main  et membre du groupe parlementaire VRD n’est pas allé avec le dos de la gamelle  pour dénoncer la gestion  maladroite du dossier Kidal. Il s’en prend  au président  de la République qu’il accuse de fuir ses responsabilités en tant que chef suprême des armées  en déclarant n’être pas au courant de l’offensive lancée par les troupes gouvernementales contre les groupes armés qui étaient retranchées dans la ville de Kidal, il n’épargne pas non plus le premier ministre Mara qui selon lui a fait la tête dure malgré les conseils de prudence  prodigués par des fins connaisseurs du dossier.

 

Le Tjikan : Honorable, certains maliens estiment que c’est à cause de votre interpellation lors de la déclaration de politique général du gouvernement, que le premier ministre Mara a précipité son déplacement sur Kidal . Que répondez-vous à cette accusation ?

Honorable Gassama :   effectivement beaucoup le disent, mais nous, nous sommes de l’opposition, les partisans  de Soumaila Cissé, mais c’est une opposition qui n’est pas là pour entraver la bonne marche du pays. Mais nous, nous avons dit  qu’en tant qu’opposition nous ne tomberons pas  dans les erreurs qui ont donné les résultats que nous savons tous sous ATT. Dès qu’il y’a un danger qui est susceptible de menacer la république, nous allons tirer sur la sonnette d’alarme, qu’on soit écouté ou pas. S’ils font des choses salutaires, on le dira aussi. Nous avons décrié les insuffisances  de la Déclaration de Politique General. Si  j’ai bonne mémoire, j’ai dit au premier ministre : est ce que Kidal a été vendu ? Est ce que Kidal est malien ?



Le premier ministre Mara est un jeune que j’admire beaucoup, mais je me demande si ce poste n’est pas un cadeau empoisonné pour lui. Il a été à Kidal même si je ne suis pas musulman que je sois noble, je le félicite. Merci Mara ! Je remercie au passage IBK et son gouvernement pour avoir  eu le courage d’aller à la rencontre de l’administration à Kidal.



Mais, Mara a commis une erreur ; il faut le dire, car son prédécesseur a voulu faire le déplacement de Kidal, on lui a dit de rebrousser chemin, il a obtempéré. C’est vrai Mara a été à Goundam, à Tombouctou, à Gao. A Gao la Force « SERVAL », la MINUSMA lui ont conseillé de ne pas faire le déplacement, il a refusé, il est parti et on a vu le résultat. Il ya eu certes, des pertes en vie humaine, mais on a su si Kidal est malien ou pas.   A l’heure actuelle, ni le président de la république encore moins son premier ministre ne peuvent faire le déplacement de Kidal. Car on a perdu la bataille de Kidal.



Mara après son retour de Kidal a eu un huis clos avec vous que ce qui a filtré de cette entrevue ?

Honorable Gassama : Merci, avant de dire ce qui a filtré de cet hui-clos, revenons un peu sur ce déplacement. A Gao Mara a pris la décision d’aller à Kidal. On lui a déconseillé de ne pas aller. Un avion est parti l’avion n’a pas pu atterrir. Mara a insisté auprès de la MINUSMA, finalement on a mis un hélicoptère à sa disposition. Arrivé à Kidal la force onusienne lui a proposé d’inviter l’administration à son quartier général, chose qu’il a refusé, il est parti au camp où sont stationnées les forces maliennes. Ensuite au gouvernorat. C’est là bas où la goutte d’eau a débordé le vase. Quatre préfets ont été  tués. Mara s’est refugié à la MINUSMA  avant de rallier Gao. Mara est un enfant de  cœur. A Gao au cours de la conférence de presse qu’il a animé il a affirmé   que les groupes armés ont imposé la guerre au Mali. C’est une déclaration de guerre de Mara à l’endroit des groupes armés. Mara a annoncé l’envoi de 1500 soldats à Kidal, merci Mara !



Ce qui nous a surpris ce que les déclarations de Mara étaient en contradiction avec   le discours du président de la république. Le président et son premier ministre doivent parler le même langage. IBK a dit en français que le dialogue reste le seul moyen pour résoudre le différend de Kidal. Mais bizarrement en  bambara, il a dit que nos troupes qui sont entrées n’en sortiront plus. Dans un pays sérieux il ne doit pas y avoir contradiction entre le chef du gouvernement et le président de la république. Quand Mara est revenu de Gao il a rencontré tous les députés et de la majorité et de l’opposition. On lui a demandé, en hui-clos. Cela signifie quelque chose ne doit pas sortir de cet entretien. Mais quand la situation est à ce niveau, il faut que l’opinion le sache. On lui a demandé comment  la débâcle est arrivée. Il faut saluer même le courage des députés  de la majorité parce qu’ils n’ont pas été tendre avec lui. A l’unisson ont lui a posé la question comment cela est arrivé ? Est ce qu’il a préparé cette visite. En réponse il a dit que le voyage a été préparé soigneusement pendant 4 semaines.  Et que toutes les dispositions ont été prises avec le ministre de la sécurité intérieure et le ministre de la défense. Le député RPM, Mahamadou Diarassouba a même posé la question à Soumeylou Boubeye, vous avez été à Tombouctou, à Gao mais pourquoi vous avez refusé de faire le déplacement de   Kidal. Mais Boubeye n’était pas content, l’honorable Diarassouba lui a dit mais vous avez tord, « non seulement vous êtes le ministre de la défense et vous êtes de la zone où bien vous avez a été informé à l’avance du danger qui prévaut à Kidal ? » Des députés ont demandé où était le ministre de la sécurité intérieure au moment des faits. Le ministre Sada a dit qu’il voulait bien aller à Kidal mais avant il a souhaité se rendre dans d’autres localités du nord pour rencontrer les services relevant de son département.  A Gao, Mara a dit à  « SERVAL »  et à la MINUSMA qu’il ira à Kidal même si on doit amener son corps  de là bas. Boubeye nous a dit qu’il était dans le premier avion qui est parti à Kidal, mais malheureusement, l’appareil n’a pas pu atterrir car la piste a été endommagée par les groupes armés. Quand le premier ministre a été informé par Boubeye, malgré tout le premier ministre a insisté. Finalement, il est parti dans un hélicoptère de la MINUSMA. A Kidal la MINUSMA lui a dit « calme toi, reste ici nous allons appelés les représentants de l’Etat ici ». Il  a dit non, il va au camp militaire. Mara dans ses explications a prouvé que Kidal n’est pas malien. Car, il dit qu’il y a les camps n° 1 ; n°2 ; n°3 et n°4.



Le camp n°1 est occupé par la MINUSMA, le camp n°2 par SERVAL, le camp n°3 par l’armée malienne et le camp n°4 par le MNLA. Qu’on se dise la vérité, dans une ville où l’on ne peut circuler librement, est ce que cette ville nous appartient ?



Sur insistance de Mara la MINUSMA  a mobilisé une escorte avec des blindés pour l’accompagner au camp n°3, occupé par nos troupes. Apres il a insisté pour aller au gouvernorat, c’est là que la MINUSMA et SERVAL ont réagi il n’a rien voulu savoir. Il les a d’ailleurs manqué du respect en restant campé sur sa position. Le ‘’jeune’’ était décidé. Finalement la MINUSMA a accepté de donner un véhicule blindé pour le gouvernorat. Quand il est arrivé au gouvernorat les tirs ont commencé, les forces de sécurité maliennes aidées par la MINUSMA ont pu ramener Mara et sa délégation au siège de la MINUSMA. Selon Mara, il y a eu des tirs à l’arme lourde. Le MNLA  a mis ce temps à profit pour venir prendre les officiels maliens. Ils ont tué des préfets et sous –préfets. Ils ont aussi fait des prisonniers parmi eux, il y a le film. Moussa Mara est resté bloqué à Kidal .Il dit qu’il ira à Kidal au péril de sa vie, voilà le résultat. En partant il a laissé le gouverneur et ses préfets et sous préfets qui sont devenus des moutons de pâturage.  Mara est responsable de la mort des officiels et des autres, il a voulu bâtir sa popularité sur le dos de ces personnes morts. Jusqu’à présent certains n’ont pas été enterrés.

 

Le président de la République dit qu’il n’a pas donné d’ordre, idem pour le premier ministre et le ministre de la défense, qu’est ce vous en pensez ?

Honorable Gassama : d’abord Moussa Mara a bâti sa réputation sur le dos des victimes de Kidal à son arrivée, il a été accueilli comme un président de la République, il a été escorté accompagné par plusieurs personnes jusqu’à Sébeninkoro alors même que le sang de certains cadres n’ont pas séché. Si l’armée avait remporté la bataille de Kidal la question qui a donné l’ordre n’allait même pas se poser. Maintenant la cause est perdue, le président fuit ses responsabilités, histoire de nous ramener à mars 1991 où  on s’est demandé qui a tiré qui a donné l’ordre de tirer. A l’époque, le malien n’avait pas les yeux ouverts. Mais aujourd’hui tout le monde sait qui a ordonné à l’armée d’attaquer, c’est IBK. Ils ont déclenché trop tôt l’assaut, le MNLA n’est pas dupe, ils se sont par conséquent préparés. Les renforts ont quitté Bamako pour le nord dans l’indiscrétion la plus totale. Il faut que le président s’assume. Et au passage l’appareil qu’il a payé pouvait acheter des hélicoptères pour l’armée.

 

Propos recueillis par Badou S.Koba

Le professeur Obama et ses ambivalences distinguées

Le professeur Obama et ses ambivalences distinguées

Le professeur Obama et ses ambivalences distinguées

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Edito du Monde. L'élégant intellectuel qui siège à la Maison Blanche a voulu, mercredi 28 mai, répondre aux détracteurs de sa politique étrangère. En gros, ceux-là reprochent à Barack Obama d'être, sur la scène internationale, moins un acteur qu'un commentateur – très bon, d'ailleurs…

Le président avait choisi la prestigieuse académie militaire de West Point, dans l'Etat de New York, pour redonner sa vision du rôle des Etats-Unis dans le monde. Il est attaqué à la fois par une partie de la gauche démocrate et par les républicains d'obédience néoconservatrice.

Les uns et les autres lui reprochent de ne pas être assez interventionniste. Ils dénoncent sa passivité, sa réticence à user de la force, bref un attentisme dont profiteraient Chinois et Russes pour s'imposer aux dépens de l'Amérique. Cédant trop facilement à l'humeur isolationniste du pays, M. Obama présiderait ainsi au déclin des Etats-Unis sur la scène internationale. A sa manière, c'est-à-dire avec dignité.

JournalDuMali.com: Comment le Mali a perdu Kidal : le film de la bataille du 21 Mai

JournalDuMali.com: Comment le Mali a perdu Kidal : le film de la bataille du 21 Mai

Comment le Mali a perdu Kidal : le film de la bataille du 21 Mai

Par Tiékorobani/ Procès VERBAL - 27/05/2014

Sous la plume de notre confrère Tiékorobani, le déroulé des combats qui ont opposé l'armée malienne aux rebelles est saisissant. S'ils avaient pris l'avantage, les FAMA ont ensuite dû se replier...

Le samedi 17 mai 2014, le Premier Ministre Moussa Mara débarque à Kidal. Il n’ignore pas le danger auquel il s’expose. La veille, à Gao, ses services lui ont décrit l’atmosphère malsaine de Kidal, le nombre réduit des soldats maliens présents au camp n° 1 de la ville et, surtout, la volonté affichée du MNLA, le mouvement séparatiste touareg, d’empêcher toute visite gouvernementale à Kidal avant la fin des négociations entamées sous l’égide de la communauté internationale. La MINUSMA, force onusienne, et la force française Serval ne s’enthousiament pas, elles non plus, de cette visite qui pourrait ouvrir un engrenage.

Conscient du danger qui rôde à Kidal, Soumeylou Boubèye Maiga, ministre de la Défense, préfère rester à Gao au lieu d’accompagner le Premier Ministre dans la capitale des Ifoghas. Même refus des deux députés de Kidal, pourtant issus des groupes armés.

Visite risquée de Mara à Kidal
Au matin du samedi 17 mai, une foule d’agitateurs à la solde du MNLA occupe l’aéroport de Kidal, bien décidée à s’opposer à l’atterrissage de l’avion de Mara. Elle pense rééditer le coup qui a, quelques mois auparavant, contraint l’ex-Premier Ministre, Oumar Tatam Ly, de rebrousser chemin. Mara passe outre aux mises en garde. Il n’a pas, en effet, le tempérament réservé d’Oumar Tatam Ly; de plus, ancien rival politique nommé Premier Ministre au détriment du parti majoritaire, le RPM, Mara tient, davantage que son prédécesseur, à donner des gages de loyauté et d’efficacité au président IBK. Ne vient-il pas, d’ailleurs, de s’illustrer, sur les ondes nationales et devant les députés, dans la défense acharnée de l’achat du très polémique avion présidentiel ? Mara emprunte donc un hélicoptère de la MINUSMA qui, après une escale au camp n° 2 de Kidal, siège de la force onusienne, le dépose à la garnison malienne de la ville.

Vêtu d’un boubou et d’un bonnet, accompagné d’une forte escorte militaire et d’une foule de badauds qui scandent son nom, le Premier Ministre se rend au gouvernorat. Là l’attendent les administrateurs civils de la région: le colonel d’aviation Adama Kamissoko, nommé gouverneur le 2 mai 2013; les préfets et sous-préfets en grand uniforme kaki.

Le chef du gouvernement leur tient un discours martial, sous l’oeil des caméras de l’ORTM
A l’entendre, Mara n’admet pas que Kidal passe, de fait, pour une principauté étrangère: « Qu’on nous dise Kidal fait ou non partie intrégrante du Mali! ». L’allusion à la France et à la MINUSMA est manifeste: celles-ci passent pour aider le MNLA à perpétuer leur mainmise sur Kidal, en violation de toute légalité. Mara promet de remettre la région sous l’autorité de l’Etat, d’y redéployer l’administration et d’y assurer la sécurité des biens et des personnes. Comme partout au Mali.

Les premiers coups de feu éclatent alors que la réunion se poursuit.
Dehors, des combattants rebelles touaregs veulent gâcher la fête en organisant l’invasion du gouvernorat. Il faut, de toute urgence, évacuer la délégation primatoriale.

Il ferait beau voir qu’un groupe rebelle s’empare de la personne du chef du gouvernement ! Comme tout le monde ne trouve pas place dans les véhicules présents, Mara, ses ministres, ses plus proches collaborareurs et l’état-major militaire qui l’accompagne sont conduits au camp militaire malien. S’il n’a pas voulu venir au gouvernorat dans un véhicule de la MIUNUSMA, Mara rentre, en revanche, au camp malien à bord d’un engin blindé onusien. Un petit groupe de soldats maliens monte fébrilement la garde devant le gouvernorat.

Il est facilement décimé par les rebelles touaregs qui investissent l’édifice de vive force. Les 24 fonctionnaires présents dans le bâtiment sont pris en otages. Pour bien montrer leur détermination et, accessoirement, ressusciter dans le subconscient malien le terrible syndrome d’Aguelhok, les assaillants égorgent 5 représentants de l’Etat et 3 personnalités civiles.

Il s’agit de Mory Diarra, préfet de Tin-Essako; Amadou Belco Bah, préfet de Kidal; Sékou Sissouma, préfet adjoint de Tessalit; Paul-Marie Sidibé, préfet de Tinzawaten et Mahamane B. Touré, sous-préfet de Boureissa. Aghaly Ag Inamoud Yattara, préfet adjoint de Kidal, est annoncé parmi les victimes; son épouse prend les habits de deuil mais, par miracle, l’intéressé survécu: les bourreaux rebelles l’ont laissé en vie en lui rappelant qu’il était, en tant que Belha, leur esclave. Les corps des victimes sont jetées dans la rue par les tueurs, ramassées par une patrouille de la MINUSMA puis remises aux militaires maliens.

Les malheureux administrateurs sont inhumés à Kidal, en présence du gouverneur Kamissoko.

L’odieux crime suscite l’ire de la communauté internationale. Le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Mali et patron de la MINUSMA, Albert Koenders, martèle : «Ce crime barbare est totalement inacceptable et les responsables devront répondre de leurs actes. Une enquête doit être menée rapidement afin de vérifier les faits et de traduire les responsables devant la justice, la MINUSMA soutiendra tous les efforts dans ce sens ». Les 5 administrateurs civils ne sont pas les seules victimes des affrontements au gouvernorat: selon un communiqué du gouvernement, le Mali déplore 8 morts et les rebelles 28. Les chiffres réels sont-ils plus élevés ? On ne sait.

Mara tente de quitter Kidal dans la nuit.
Il n’y arrive pas : le temps orageux empêche tout mouvement de l’hélicoptère de la MINUSMA. La force onusienne lui propose de venir passer la nuit à son camp: le Premier Ministre, par accès de fierté, refuse; il préfère rester au camp malien. Ce n’est que dimanche qu’il décolle de Kidal. Il ne se prive pas, chemin faisant, de dénoncer la « passivité » des forces étrangères présentes à Kidal, affirme que le Mali est désormais « en guerre » et que « notre risposte sera à la hauteur de l’attaque » rebelle. Parle-t-il sous l’effet de la colère ou de son jeune âge (39 ans) ? Personne ne se pose la question tant son attitude plaît aux Maliens qui, dans leur immense majorité, jugent urgent d’en découdre avec la poignée de rebelles qui fait la loi à Kidal et inutile d’attendre, à cette fin, un feu vert français.

Et puis, le discours du Premier Ministre panse, ne serait-ce que superficiellement, l’honneur du Mali brisé, en 2012, par la défaite militaire et l’occupation du nord par les hordes jihado-séparatistes. Accueilli en héros à l’aéroport de Bamako-Sénou par une foule qui crie « Mara, président ! », le chef du gouvernement se rend à Sébénicoro pour rendre compte de sa mission au chef de l’Etat.

Moussa Mara désavoué par IBK
En déclarant ouvertement la guerre avant même son retour dans la capitale, le Premier Ministre se taille un instant de gloire. Cependant, il plonge le président IBK dans le plus vif embarras.

D’abord, Moussa Mara n’a pas qualité pour déclarer la guerre, ce pouvoir étant dévolu au chef de l’Etat, chef suprême des armées, par l’article Article 71 de la Constitution qui dispose : « La déclaration de guerre est autorisée par l’Assemblée Nationale réunie spécialement à cet effet. Le Président de la République en informe la Nation par un message ».

Ensuite, Mara met IBK devant le fait accompli: soit le président le suit dans son élan guerrier, auquel cas Mara en tire tout le bénéfice politique pour avoir été le catalyseur de la guerre; soit le président le désavoue, auquel cas Mara passe, dans l’opinion, pour le justicier empêché de pourfendre l’ennemi par un président faible. Limoger Mara ? Ce serait la pire chose de la part d’un président dont l’opinion fustige de plus en plus bruyamment l’attentisme. En tout état de cause, c’est Mara, et non IBK, qui sort politiquement gagnant du bras de fer où il a engagé le pays.

Des partisans du président IBK, voyant le Premier Ministre voler la vedette à leur champion, subodorent une déloyauté : « Mara a probablement un agenda personnel; IBK devrait dorénavant s’en méfier ! ». Enfin, les déclarations de Mara désobligent les officiels français et onusiens tout en bouleversant le processus de négociations repris, sur injonction de la communauté internationale, par IBK.

Comment corriger le tir ?
Le président IBK est longuement entrepris par François Hollande (avec lequel il a une conversation téléphonique d’une heure); Hélène Legal, conseillère de François Hollande dépêchée d’urgence à Bamako; Bert Koenders, chef de la MINUSMA; l’ambassadeur français à Bamako, Gilles Huberson; et l’ambassadrice américaine à Bamako, Mary Beth Leonard.

Les présidents burkinabè, Blaise Compaoré, et ivoirien, Alassane Ouattara, ne sont pas en reste. Tous pressent le chef de l’Etat malien de calmer le jeu et de ne pas s’engouffrer, malgré la gravité de l’heure, dans la voie guerrière ouverte par le Premier Ministre Moussa Mara. IBK n’a pas le choix. La mine sombre, il apparaît, dimanche soir, au petit écran. Ses paroles sont lourdes de sens. Il condamne l’assassinat des administrateurs, dénonce la prise d’otages au gouvernorat, s’engage à traduire devant la justice internationale les criminels et annonce que plus jamais, aucune délégation officielle malienne ne sera empêchée d’entrer à Kidal.

IBK n’oublie pas de louer le « patriotisme » de Moussa Mara: « Mara a l’amour de ce pays ».Mais concluant son propos, le chef de l’Etat assure que les négociations restent de mise et que le Mali se doit d’honorer sa signature apposée sur l’accord préliminaire de Ouagadougou. La morale de l’histoire ? Mara est adroitement désavoué: lui déclare la guerre, le président IBK la paix. Le désaveu infligé à Mara se traduit d’ailleurs, à Kidal, par l’interdiction faite aux troupes de s’attaquer aux rebelles.

Quand un petit détachement militaire parti chercher des denrées en ville réplique à des tirs du MNLA, il reçoit une sévère mise en garde des hauts galonnés consignés à la base malienne. Se sentant abandonné par son chef, le Premier Ministre aurait offert sa démission, laquelle aurait été refusée par IBK qui n’aimerait pas joindre à une crise militaire une crise politique: il vient à peine de perdre un premier chef du gouvernement (Oumar Tatam Ly) et se dépêtre encore difficilement du scandale né de l’achat d’un nouvel avion présidentiel.

Envoi de renforts
Le climat ne cesse pas, pour autant, de s’épaissir à Kidal. Pour ne pas se laisser prendre au dépourvu, l’armée y dépêche des renforts. Commandée par le lieutenant-colonel Oumar Sérémé, une bonne partie des 600 soldats du Groupement tactique « Balanzan » stationnés à Anéfis, issus de la quatrième promotion de formation européenne à Koulikoro, font mouvement vers Kidal. Deux vagues de bérets rouges venus du camp des parachutistes de Djikoroni les imitent: la première, forte de 300 commandos, quitte Bamako dans la nuit du dimanche 18 mai 2014, la seconde le lendemain matin.

Un contingent de bérets verts prend le départ à Kati, le même jour, pour Kidal. Déjà présents au camp n° 1 de Kidal, 200 soldats prennent position dans les alentours. D’autres forces rejoignent Kidal à partir de Gao. Pour encadrer tout ce beau monde, l’état-major opérationnel débarque au grand complet dans la capitale des Ifoghas.Parmi ces officiers qui se préparent à la guerre figurent le colonel-major Abdoulaye Coulibaly, chef d’Etat-major adjoint de l’armée de terre et chef du poste de commandement opérationnel pour tout le théâtre du nord; le général Didier Dacko, chef d’état-major général adjoint des armées; et le général Alladji Gamou, chef de l’unité « Delta », composée de combattants touaregs lourdement armés.

Mardi 20 mai 2014, la ville de Kidal déborde d’hommes en uniforme.

Les 2.000 officiers et soldats maliens bombent le torse. Contrairement à une période récente, ni la France, ni la MINUSMA ne se sont opposées à leur entrée à Kidal. De plus, le matériel de combat se trouve au rendez-vous: la garnison malienne est remplie à ras bord d’armes lourdes et de munitions. Une dizaine de BRDM, redoutables semi-blindés de fabrication russe, sont de la fête. Pour tout arranger, les renseignements militaires prêtent des effectifs squelettiques au MNLA et à ses acolytes : 250 hommes au total, soit quelque 10% des effectifs maliens.

L’offensive malienne
Mercredi 21 mai 2014, l’armée malienne déclenche les hostilités. Objectif: prendre le contrôle de la ville de Kidal et neutraliser individuellement les chefs rebelles, même ceux tapis dans les résidences privées. Le fer de lance de la grande offensive malienne ? Les commandos parachutistes (bérets rouges), chargés d’investir le gouvernorat, où sont tapis des dizaines de rebelles, et de fouiller les quartiers.

Chaque béret rouge dispose d’un kit de combat composé, entre autres, d’un bidon d’eau, d’un paquet de nourriture, de couteaux, d’un fusil d’assaut Kalachnikov et d’une cartouchère de 250 balles.

Les commandos, troupes de choc féroces, sont soutenus, à l’arrière, par des fantassins bérets verts ayant pour mission de renouveler, en cas de besoin, les munitions de combat et les provisions alimentaires; de ramasser les blessés et d’assurer l’intendance. Au niveau de la garnison malienne siège l’état-major opérationnel chargé de collecter les renseignements, de coordonner la progression des soldats et de leur donner les ordres tactiques nécessaires.

Les premiers affrontement tournent en la faveur des militaires maliens.
Encouragé par les informations en provenance du front, le gouvernement publie un communiqué confirmant la mise en oeuvre d’une « opération de sécurisation des personnes et des biens à Kidal ». Les commandos foncent sur le gouvernorat à allure régulière. Il sont accueillis par un feu nourri des occupants rebelles. Lesquels se replient vers leur base appelée « Luxembourg », située dans un quartier de Kidal et où stationne le gros des troupes et du matériel rebelles.

Vers 13 heures, le mercredi, en plein conseil des ministres, le ministre de la Sécurité, le général Sada Samaké, souffle à l’oreille du président IBK que Kidal est tombée sous le contrôle des forces maliennes et que le MNLA, en déroute, demande un cessez-le-feu immédiat. Joyeux, le chef de l’Etat annonce la bonne nouvelle. Toute l’assemblée se lève pour applaudir.

Quelques ministres font les difficiles en suggérant de refuser le cessez-le-feu et de détruire les derniers bastions rebelles au nord. Sage réplique d’IBK: « Il faut toujours accepter le cessez-le-feu et négocier quand on est en position de force ». Dans la foulée, un communiqué est préparé par le gouvernement et promis à la lecture dans la soirée: il salue la reprise de Kidal par l’armée et ordonne le cessez-le-feu. Le conseil des ministres prend fin après avoir approuvé une vague de nominations à des postes administratifs.

La défaite malienne
Deux heures plus tard, les mauvaises nouvelles commencent à tomber. Les recoupements permettent d’établir que les troupes déployées en soutien aux bérets rouges ont, les premières, pris la fuite. Ayant essuyé un déluge de feu, elles ont cru déjà morts les bérets rouges qui constituaient l’avant-garde de l’offensive. Apercevant leurs hommes en débandade, les officiers de l’état-major prennent, à leur tour, la fuite. Direction: le camp de la MINUSMA, sis à quelque 800 mètres de la garnison malienne.

A bord d’une colonne de 20 véhicules 4X4, le général Didier Dacko, le colonel-major Abdoulaye Coulibaly et autres se présentent à une telle allure devant la garnison onusienne que les casques bleus manquent de leur tirer dessus, croyant à une attaque armée. Comprenant qu’il s’agit, en réalité, de l’état-major malien en fuite, ils lui livrent précipitamment le passage.

Les officiers ainsi réfugiés sont exactement au nombre de 40, selon le compte-rendu de la MINUSMA à sa hiérarchie. Ils seront transportés par hélicoptère onusien à Gao. Quant au général Alladji Gamou, il connaît mieux le terrain que ses pairs noirs : à la tête d’une colonne de son unité spéciale, il pique à travers la brousse et rallie Anéfis. Là, il tombe nez à nez avec les renforts maliens envoyés de Kati.

Après des échanges de signaux, les deux groupes parviennent à s’identifier, font leur jonction et rejoignent ensemble Gao. L’adjoint de Gamou, le colonel Fayçal Ag Kiba,a beaucoup moins de chance: en route, seul, vers son village situé près d’Intadéni, dans la région de Kidal, il est rattrapé par ses poursuivants qui lui logent plusieurs balles dans la tête.

En vérité, les rebelles mènent une chasse aux hauts galonnés maliens dont la mort acheverait d’annihiler le moral de l’armée. Seul Fayçal y laisse la peau. Les commandos parachutistes, abadonnés à leur sort, se rendent compte trop tard de la fuite des autres troupes maliennes: ils paient le plus lourd tribut à la bataille de Kidal.

Qui commandait les rebelles ?
Les forces touarègues sont conduites, à Kidal, par Cheick Ag Haoussa, cousin d’Iyad Ag Ghali et numéro 2 du groupe islamiste Ançar Dine.Il est secondé par un ex-colonel de l’armée malienne: Assalat Ag Habbi, dont les aptitudes militaires sont connues. Autre tacticien rebelle, Haroun Ag Dawoud dirige, depuis longtemps, le camp du MNLA à Ambobar, à 7 km de Tessalit. Près d’Anéfis, un autre état-major rebelle dépend du Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA). Redoutables guerriers, les Arabes prennent le relais du MNLA et du Haut Conseil Unifié de l’Azawad (HCUA) pour prendre en chasse les soldats maliens éparpillés dans le désert. Une étroite coordination lie les différents groupes.

Le triomphe des rebelles à Kidal est dû, non à leur équipement (celui de l’armée est meilleur) mais à une plus grande ardeur au combat, à une meilleure connaissance du terrain et à une meilleure tactique.

Pour prendre à revers l’armée malienne à Kidal, les rebelles ont surgi de leur base en formation triangulaire: un premier groupe pique à gauche pour barrer la route aux bérets rouges; un second fond comme un vautour sur les bérets verts qui servent de force de soutien aux commandos; un troisième et dernier groupe rebelle fonce sur la garnison malienne où il met en fuite l’état-major. Après sa conquête, Kidal est laissée aux mains du MNLA et du HCUA: ce dernier groupe est dirigé par le patriarche des Ifoghas, Intallah Ag Attaher, dont le fils aîné, Algabass, siège à l’Assemblée nationale du Mali sous les couleurs du RPM.

Kidal conquise, les rebelles se lancent à la poursuite des soldats maliens. Leur but : conquérir des espaces susceptibles, plus tard, de garantir l’accès de leur fameux « Azawad » au fleuve Niger. Ainsi mettent-ils, en autres, la main sur Tessalit, Ménaka, Anéfis, Bourem et Ansongo. A Tessalit, ils se contentent de contrôler la ville et ne progressent pas jusqu’au camp malien, de peur d’une riposte des casques bleus tchadiens.

A Bourem, ville natale de Chato, l’ex-candidate à la présidentielle, les combattants rebelles sont priés de refluer par la force Serval qui, pour sécuriser Gao, centre névralgique des troupes françaises, dépêchent une centaine de soldats.D’Ansongo, ville riveraine du fleuve, les rebelles sont également contraints de se retirer par les troupes françaises. La panique, entre-temps, s’installe à Gao et Tombouctou: les Français doivent s’employer, par des messages radiodiffusés, pour apaiser la population et prévenir un exode général.

Des terroristes ont-ils pris part aux combats?
Selon le gouvernement malien, des groupes jihadistes d’AQMIet du MUJAO ont participé aux combats aux côtés des mouvements armés reconnus légitimes par la communbauté internationale: MNLA, MAA et HCUA. Des sources proches du pouvoir citent parmi les assaillants des terroristes d’AQMI comme Abdelkrim Al-Targui, un Touareg apparenté à Iyad Ag Ghali et chef de la katiba « Al-Ansar« ; et Abou Abdel Hakim Al-Kidali, chef de la katiba « Youssef Ibn Tachfin ».

Dans son numéro du vendredi 23 mai 2014, Jeune Afrique soutient, pour sa part, que les troupes rebelles ont reçu des renforts terroristes. Ces informations sont à prendre avec des pincettes en raison de la tendance permanente du gouvernement malien à manipuler l’opinion publique et des accointances notoires du régime d’IBK avec Jeune Afrique. S’il ne faut pas exclure l’hypothèse de renforts terroristes en provenance d’Algérie ou de Mauritanie, rien n’indique que l’on n’a pas confondu « terroristes » et « jihadistes ». En effet, de nombreux jihadistes figurent, bien avant le conflit de Kidal, dans les rangs des 3 groupes armés reconnus comme interlocuteurs par le gouvernement malien: le MNLA, le HCUA et le MNLA.

Depuis belle lurette, le HCUA a intégré dans ses rangs une bonne partie du groupe jihadiste malien Ançar Dine, le chef de ce groupe, Iyad, faisant l’objet de recherches françaises; le MNLA, pour renforcer ses effectifs, a recyclé lui aussi des jihadistes; quant au MAA, il a toujours été animé par des Arabes attachés à la charia islamique.

Le bilan des combats
Les combattants rebelles font une impressionnante moisson à Kidal. Tout le matériel de combat leur est abandonné. Il y a là des dizaines de véhicules neufs, des armes lourdes et quelque 600 mitrailleuses. Le tout est transporté à leur quartier général. Comme à l’accoutumée, les rebelles mettront, à bref délai, le feu aux BRDM capturés qu’aucun d’entre eux ne sait conduire. Le bilan humain est d’une lourdeur exceptionnelle que par pudeur, nous nous gardons de révéler. La MNINUSMA fut mise à contribution par les rebelles pour ramasser les cadavres maliens dispersés à travers la ville. En parlant de 20, puis de 30 morts, le gouvernement malien minore assurément les chiffres. 120 soldats maliens sont faits prisonniers. Répartis sur deux sites, ils sont sous la garde du MNLA et du MNLA.